Donald Trump opère un virage à 180 degrés dans le financement de sa campagne

Le probable candidat républicain à l’élection présidentielle américaine s’apprête à lever des fonds, et vient d’embaucher à cet effet Steven Mnuchin, patron d’un « hedge fund » et ancien de Goldman Sachs.
Christine Lejoux
Sur les quelque 51 millions de dollars levés par Donald Trump dans le cadre de sa campagne, moins de 3 millions proviennent de membres extérieurs à son comité de soutien, d'après le site opensecrets.org.

Avec Donald Trump, chaque jour apporte son lot de surprises. Mardi 3 mai, le magnat de l'immobilier, dont beaucoup ne donnaient pas cher de ses chances il n'y a pas si longtemps encore, est devenu le candidat probable du parti républicain à l'élection présidentielle américaine de novembre. Mercredi 4 mai, au lendemain de sa victoire spectaculaire à la primaire de l'Indiana, qui a conduit ses adversaires républicains Ted Cruz et John Kasich à jeter l'éponge, Donald Trump a annoncé, dans un entretien au Wall Street Journal, qu'il s'apprêtait à lever des fonds pour financer la suite de sa course à la Maison Blanche. L'homme d'affaires s'apprête ainsi à créer un fonds avec le Comité national républicain, sur le modèle du Hillary Victory Fund.

Créé en août par Hillary Clinton et le Comité national démocrate, celui-ci a levé une soixantaine de millions de dollars. Cette annonce de Donald Trump n'aurait rien d'extraordinaire si le milliardaire américain ne s'était pas jusqu'à présent vanté d'autofinancer sa campagne, se plaçant ainsi à l'abri de toute tentative d'achat d'influence par les « super PACs » (Political Action Committees), ces organisations en théorie indépendantes des équipes de campagne des candidats, et qui peuvent récolter des dons illimités auprès des entreprises, des syndicats et autres groupes d'intérêt.

Mettre un terme aux collusions entre argent et pouvoir

Arguant de son indépendance financière, Donal Trump n'a eu de cesse de se poser comme le seul candidat en mesure de secouer « l'establishment » de Washington, de mettre un terme aux collusions entre argent et pouvoir. De fait, sur les quelque 51 millions de dollars levés par Donald Trump dans le cadre de sa campagne, moins de 3 millions proviennent de membres extérieurs à son comité de soutien, d'après le site opensecrets.org. Pour Ted Cruz, en revanche, les 63,4 millions de dollars engrangés auprès d'organismes extérieurs ne sont pas loin de faire jeu égal avec les 78,5 millions levés dans le cadre de son comité de soutien. Idem pour John Kasich, avec 12,8 millions de dollars provenant de donateurs externes, sur la trentaine de millions levés par le gouverneur de l'Ohio.

Pour le journaliste américain et présentateur de News One Now Roland Martins, "il était évident que Trump n'allait JAMAIS financer sa campagne seul", reprenant sur Twitter une information d'un journaliste de MSNBC selon laquelle le candidat républicain s'apprête à lever 1 milliard de dollars.

De la même façon, grâce aux 76 millions de dollars émanant d'organisations extérieures à son comité de campagne, telles que le super PAC Priorities USA, la démocrate Hillary Clinton revendique un total de 256,4 millions d'euros de financements. Un montant cinq fois supérieur à celui dont peut se targuer Donald Trump.  Or ce dernier a réalisé qu'il lui faudrait mettre sur la table plus d'un milliard de dollars pour aller jusqu'au bout de la course à la Maison Blanche. Une somme énorme, même pour quelqu'un qui prétend peser 10 milliards de dollars mais dont l'agence Bloomberg évalue la fortune à 2,9 milliards « seulement. » Dès lors, dans une interview donnée mercredi à MSNBC, Donald Trump ne s'est pas privé de trouver « formidable » Ed Rollins, le tout nouveau co-président de Great America, le super PAC qui roule pour le candidat républicain.

 La charge de Trump contre les hedge funds

Cerise sur le gâteau, Donald Trump vient de nommer comme directeur financier de sa campagne Steven Mnuchin, un ancien associé de la célèbre banque d'affaires Goldman Sachs, aujourd'hui patron du « hedge fund » Dune Capital Management. Alors que le magnat de l'immobilier n'avait jusqu'à présent pas de mots assez durs contre les fonds d'investissement spéculatifs, qui bénéficient selon lui d'une fiscalité trop avantageuse par rapport à celle du commun des mortels. Cet argumentaire populiste a fait les affaires de Donald Trump sur le plan électoral, mais devient encombrant maintenant qu'il s'agit de trouver des capitaux.

Car s'il y a un secteur d'activité qui contribue au financement des candidats à la présidentielle américaine, c'est bien la finance. Or, avec ses propos virulents contre les hedge funds et un programme économique « du niveau maternelle », selon le gérant de fonds Stanley Druckenmiller, Donald Trump s'est mis à dos une bonne partie de Wall Street. Au point qu'un font anti-Trump s'y est constitué, emmené par Paul Singer, le fondateur du hedge fund Elliott Management. Autant dire que Steven Mnuchin va avoir du pain sur la planche, en tentant de rallier ses confrères à la cause du candidat républicain.

Christine Lejoux

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Commentaires 6
à écrit le 11/05/2016 à 18:00
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Pour financer des campagnes est-ce des pains de campagne ou des batailles de mots? Si on publie que Rome est une civilisation qui a décliné, mais en réalité on ne sait si c’est par le mot social ou le mot libéral ou bien le mot étatisme ou l’ensembl...

à écrit le 11/05/2016 à 17:42
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Pour le financement des campagnes, une idée en l'air type main invisible et discrètee, aurons-nous Monument Alley avec des criées le ding ding de la bourse des mots ? Si on publie qu’il faudrait proposer à la bce une impression monétaire, aurons-nous...

à écrit le 10/05/2016 à 22:41
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Un jour mon prince viendra... fait-on des belles endormies? En imaginant que les citoyens puissent payer avec leur propre monnaie en concurrence avec l’euro, aurons-nous un jour d’Indépendance si on peut payer en monnaies x, y, z ou en Trump comme de...

à écrit le 09/05/2016 à 9:06
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Encore un 'mon ennemi c'est la finance' à la sauce Américaine. On a déjà donné en France sur le sujet!

à écrit le 09/05/2016 à 8:48
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"dont beaucoup ne donnaient pas cher de ses chances il n'y a pas si longtemps encore" ha bon

le 09/05/2016 à 15:24
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Tout à fait. En juin dernier, lorsqu'une dizaine de candidats aux primaires étaient en ligne, Trump était donné pour 1% des voix républicaines pour les primaires, loin derrière Bush qui pouvait espérer 20% de voix. Mais de toute évidence, ce "beau...

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