Sauf coup de théâtre de dernière minute, les actionnaires bancaires (et non bancaires) de l'Interim company de l'Initiative européenne des paiements (EPI) vont majoritairement voter, ce lundi 29 novembre, la création de la Target company et donner ainsi, le signal du lancement officiel de cette ambitieux projet visant à créer un nouveau standard européen des paiements.
Un « go » ardemment souhaité par les pouvoirs publics et les autorités européennes, y compris la banque centrale européenne, et défendu d'arrache-pied par les banques françaises. Jeudi dernier, lors la conférence annuelle de l'ACPR (autorité de contrôle prudentiel et de résolution), le gendarme des banques, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, n'a pas manqué de renouveler son soutien à ce projet privé qui mobilise une trentaine de banques européennes : « nous encourageons la décision d'un « go » qui, nous l'espérons, sera prise dans les prochains jours. La vitesse compte ici au moins autant que la substance : le système bancaire européen a, au plus, deux ans pour gagner ou perdre la partie face aux Bigtechs ».
Le verrou espagnol
Il faut reconnaître que le dernier round des négociations a été particulièrement tendu entre les parties prenantes, « en passant par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel », selon un observateur. Le principal point de rupture était l'engagement des banques espagnoles, dont certaines, déjà lourdement engagées dans des investissements monétiques, ne voyaient pas encore toute l'utilité du projet.
Ce dernier devrait, il est vrai, engager les banques dans de lourdes transformations informatiques pour faire converger les différents systèmes et protocoles européens. La compagnie permanente devrait d'ailleurs être dotée d'un capital important, de l'ordre de 1,5 milliard d'euros.
L'idée est bien de construire un vrai schéma de paiements de demain et non de coller des rustines sur l'existant. Le but étant de construire une autonomie européenne des paiements face aux géants américains Visa ou Mastercard, mais aussi face aux GAFA dont les ambitions dans les paiements ne sont plus un mystère.
« Construire un Airbus a été compliqué avec un seul acteur par pays, alors imaginez construire un Airbus des paiements avec plusieurs acteurs concurrents par pays et des niveaux de maturité des systèmes différents entre les pays », nous confiait récemment un banquier. Pour réussir un tel projet, il faut donc jouer collectif, quitte à faire des compromis et des concessions. Cela a été visiblement le cas des banques françaises, championnes de la monétique mais qui ne voulaient apparaître comme trop envahissantes.
Car, une fois lancé, le projet se veut délibérément à d'autres pays et banques européennes. C'était d'ailleurs le sens du communiqué commun, début novembre, de 7 ministres des finances de la zone euro, dont la France, invitant le plus grand nombre de banques européennes à rejoindre le projet. Le système a même vocation à être ouvert aux banques moyennes qui ne participeront pas au projet.
Visiblement, les banques espagnoles ont été convaincues, d'où le sentiment plus optimiste de ces derniers jours. Ainsi, Martina Weimert, directrice générale de l'EPI Interim Company, la structure intérimaire en charge de jeter les bases du projet, s'est montrée confiante et résolue, notamment lors du dernier Forum Cartes Bancaires CB à Paris mardi dernier.
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