Hong Kong ouvre le marché aux cryptomonnaies, pour redorer son statut de place financière mondiale

La cité-Etat voisine de la Chine a annoncé qu’elle allait assouplir les règles pour les détenteurs d’actifs numériques. Elle va permettre aux particuliers d’investir dans les cryptomonnaies sans être obligés de passer par quelques plateformes autorisées. Cet assouplissement a notamment pour but de rapatrier les investisseurs du monde entier à l’heure où de nombreux pays font la chasse aux cryptos.
Les particuliers hongkongais vont de nouveau pouvoir acheter des cryptomonnaies via la plateforme de leur choix.
Les particuliers hongkongais vont de nouveau pouvoir acheter des cryptomonnaies via la plateforme de leur choix. (Crédits : DR)

La capitale financière asiatique souhaite faire table rase du passé et séduire à nouveau les investisseurs du monde entier. Pour cela, Hong Kong a décidé de miser sur les cryptomonnaies. Alors que Hong Kong restreignait jusqu'à présent les échanges de cryptomonnaies aux clients dont les portefeuilles pesaient au moins 8 millions de dollars hongkongais (950.000 euros), le régime d'autorisation s'apprête à changer.

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Depuis le 1er juin, un nouveau dispositif réglementaire est entré en vigueur. Il élargit l'autorisation aux investisseurs particuliers de Hong Kong, permettant à bien plus d'habitants ordinaires d'investir dans les cryptomonnaies et les actifs virtuels s'échangeant sur un réseau d'ordinateurs indépendants appelé blockchain.

« Malgré les risques potentiels, les actifs virtuels ont une valeur fondamentale », a déclaré à l'AFP Christopher Hui, secrétaire au Trésor de Hong Kong. « Pour que ces éléments positifs puissent être exploités, ces activités doivent être autorisées de manière réglementée ».

Jusqu'à présent, ils se trouvaient réduits à quelques plateformes d'échanges opérant à l'étranger, telles que Binance ou Coinbase, ou à des points de vente physique qui proposaient d'acheter et de vendre des jetons contre de l'argent liquide.

Attirer les financiers

Avec cette nouvelle réglementation, les autorités espèrent relancer l'économie du hub financier asiatique, récemment ébranlée par les manifestations pro-démocratie massives de 2019 et les restrictions sanitaires liées à la pandémie de Covid-19. Surtout, les observateurs estiment que Hong Kong deviendra un point de passage obligé pour les investisseurs de Chine continentale, où les cryptomonnaies sont pratiquement interdites. Depuis novembre 2021, il est illégal de réaliser une transaction en cryptomonnaies dans le pays. Les Chinois voulant obtenir ce type d'actifs devront donc se rendre à Hong Kong pour réaliser leurs transactions.

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En assouplissant les règles liées à ce marché, les régulateurs espèrent également attirer les entreprises, mais ont toutefois assuré que des mesures de protection seront instaurées. « Il y a une reconnaissance explicite du fait que ces produits font de plus en plus partie de notre économie », souligne à l'AFP Giuliano Castelleno, professeur de droit à l'Université de Hong Kong.

L'Europe et les Etats-Unis de moins en moins favorables aux cryptos-actifs

Le timing est particulièrement bien choisi pour Hong-Kong puisqu'au moment de cette annonce, de nombreux pays occidentaux décident à l'inverse de freiner la spéculation dans ces actifs. Encouragé par les régulateurs français, le géant Binance a annoncé le 31 mai qu'il interdirait, à partir de 26 juin prochain toute transaction en cryptomonnaies confidentielles en France. Ainsi, la plateforme bannit les Monero, Z-cash, Dash et autres actifs promettant un anonymat renforcé, et ce, pour éviter le blanchiment d'argent et les transactions illégales.

Outre-Manche, les autorités sont aussi de plus en plus sévères vis-à-vis de ces actifs très spéculatifs. Dans un rapport sévère pour le secteur, la commission du Trésor du Parlement britannique a affirmé le 16 mai que les investissements en cryptomonnaies devraient être régulés comme les gains des jeux d'argent. « Les cryptomonnaies non adossées à des actifs », comme le bitcoin ou l'ether, les deux plus grandes du marché, « n'ont aucune valeur intrinsèque, et la volatilité de leurs prix exposent les consommateurs à des pertes ou des gains marqués, sans pour autant avoir d'utilité sociale », a taclé la Commission.

« Ces caractéristiques ressemblent plus à celles de paris qu'à un service financier » et réguler les investissements de particuliers comme un marché traditionnel risquerait de « laisser à penser aux consommateurs que l'activité est plus sûre qu'elle ne l'est », craint-elle. Dopé par l'appétit de petits investisseurs pendant les longs confinements débutés en 2020, le marché des cryptomonnaies avait atteint une taille d'environ 3.000 milliards de dollars à son apogée fin 2021, mais est tombé en flèche en 2022 et évolue actuellement à un peu plus de 1.100 milliards de dollars.

Mais c'est surtout aux Etats-Unis que la guerre contre les professionnels des actifs s'échangeant sur une blockchain est déclarée. Des milliers d'acteurs de l'industrie des crypto-actifs auraient d'ailleurs déjà quitté les Etats-Unis en raison de l'attitude « ouvertement négative » des régulateurs américains à l'égard des monnaies virtuelles, affirmait en mai, Peter Smith, le PDG de la plateforme d'échange d'actifs Blockchain lors d'un forum économique au Qatar. Les déboires survenus ces derniers mois, dont les faillites de banques et de plateformes comme FTX, ont secoué le monde des cryptomonnaies et relancé le débat sur sa régulation. Les acteurs du secteur reprochent à Washington une régulation opaque en l'absence de législation dédiée. L'attitude « ouvertement négative » des autorités de régulation américaines a poussé des « milliers de personnes incroyablement talentueuses à quitter les Etats-Unis pour s'installer ailleurs cette année », a déclaré Peter Smith.

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Ces professionnels se rendent vers d'autres destinations « plus constructives », a-t-il insisté, citant la France, le Portugal, les Emirats arabes unis, Singapour, Hong Kong ou le Royaume-Uni. La capitale financière d'Asie du Sud souhaite donc à présent profiter de ces mouvements de capitaux pour attirer les adeptes des cryptomonnaies sur son territoire.

(Avec AFP)

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Commentaires 2
à écrit le 03/06/2023 à 23:08
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Et qu'en est-il des législations, us et coutumes des autorités financières mexicaines, à l'égard des monnaies virtuelles?

à écrit le 02/06/2023 à 16:03
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Hong Kong, c'est la Chine. Méfiance!

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