Intesa rachète deux banques italiennes pour un euro

La première banque d'Italie va reprendre les actifs sains, sans les créances douteuses, de deux établissements vénitiens au bord du gouffre. Intesa Sanpaolo exclut toute augmentation de capital.
Delphine Cuny
"La transaction potentielle, en conséquence, exclut toute augmentation de capital, pour Intesa Sanpolo" a prévenu la première banque du pays.

Intesa SanPaolo, la première et la plus solide des banques italiennes, s'est dévouée, mais pas dans n'importe quelles conditions ni à n'importe quel prix. La banque issue de la fusion il y a dix ans de la piémontaise Sanpaolo IM et de la milanaise Intesa vient d'annoncer ce mercredi être prête à reprendre la partie saine des actifs et de certains passifs de Banca Popolare di Vicenza et de Veneto Banca. Ces deux petites banques de la région de Venise, censées fusionner dans les mois qui viennent, sont en mal de fonds propres : elles avaient réclamé à l'Etat italien une aide de 6,4 milliards d'euros. Les autorités européennes ont exigé une injection de 1,2 milliard de capitaux privés avant. C'est une autre solution qui a semble-t-il été trouvée.

"Intesa Sanpaolo est disposée à acquérir un périmètre [d'actifs] séparé, excluant les prêts non-performants (créances douteuses, au recouvrement peu probable, expositions en souffrance), prêts à haut risque et obligations subordonnées, ainsi que des participations et et autres relations juridiques qui ne fonctionnent pas avec l'acquisition", détaille la banque dans un communiqué.

Pas de créances douteuses, pas d'augmentation de capital

L'Etat italien devra se débrouiller avec les créances douteuses, et il est probable qu'une structure de défaisance soit créée, selon la presse italienne. Le coût pour l'Etat est estimé à 5 milliards d'euros par un banquier cité par Reuters.

Pour Intesa, l'acquisition se fera "pour une somme symbolique", vraisemblablement un euro.

"La transaction potentielle, en conséquence, exclut toute augmentation de capital, pour Intesa Sanpolo", souligne la banque.

Une bonne nouvelle pour les marchés financiers : Intesa ne reprendrait que la "good bank" et au moindre coût. L'action Intesa a gagné 2,45% à la Bourse de Milan ce mercredi. Peu affectée par les difficultés des petites banques italiennes, Intesa, qui capitalise plus de 42 milliards d'euros, a progressé de 28% en Bourse en un an.

L'accord ainsi proposé est beaucoup plus favorable que celui accepté par Santander en Espagne, en rachetant Banco Popular pour un euro début juin : la banque cantabrique a dû provisionner 7,9 milliards d'euros afin de couvrir le passif douteux ou irrécouvrable de Popular et lever 7 milliards d'euros pour apurer son bilan.

Pas d'impact sur le dividende et les fonds propres

Intesa exige qu'un cadre législatif soit mis en place pour lui garantir que cette opération n'aura aucun impact sur son ratio de solvabilité Common Equity Tier 1 et sur sa politique de dividende. Ce cadre devra aussi couvrir les coûts de restructuration et éliminer les risques de plaintes contre Intesa portant sur des événements passés ou des actifs qu'elle n'a pas repris.

Après avoir renoncé au rachat du premier assureur italien Generali, la banque dirigée par Carlo Messina avait plutôt prévu de développer fortement sa propre activité d'assurance mais aussi de fermer jusqu'à un tiers de ses 3.000 agences, selon le Financial Times. Intesa, qui emploie environ 89.000 personnes, dont 64.000 en Italie, va se renforcer sur son marché national avec ces deux banques régionales qui représentent des dépôts de 24 milliards d'euros. Popolare et Veneta emploient elles-mêmes 11.000 personnes.

Pendant ce temps, le sort de la banque toscane Monte Paschi sera bientôt scellé : Bruxelles a accepté le principe d'une recapitalisation préventive par l'Etat italien, pour 6,6 milliards d'euros, sous réserve d'un sérieux plan de restructuration. Le nombre de suppressions d'emplois et de fermeture d'agences est au cœur des négociations en cours.

Delphine Cuny

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Commentaire 1
à écrit le 21/06/2017 à 18:01
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Quand on lit votre article, il semble que le titre soit mal choisi:" Intesa rachète deux banques italiennes pour un euro"

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