Les fintech peuvent aider la finance à réussir sa transformation digitale

Le 24 novembre, le pôle de compétitivité Finance Innovation a labellisé 44 startups spécialisées dans les technologies financières. Un label qui doit leur permettre de nouer des relations avec de grands acteurs traditionnels de la finance.
Christine Lejoux
Liva, le bracelet qui contient les données d'identité et de santé de son porteur.

Les fintech avaient déjà eu les honneurs de Bercy le 23 mars, lors du « Lundigital » organisé par le ministère de l'Economie. Rebelote le 24 novembre : c'est à Bercy que 44 startups spécialisées dans les technologies financières ont été labellisées par Finance Innovation, l'un des 71 pôles de compétitivité reconnus par l'Etat. Présidé par l'économiste Jean-Hervé Lorenzi, Finance Innovation avait lancé un appel à projet national, le 22 janvier, afin d'identifier les jeunes pousses les plus à même de permettre à la finance française de relever les défis des cinq ou dix prochaines années, au premier rang desquels figure la révolution numérique. Et ce qu'il s'agisse des secteurs de la banque, de l'assurance ou de la gestion d'actifs, entre autres.

« Des centaines de projets nous ont été soumis, preuve que la France garde une grande capacité d'innovation dans le domaine de la finance, à l'heure où nous nous inquiétons de voir la place financière de Paris supplantée par sa voisine d'Outre-Manche »,

a déclaré Jean-Hervé Lorenzi. Pour qui les fintech ne présentent cependant d'intérêt que dans la mesure où elles trouvent des débouchés auprès de grands acteurs de la finance.

Bâtir un écosystème financier

L'obtention du label du pôle Finance Innovation a justement pour but de favoriser la visibilité des startups, tant sur le marché français qu'à l'international, de faciliter leur recherche de financements publics ou privés, et de les aider à nouer des relations commerciales avec de grandes entreprises. L'idée étant « de casser les silos, de créer un écosystème, comme la Silicon Valley sait le faire », a martelé Bernard Gainnier, président de la filière Métiers du chiffre et de conseil du pôle Finance Innovation. Ce dernier en veut pour preuve la structuration d'une filière d'oncologie dans la région de Marseille, où centre de recherches, incubateurs de startups, grands groupes pharmaceutiques et étudiants travaillent aujourd'hui ensemble, ce qui était loin d'être systématique il y a encore deux ans.

« Les données (des clients) et le savoir-faire des métiers se trouvent chez les acteurs existants de la finance. Mais l'agilité et les idées innovantes se trouvent au sein des startups. Fintech et acteurs traditionnels des services financiers doivent donc coopérer, afin de permettre à la France de conquérir de nouveaux marchés à l'international », a renchéri Marie Ekeland, co-présidente de l'association France Digitale.

Des solutions de financement complémentaires de celles des banques

De fait, ce n'est pas aux banques mais à un acteur financier alternatif que la société Cafés Legal a dû son salut, il y a quelques années. Alors en procédure de sauvegarde, le troisième torréfacteur français n'avait plus accès au crédit bancaire, au moment même où il lui fallait investir dans son outil de production pour ne pas louper le coche de Nespresso et autres machines à dosettes. C'est à ce moment que la route des Cafés Legal a croisé celle de Chetwode, une société de gestion spécialisée dans le « sale and lease back. » Une technique qui a permis au torréfacteur d'engranger près de 3 millions d'euros de liquidités en cédant une partie de son matériel de production à une société ad hoc, matériel dont Cafés Legal a gardé l'utilisation en contrepartie du versement d'un loyer.

« Les entreprises industrielles éprouvent d'importants besoins de financement, pour maintenir leur outil de production et développer leurs activités commerciales. Or le crédit bancaire est présent mais ne suffit pas. Nous voulons donc faire du sale and lease back un outil de gestion financière pour les PME et les ETI. Cela leur permet de retrouver des marges de manœuvre financière, grâce à l'estimation que nous faisons de la valeur de leurs équipements industriels »,

souligne Jean-Baptiste Magnen, président de Chetwode, qui fait partie des 44 fintech labellisées le 24 novembre par le pôle Finance Innovation.

Les fintech transforment tous les métiers de l'assurance

Un label décerné en fonction de la crédibilité des projets des fintech, de leur caractère réellement innovant, et de leur capacité à répondre à une problématique stratégique du secteur financier. Des qualités remplies par My QR Code Vital, une startup qui fabrique un bijou - un bracelet, en l'occurrence - sur lequel est gravé un QR code. Lequel, une fois flashé, permet de connaître l'identité de son porteur et ses données de santé, comme ses allergies, ses pathologies et la marche à suivre en cas de problème.

Victoria Benhaim, fondatrice de My QR Code Vital, n'a en effet jamais oublié ce jour où, alors qu'elle se trouvait dans une boulangerie avec sa grande sœur, le cou de son aînée s'est mis subitement à enfler. « Je savais que ma sœur était allergique au latex et qu'il fallait lui sonner un antihistaminique. Mais que serait-il arrivé si je n'avais pas été là ? », s'interroge la jeune femme. Dont la fintech a reçu ce 24 novembre un prix spécial, le « Coup de cœur des assureurs. » « Tous les métiers de l'assurance sont en train d'être transformés par les fintech, qui nous permettent d'élargir notre palette de prestations », a reconnu Antoine Lissowski, directeur général adjoint de CNP Assurance. Nul doute que My QR Code Vital n'a pas quitté Bercy sans propositions de partenariats de la part des grands noms de l'assurance.

Christine Lejoux

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