Bruit de bottes à la frontière de l'Ukraine et une tendance baissière qui se confirme à Wall Street ont fait plonger les Bourses européennes ce lundi. La correction est sévère : le CAC 40 dévisse de 4,4% en pour franchir allègrement à la baisse les 6.800 points.
L'indice phare de Paris a même franchi successivement dans la journée trois seuils, 7.000 points, 6.900 points et enfin 6.800 points. Et ce sont logiquement les valeurs les plus cycliques et les valeurs Tech qui ont le plus souffert, comme Saint-Gobain, Stellantis ou Worldline.
Même ampleur de baisse en Allemagne, en Espagne, et au final, l'indice des 600 plus grosses capitalisations européennes, le Stoxx 600, cède près de 4%. Les places européennes avaient mal débuté la journée alors les signes les plus alarmistes se multiplient sur le front ukrainien mais elles rapidement creusé leurs pertes à l'ouverture des marchés américaines, de nouveau en forte baisse, dans la foulée d'un « vendredi noir ». A mi-séance, le S&P 500 recule de 2,4% et le Nasdaq poursuit sa descente aux enfers (-3%).
Vent de panique à Wall Street
Après une fin d'année 2021 en fanfare, l'heure de la consolidation, maintes fois annoncée l'an dernier, et toujours repoussée (sauf en novembre) est semble-t-il arrivée ? La question que se posent les investisseurs aujourd'hui est simple : sommes-nous, ou non, entrés dans une spirale baissière ? Les indicateurs techniques de marché ne sont guère optimistes. Déjà, le Nasdaq a cassé sa moyenne mobile à 200 jours et accuse une baisse de près de 15% par rapport à son pic de novembre dernier.
Aux Etats-Unis, un petit vent de panique commence à souffler. L'accélération attendue du resserrement monétaire de la Réserve fédérale (quatre hausses de taux anticipées en 2022) et des premières publications de résultats d'entreprises inquiètent et provoquent un flux de vente et des paris - assez traditionnels en début d'année- baissiers assez forts.
Le désamour sur certaines valeurs technologiques, notamment celles qui ne gagnent pas assez d'argent, n'arrangent rien, comme en témoigne le brutal plongeon vendredi de Netflix sur des gains d'abonnés plus faibles que prévu. De quoi alimenter les craintes de « bulles » sur le secteur de la technologie, souvent avancées depuis deux ans.
Ajustement du marché
Pour autant, tous les analystes ne broient pas du noir. Certains voient dans cette consolidation un simple ajustement du marché à la fin de « l'argent gratuit » assuré jusqu'ici par les banques centrales, et la Fed en premier lieu. Chacun sait que les liquidités abondantes injectées par la Fed ont permis de gonfler quelque peu artificiellement quelques classes d'actifs, comme les valeurs technologiques ou bien les SPACs.
Les tensions géopolitiques entre les Etats-Unis et la Chine et le conflit entre l'Ukraine et la Russie donnent également un ton plus pessimiste, qui encourage les prises de profits après une année 2021 exceptionnelle. En revanche, les marchés de taux connaissent une certaine accalmie, avec un bon du Trésor américain à 10 ans qui reste relativement stable autour de 1,7%. Pour une fois donc, ce sont les investisseurs dans les marchés de crédit qui gardent la tête froide et les investisseurs actions qui se font peur.
De fait, cette chute des actions, finalement assez traditionnelle dans la vie des marchés, devrait en revanche déstabiliser les nouveaux actionnaires individuels qui n'ont connu que des mouvements de hausse. Jusqu'ici, ces derniers étaient plutôt un facteur de soutien des indices mais ils pourraient jouer un effet inverse si la tendance baissière devait se poursuivre.
Toutefois, les stratégistes s'accrochent aux fondamentaux de la croissance économique pour espérer un retour à un environnement plus serein.
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