Yellen prépare un peu plus les investisseurs à une nouvelle hausse des taux de la Fed

Lors d’un discours prononcé vendredi après-midi, dans le cadre du symposium de Jackson Hole, la présidente de la Réserve fédérale américaine a estimé que les arguments en faveur d’une hausse des taux s’étaient « renforcés », ces derniers mois.
Christine Lejoux
Janet Yellen, présidente de la Réserve fédérale américaine.

La Réserve fédérale américaine (Fed) s'achemine un peu plus vers un nouveau resserrement de sa politique monétaire. « A la lumière des performances solides et continues du marché du travail et des perspectives en matière d'activité économique et d'inflation, il me semble que les arguments en faveur d'une hausse des taux se sont renforcés, ces derniers mois », a indiqué Janet Yellen, la présidente de la Fed, vendredi après-midi, lors d'un discours prononcé dans le cadre du symposium annuel des banques centrales, à Jackson Hole, dans l'Ouest des Etats-Unis. Un discours qui était très attendu par les investisseurs, à l'affût de toute précision relative au calendrier de la hausse des taux d'intérêt aux Etats-Unis. Pour mémoire, le dernier relèvement des taux directeurs de la Fed date du 16 décembre 2015. L'institution les avait alors rehaussés d'un quart de point, les amenant dans une fourchette de 0,25% à 0,50%.

Il s'agissait là de la première hausse des taux de la Fed depuis neuf ans, taux que la Réserve fédérale avait maintenus à un niveau quasi nul depuis la crise financière de 2008 et la récession de 2009, afin de relancer l'économie. Celle-ci étant revue à meilleure fortune, une normalisation de la politique monétaire de la Fed fait désormais sens. Mais à un rythme progressif, afin de ne pas briser l'élan d'une croissance dont la vigueur laisse à désirer, et de ne pas déstabiliser des marchés financiers habitués depuis des années à la politique monétaire ultra-accommodante de la Réserve fédérale américaine.

Des écarts d'anticipations importants entre la Fed et les investisseurs

De fait, en juin 2013, surpris par l'annonce de la Fed d'un ralentissement prochain de ses mesures exceptionnelles de soutien à l'économie, les investisseurs avaient aussitôt procédé à des ventes massives sur les marchés actions, des devises, des matières premières et des titres de dettes souveraines. C'est dire si Janet Yellen se devait de peser ses mots, afin d'éviter pareille réaction. Surtout que les écarts entre les anticipations de hausse des taux des investisseurs et celles de la Réserve fédérale ont rarement été aussi importantes : alors que les responsables de l'institution pronostiquent deux relèvements en 2016, et trois pour 2017, la plupart des investisseurs tablent sur une seule hausse d'ici à la fin de l'année prochaine.

A la décharge de ces derniers, la Fed, qui, début 2016, semblait bien partie pour relever ses taux à quatre reprises durant l'année, avait finalement opté pour le statu quo. D'abord en raison de facteurs exogènes, comme la forte volatilité des marchés provoquée en début d'année par la chute du prix du pétrole et les craintes sur la santé de l'économie mondiale, puis, au mois de juin, par le choc du vote des Britanniques en faveur du Brexit. A cela s'étaient ajoutés des indicateurs économiques américains mi-figue mi-raisin, qui avaient également dissuadé la Réserve fédérale d'aller plus loin dans la normalisation de sa politique monétaire.

Un discours bien accueilli par les marchés

Aujourd'hui, « le FOMC (comité de politique monétaire de la Réserve fédérale) table sur une croissance modérée du PIB (Produit intérieur brut), un renforcement supplémentaire du marché du travail, et sur une inflation qui atteindra 2% [l'objectif de la Fed ; Ndlr] au cours des prochaines années. Sur la base de ces perspectives économiques, le FOMC continue de penser qu'une augmentation graduelle des taux au fil du temps est appropriée », a explicité Janet Yellen. De fait, la croissance américaine, qui s'est limitée à 1,1% au deuxième trimestre, devrait atteindre 2% sur l'année, espère la Fed, alors que l'inflation annuelle, à 0,9% selon l'indice PCE, se rapproche lentement de la cible de 2% de l'institution. Quant au taux de chômage, à 4,9%, il est tout proche du plein emploi. La présidente de la Fed s'est cependant bien gardée d'être plus précise quant au calendrier de cette hausse des taux, invoquant l'éventualité de nouveaux chocs susceptibles de remettre en cause les perspectives économiques et, partant, de nécessiter des ajustements de la politique monétaire.

Aussi, d'après les données du FedWatch de CME Group, les investisseurs évaluent à 18% seulement la probabilité d'une hausse des taux de la Fed dès la prochaine réunion de son comité de politique monétaire, les 20 et 21 septembre. Ils évaluent en revanche à 53% la probabilité d'un relèvement des taux au mois de décembre, après l'élection présidentielle américaine du 8 novembre. En tout état de cause, si les opérateurs de marché ne sont pas beaucoup plus avancés sur le « timing » de la normalisation de la politique monétaire de la Fed, le discours de Janet Yellen aura au moins eu le mérite de les rassurer sur le caractère progressif de cette normalisation :  l'Euro Stoxx 50 a clôturé vendredi sur une progression de 0,76%, à 3.010, 36 points, dans le sillage des indices américains, le Dow Jones Industrial Average avançant de 0,15%, à 18.475.46 points, vers 18h, et le Nasdaq Composite s'octroyant 0,43%, à 5.234.73 points.

Christine Lejoux

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Commentaires 6
à écrit le 27/08/2016 à 13:21
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L'espoir fait vivre !

à écrit le 27/08/2016 à 10:51
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Si c'est 0,25% de plus, ce sera le non-évènement parfait. Bref : beaucoup de bruit pour rien, et pas de quoi se prendre le chou avec çà. Sauf si on intérêt à entretenir cette agitation bidon : médias, traders, stratégistes, économistes à la noix, p...

le 27/08/2016 à 19:32
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L'argent est comme toute bonne religion qui ne respecte pas "les autres" : tout est dans la croyance.

à écrit le 27/08/2016 à 9:08
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elle veut vite se redonner un peu de marge pour pouvoir baisser les taux dans la recession qui se pointe...

à écrit le 26/08/2016 à 19:14
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Le pire Gouverneur de la Fed depuis sa création et de loin !

le 27/08/2016 à 17:29
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Y'en a eu un bon..??

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