Le champion du paiement fractionné Affirm prépare son entrée au Nasdaq

La valorisation est estimée entre 5 et 10 milliards de dollars, pour un chiffre d'affaires de 510 millions de dollars lors de son dernier exercice. Cette entrée en Bourse pourrait inciter d'autres fintechs à tenter la Bourse.
Le  modèle buy now, pay after de la fintech Affirm a su séduire plus de six millions de clients aux Etats-Unis.
Le modèle "buy now, pay after" de la fintech Affirm a su séduire plus de six millions de clients aux Etats-Unis. (Crédits : DR)

Une nouvelle licorne va faire son apparition à Wall Street. La fintech Affirm, lancée en 2012 par le co-fondateur de PayPal, Max Levchin, a discrètement déposé, jeudi, auprès de la SEC (autorité boursière américaine) son prospectus d'introduction en Bourse pour être coté au Nasdaq. Spécialisée dans le paiement fractionné, la société a su se faire une place dans le paysage du paiement grâce à son option «acheter maintenant, payez plus tard ».

Un service qui a particulièrement séduit ces derniers mois en pleine crise sanitaire : les jeunes consommateurs américains ont en effet multiplié les achats en ligne pour s'équiper en biens mobiliers, parfois onéreux. C'est notamment le cas dans le domaine du fitness, un marché sur lequel Affirm a multiplié les partenariats, comme avec les vélos connectés in-door Peloton, qui font fureur aux Etats-Unis.

Folles valorisations

Cette décision d'entrer en Bourse intervient deux mois après une dernière levée de fonds, d'un montant de 500 millions de dollars, portant le montant des capitaux levés à 1,3 milliard de dollars. Cette opération aurait valorisé Affirm autour de 5 milliards de dollars, soit dix fois son chiffre d'affaires. Une valorisation cependant non confirmée par la société. Mais, selon Wall Street Journal, sa valorisation boursière pourrait atteindre...10 milliards de dollars. Soit une capitalisation supérieure à certaines grandes banques européennes !

Une autre fintech, assez proche d'Affirm dans son business model, la société suédoise Klarna, avait levé en septembre 650 millions de dollars, une opération qui avait propulsé sa valorisation à dix milliards de dollars. La réussite de l'opération d'Affirm pourrait d'ailleurs inciter la fintech suédoise à accélérer une prochaine mise en Bourse.

Une stratégie de rupture

Affirm fait partie de ces acteurs qui ont créé une profonde rupture dans le domaine des paiements, à la faveur de la révolution du mobile et de l'explosion du e-commerce. C'est dans l'utilisation des nouvelles technologies pour traiter et gérer les paiements que ces fintechs ont su faire la différence.

Dès l'origine, Affirm a développé des algorithmes permettant d'identifier les clients à partir de leur mobile ou des réseaux sociaux, afin non seulement de leur simplifier au maximum l'acte d'achat mais, surtout, pour mieux maitriser les risques d'impayés. C'est ce qui a permis à la fintech de créer un crédit instantané, avec un scoring automatique, sur lequel va s'appuyer toute sa stratégie de « buy now, pay later ».

Concrètement, un client achète un produit qui est immédiatement financé par Affirm. Ce dernier règle immédiatement le commerçant et se fait rembourser par le client sur 3 à 24 mois. L'avantage pour le commerçant est multiple : pas de risque d'impayés, ventes encaissées, augmentation de la valeur moyenne du panier, augmentation du taux d'achat en ligne, notamment auprès de la cible convoitée des consommateurs « impulsifs ». Et, ce qui fait la force d'Affirm, cette solution est proposée à la fois en ligne mais également en points de vente.

Une forte dynamique de croissance

Selon les documents déposés à la SEC, Affirm revendique 6,2 millions d'utilisateurs (soit un nombre multiplié par deux en un an) et 6.500 commerçants partenaires pour un chiffre d'affaires de 510 millions de dollars sur l'exercice clos au 30 juin, en croissance de... 93%. La moitié du chiffre d'affaires provient des commissions auprès des commerçants et un gros tiers (36%) des intérêts perçus sur le crédit.

La perte nette, sur le dernier trimestre, a été réduite de moitié à 15 millions de dollars. Les documents indiquent une certaine efficience des algorithmes d'Affirm avec un taux de perte sur les crédits en fort recul : 1,5% en janvier 2020 contre 4,5% en janvier 2018. Toutefois, le montant des provisions au troisième 2020 a grimpé de 62% à 40 millions de dollars, reflet de la croissance de l'activité, soit 23% des revenus nets (contre 28% un an plus tôt).

D'autres fintechs dans le pipe

Affirm sera la deuxième fintech à entrer en Bourse cette année. L'assurtech Lemonade a brillamment réussi son introduction à Wall Street en juillet dernier, avec un cours qui avait grimpé de plus de 140% le premier jour de cotation. Le cours de l'action reste toujours deux fois supérieurs à celui de son introduction.

D'autres candidats seraient en lice, comme Robinhood, le courtier digital qui a su attirer les jeunes américains vers l'épargne. Son modèle sans commissions et sur mobile a profondément transformé le marché du courtage en ligne. Il est désormais devenu la norme, y compris pour les acteurs historiques.

La néobanque Chime aux Etats-Unis serait également sur la rampe de lancement. Elle pourrait notamment profiter de sa popularité acquise pendant la crise du Covid-19 en proposant des services innovants, notamment une avance sur les aides fédérales. Ces introductions risquent à terme de faire de l'ombre aux grandes banques ou assureurs cotés, fortement étrillés en Bourse, compte tenu de modèles de moins en moins rentables.

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