Crédits toxiques : les banques participeront à l'effort national

Les collectivités locales ont arraché auprès de l'Etat une participation des banques participent au coût de sortie des emprunts toxiques contractés par les collectivités.
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Elles craignaient que cette affaire ne se résolve entre acteurs publics, mais ce ne sera pas le cas. Les collectivités locales ont obtenu gain de cause auprès de l'Etat : les banques participeront au fonds de soutien des collectivités locales ayant souscrit des emprunts structurés dits "toxiques". Dans un communiqué conjoint, les ministères de l'économie et de la décentralisation ont indiqué que "le gouvernement proposera la mise en place d'un nouveau fonds de soutien pluriannuel", afin d'apporter "une solution pérenne et globale au problème des emprunts structurés les plus sensibles, contractés dans le passé par de nombreuses collectivités locales et leurs groupements". "Ce fonds se verra doté de moyens significatifs, notamment par une contribution du secteur bancaire", ont ajouté les ministères.

Les modalités du dispositif détaillées en juillet

Les modalités du fonds ne sont pas encore arrêtées. Elles le seront "en étroite coopération avec les collectivités locales et viseront en particulier à faciliter la conclusion de transactions entre les banques et les collectivités locales ou leurs groupements, sur une base acceptable par l'ensemble des parties", indique le communiqué des ministères. "Les caractéristiques détaillées du dispositif seront précisées lors de la prochaine réunion entre l'Etat et les collectivités consacrée au Pacte de confiance et de responsabilité qui se tiendra en juillet prochain. Les mesures législatives seront proposées au Parlement à l'automne 2013", ajoutent-ils.

Un coût potentiel de 8 milliards d'euros

En cause, les 17 milliards d'euros de prêts toxiques souscrits par les collectivités, dont 9 milliards sont désormais gérés par l'Etat, depuis que ce dernier a repris en février la majeure partie de l'ancienne banque leader du marché, Dexia. Selon divers travaux réalisés par les élus ces dernières années, le coût pour rétablir les taux d'intérêts des prêts des collectivités locales à un niveau normal sera de 8 milliards d'euros au minimum, étalé sur plusieurs années. Ce, à condition que les prêts soient gérés au mieux jusqu'à extinction.

Pas intérêt à entretenir un climat tendu

Les pouvoirs publics étant doublement impliqués dans l'affaire, ils n'avaient clairement pas intérêt à entretenir un climat tendu. Concrètement, si l'Etat ne donnait pas un minimum raison aux élus, ceux-ci auraient continué à brandir la menace de l'assignation en justice, alimentant les incertitudes sur le montant des intérêts des prêts qui seront remboursés. Une situation intenable, à l'heure où l'Etat doit aller chercher de l'argent sur les marchés pour financer la Sfil, la société héritée de Dexia.

Les banques n'ont pas tout perdu

Cependant, les banques n'ont pas tout perdu dans la bataille. Elles ont pu lire dans le communiqué interministériel que le nouveau dispositif "tient compte également de la décision récente du tribunal de grande instance de Nanterre". Celle-ci obligeait Dexia à recalculer à la baisse les taux consentis au conseil général de Seine-Saint-Denis pour avoir oublié de mentionner un taux d'intérêt déterminant dans un fax, le fameux Taux effectif global (TEG), sorte de coût réel du crédit. Redoutant une ruée des collectivités locales vers les tribunaux après cette décision susceptible de faire jurisprudence, les banques ont plaidé à Bercy pour l'adoption d'une loi de validation qui annihilerait le risque du TEG pour les banques, et qui s'appliquerait également de manière rétroactive.
Sur ce point, le lobbying des banques n'a pas été infructueux. Le communiqué des ministères indique ainsi qu'il sera soumis "au Parlement une disposition législative permettant d'assurer la sécurisation juridique des contrats de prêt en cours aux collectivités locales omettant la mention formelle du taux effectif global et de mieux proportionner les conséquences d'une erreur dans le calcul de ce taux".

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Commentaires 32
à écrit le 27/06/2013 à 7:52
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Pour avoir travaillé sur ce sujet, je vous confirme que ces crédits toxiques ont été mis en place à la demande des collectivités locales, le plus souvent, car ils offraient aussi des possibilités de taux très bas. Des collectivités ont d'ailleurs gag...

à écrit le 19/06/2013 à 16:01
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Comme d habitude en France : Quand c est chaud pour les politiques, on s'arrange entre soi et les différentes parties pour éviter toutes les questions genantes ( pourquoi ces emprunts toxiques ? pourquoi des gens qui gèrent des milliards signent des ...

à écrit le 19/06/2013 à 11:37
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Les responsables notables des collectivités locales qui se sont faits bananés par leurs homologues de la banque , ont été entendus semble-t-il ! Très très nombreux dans ces planques administratives mais aucun qui ne sache ne lire un contrat financie...

à écrit le 19/06/2013 à 11:24
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ceux qui devraient payer sont les maires et autres directeurs financiers qui ont signé pour des prêts indexés sur le franc suisse et autre produit exotique. Les banques ne leur ont pas mis le couteau sous la gorge, ils ont signé en connaissance de ca...

le 19/06/2013 à 11:46
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Non, el manigance. Déjà, je vous mets au défi de comprendre les conditions générales de vente de ce que nous achetons couramment à l'heure actuelle. Deuxio, il existe des lois (pas respectées par les banques) dans lesquelles est explicité CLAIREMENT ...

le 19/06/2013 à 12:28
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Un directeur financier d'une collectivité territoriale n'est pas un professionnel ???

le 19/06/2013 à 12:59
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Le souci de complexité n'est pas propre aux banques. C'est un mal bien français. En revanche, engager une collectivité locale sur une base que l'on ne comprend pas ou mal me pose un problème.

le 19/06/2013 à 14:29
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Dans ce domaine, lorsqu'on ne comprend pas un produit on n'y souscrit pas.

le 19/06/2013 à 14:37
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@yvan. avant d'engager l'argent des autres (des contribuables), ils devraient être encore plus vigilants que pour leur argent personnel. Or, je suis persuadé qu'aucun élu local n'a pris pour acheter sa maison un prêt indexé sur le franc suisse. Pouv...

à écrit le 19/06/2013 à 9:26
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vous imaginez 2 fois de trops de collectivités et 2 millions de personnels en moins les LGV qui sont remis a TRÈS plus tard IL N 'YA PAS D 'ARGENT MA BRAVE DAME MEME CHEZ LES PAUVRES

à écrit le 19/06/2013 à 9:23
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Ceci démontre l'irresponsabilité des collectivités locales. Quand les perspectives de taux étaient favorables elles ne voulaient pas voir les risques associés à ces montages et lorsque les risques ce sont produits elles ont prétendues ne pas avoir ét...

le 19/06/2013 à 10:03
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Je pense comme vous. Avec le public, face tu perds, pile il gagne...

le 19/06/2013 à 11:49
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Et même mieux : Avec les banques, face tu perds, pile elles gagnent...

à écrit le 19/06/2013 à 8:31
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Une telle loi alors que c'est à la justice de trancher sur la validité des prêts et des taux sera t'elle contraire à la constitution ? D'autant qu'il semble qu'après une accalmie les produits toxiques fassent leur réapparition ...

le 19/06/2013 à 9:22
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Le pouvoir législatif modifierait rétroactivement des contrats pour des raisons opportunistes : le contrat demeurerait valable même si une clause substantielle est manquante. Est-ce que la nécessité publique l'emporte sur la liberté contractuelle?

le 19/06/2013 à 11:48
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Le président de l'Assemblée Nationale ne serait-il pas lui-même concerné, ayant été à la tête de la région Seine St Denis ? A la fois juge et parti, cela donne à réfléchir sur la capacité à conduire la Nation.

à écrit le 19/06/2013 à 8:28
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si certains élus on souscrit des emprunts indexés sur le Franc suisse.... Si ces gens la pouvaient avoir un peu de bon sens.... En fait contrairement à se qui a été souvent affirmé dans le monde politique, nous avons droit à une nationalisation...

à écrit le 19/06/2013 à 8:13
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@ultor : "Comment les élus ne pourraient -ils être responsables ? mais Yop, pour une raison très simple : les élus ne sont pas des professionnels de la fiance" :mdr...ils ne savent pas ce qu'ils signent alors ? c'est marrant car pour leurs emprunts p...

à écrit le 19/06/2013 à 8:01
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Faire participer à "l'effort national", pour venir au secours des collectivités locales incapables de gérer les moyens des communes? Il faudrait peut-être s'interroger pour comprendre les raisons qui ont conduit les élus à user de tels instruments fi...

à écrit le 19/06/2013 à 0:55
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Opposer les banques et l'Etat dans cette affaire n'a aucun sens : l'Etat a besoin des banques pour refinancer son enorme dette. Si les banques meurent, l'Etat meurt. C'est pour ca que l'Etat a sauve les banques avec l'argent des generations futures. ...

à écrit le 18/06/2013 à 23:20
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la réalité c' est l' incurie de tous ces notables qui signent n'importe quoi et le scandale c'est de ne pas les virer ! Et nous en avons même dans les plus hautes instances de l' Etat qui roulent des mécaniques !

à écrit le 18/06/2013 à 20:25
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Donc, les banques ne verseront rien, car, 1) elles seront renflouées par la BCE (soit ... nous) 2) l'état épongera les 9 milliards de différentiel (soit ... nous). MAGNIFIQUE socialisation des pertes !! Vive la privatisation des profits !!

à écrit le 18/06/2013 à 19:47
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Encore un petit problème en héritage. Avait-on besoin de garantir DEXIA. ? Ne fallait-il pas mieux la laisser couler ?

à écrit le 18/06/2013 à 19:25
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Ce n'était vraiment pas le moment d'étrangler nos collectivités.Nous sommes un des derniers secteurs en croissance et qui embauche en France!

le 18/06/2013 à 22:09
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avec mon argent !!!!

à écrit le 18/06/2013 à 19:12
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Les parlementaires qui sont élus, les maires qui soutiennent les parlementaires qui voteraient la disposition validant les contrats excluant le TEG participeront au VOL LEGALISE des contribuables et des collectivités. C'est une évidence,et une honte...

le 18/06/2013 à 23:42
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Si votre maire signe des contrats sans les lire ou les signe sachant qu'il n'y comprends rien ,ne votez plus pour lui .La verité c'est qu'ils ont sciemment speculé sur de montages risqués et qu'à present ils veulent en imputer la faute aux autres

le 19/06/2013 à 12:05
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Je ne vois pas comment il serait possible d'indiquer un TEG parce qu'il s'agit là de prêts à taux flottants, donc impossibles à évaluer à l'avance.

à écrit le 18/06/2013 à 19:00
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Franchement, c'est trop gentil de la part des banques..donc,on résume :ces établissement fourguent des crédits toxiques en pleine connaissance de cause aux collectivités qu'elles escroquent donc au sens pénal du terme en abusant de leur qualité de pr...

le 18/06/2013 à 21:56
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Les élus sont les premiers à se pavoiser devant leurs stades, centre culturels, piscines (...) ces batiments surdimensionnés en double voire en triple, c'est clair il font tout pour soigner leur éllectorat, toujours les premiers à couper les cordons ...

le 18/06/2013 à 23:06
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Comment les élus ne pourraient -ils être responsables ? mais Yop, pour une raison très simple : les élus ne sont pas des professionnels de la fiance" contrairement aux banquiers qui leur ont fourgué des contrats infects (notamment la fameuse clause T...

le 18/06/2013 à 23:47
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ce ne sont pas "les banques" mais essentiellement DEXIA organisme ou l'etat est present et le CA et leselus savaient bien ce qu'ils signaient Moi ,j'ai repondu souvent à des appels d'offres au nom d'une banque francaise de premier plan mais sur des b...

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