Le coup de pouce de la BCE pour prolonger le crédit bancaire

Avec cette nouvelle disposition, les fonds propres des 114 banques surveillées pourraient se réduire de 70 milliards d'euros, sans que cela ne viennent pourtant dégrader leur ratio. Les gardiens de l'euro veulent que les banques continuent à prêter de l'argent aux ménages et aux entreprises.
L'institution a annoncé vendredi la prolongation de neuf mois d'une exemption règlementaire accordée aux établissements bancaires pour faciliter l'octroi de crédit, invoquant des circonstances exceptionnelles.
L'institution a annoncé vendredi la prolongation de neuf mois d'une exemption règlementaire accordée aux établissements bancaires pour faciliter l'octroi de crédit, invoquant des "circonstances exceptionnelles". (Crédits : Kai Pfaffenbach)

Ni inquiète sur l'inflation, ni dans la perspective de réduire son intervention sur son programme de rachat de dettes des Etats, la Banque centrale européenne (BCE) se montre aussi conciliante auprès des banques. L'institution a annoncé vendredi la prolongation de neuf mois d'une exemption réglementaire accordée aux établissements bancaires pour faciliter l'octroi de crédit, invoquant des "circonstances exceptionnelles" liées à la pandémie de Covid-19.

D'ordinaire, les 114 grandes banques sous la surveillance de la BCE doivent attester de leur capacité à absorber des pertes éventuelles. Mais, depuis septembre 2020, en pleine crise Covid-19 qui a multiplié les prêts aux entreprises, notamment en France avec le PGE, les grandes banques ont l'autorisation d'exclure les réserves confiées à la Banque centrale dans le calcul du ratio de levier. Celui-ci rapporte les capitaux à l'ensemble du bilan pour mesurer la solvabilité.

Alors qu'il devait au départ expirer fin juin 2021, la BCE a décidé de prolonger jusqu'en mars 2022 cette disposition comptable. L'institut justifie cette décision "alors que les circonstances macroéconomiques exceptionnelles dues à la pandémie du Covid-19 se poursuivent", selon un communiqué.

Eviter l'exposition aux risques

Le dit ratio doit afficher un score de 3% au minimum, qui a été fixé en réponse à la dernière grande crise financière causée par une exposition excessive des banques aux risques.

Sur la base des données disponibles à fin décembre 2020, le retraitement accordé par la BCE "augmenterait le ratio de levier global en moyenne de 0,5 point de pourcentage", poursuit le communiqué.

Il en ressort que les fonds propres des 114 banques surveillées pourraient se réduire au plus de 70 milliards d'euros sans que leur ratio de levier ne se dégrade.

Les gardiens de l'euro veulent que les banques continuent à prêter de l'argent aux ménages et aux entreprises, et qu'elles acceptent certaines pertes sur leurs portefeuilles de crédit en ces temps de pandémie.

A l'inverse de la Fed

L'institut monétaire agit à l'inverse de la Banque centrale américaine qui a elle pris acte de l'amélioration de l'économie en mars pour ne pas reconduire pareille mesure d'allègement réglementaire sur les réserves des banques américaines.

Cela illustre le rôle primordial du crédit bancaire en zone euro pour financer l'économie par rapport aux Etats-Unis où cela se passe surtout sur les marchés de capitaux.

En parallèle de l'aide aux banques, face à l'impact du Covid-19, la BCE a lancé en 2020 un plan d'urgence pandémie (Pandemic Emergency Purchase Programme, PEPP) de 1.850 milliards d'euros destinée à acheter des dettes sur les marchés. Plus de la moitié de la somme est déjà utilisée, et la BCE a prévu d'y avoir recours au moins jusqu'en mars 2022.

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Commentaire 1
à écrit le 18/06/2021 à 21:24
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