L'Italie remet à flot Monte Paschi en injectant 5,4 milliards d'euros

Le sauvetage de la banque toscane était suspendu à la validation de la BCE et à la vente des créances douteuses. Pour obtenir cette aide de l’Etat italien, la banque de Sienne a dû accepter un nouveau modèle d'affaires, recentré sur les particuliers et les PME.
Delphine Cuny
La banque de Sienne est la plus vieille banque commerciale du monde encore en activité. Quatrième banque du pays, elle avait échoué à lever 5 milliards d'euros d'argent frais sur les marchés financiers en décembre dernier.

[Article publié à 18h05 et mis à jour à 19h15]

La Toscane peut respirer : la quatrième banque italienne, et la principale de la région, l'historique Banca Monte dei Paschi di Siena (BMPS), la plus vieille banque commerciale au monde encore en activité, va bien être renflouée par l'Etat. La Commission européenne avait donné son feu vert de principe il y a un mois à cette "recapitalisation préventive" sous forme d'aide publique, qui s'élèvera à 5,4 milliards d'euros, un peu moins que les 6,6 milliards envisagés initialement.

Il ne restait que deux obstacles à lever et c'est chose faite : la Banque centrale européenne (BCE) a confirmé que Monte Paschi était solvable (la condition sine qua non d'une remise à flot par l'argent des contribuables italiens) et la banque a obtenu l'engagement ferme d'investisseurs privés d'acquérir la totalité de ses 26,1 milliards de créances douteuses.

"Nous avons autorisé, conformément aux règles de l'UE, l'injection de capital dans BMPS par l'État italien, qui aidera la banque à faire face à ses besoins en capital si la situation économique venait à se détériorer de manière inopinée", a commenté la commissaire à la concurrence, Margrethe Vestager dans un communiqué.

Privatisation partielle mais temporaire

Cette "recapitalisation préventive", nécessaire après l'échec de l'augmentation de capital de 5 milliards d'euros tentée en décembre dernier sur les marchés, a été autorisée à plusieurs conditions : la mise à contribution du privé (actionnaires et créanciers), selon le principe du "partage de fardeau", et des engagements de restructuration interne.

Les détenteurs d'obligations de rang inférieur et les actionnaires de la banque ont "mis la main à la poche à hauteur de 4,3 milliards d'euros" comme l'écrit la Commission, sous la forme d'une conversion d'obligations en fonds propres et d'une dilution des parts des actionnaires existants. Cependant, les petits porteurs de ces obligations "junior" (au rendement plus élevé mais plus risquées car n'étant pas remboursées en priorité en cas de pépin) qui ont subi une conversion forcée pourront prétendre à une indemnisation, qui pourrait atteindre au total 1,5 milliard d'euros.

En parallèle, Monte Paschi a cédé certaines activités, ce qui lui a permis de récolter 500 millions d'euros. L'Etat injectera le solde manquant, en échange d'actions BMPS à tarif préférentiel : il détiendra in fine 70% du capital de la banque, dans le cadre d'une opération qui revient à une nationalisation partielle. Mais temporaire a assuré le président de la banque, Alessandro Falciai : l'Etat aurait vocation à sortir du capital d'ici à 2021.

Le ministre de l'Economie italien, Pier Carlo Padoan, a détaillé pendant une conférence de presse que le Trésor souscrirait à une augmentation de capital à hauteur de 3,9 milliards d'euros et rachèterait des obligations pour 1,5 milliard. La recapitalisation totale de la banque s'élèvera à 8,1 milliards d'euros. BMPS vendra pour plus de 28 milliards de prêts non-performants d'ici au premier semestre 2018.

Recentrage et fermeture d'agences

Outre l'assainissement drastique de son bilan, la banque de Sienne, créée en 1472, qui détient une part de 7,1% du marché italien, a accepté, "afin d'assurer sa viabilité à long terme, [de] réorienter son modèle économique", vers la clientèle de détail (c'est-à-dire les particuliers) et les petites et moyennes entreprises, souligne la commissaire européenne. Les dirigeants de la banque italienne ont aussi pris des engagements de plafonnement de leur rémunération à 10 fois le salaire moyen des employés. Le plan de réorganisation sur cinq ans prévoit également de renforcer la gestion du risque de crédit. La banque détaillera ce plan mercredi matin : la presse italienne évoque entre 5.000 et 6.000 suppressions d'emploi sur 25.000 et la fermeture de 400 agences sur plus de 1.800 dans toute l'Italie.

La cotation des actions Monte Paschi, qui ont perdu près de 90% de leur valeur l'an dernier, est suspendue depuis le mois de décembre.

Cette aide publique intervient quelques jours après le sauvetage de deux petites banques vénitiennes, Banca Popolare di Vicenza et Veneto Banca, reprises pour euro symbolique par Intesa Sanpaolo, mais dont le coût est évalué à 17 milliards d'euros pour l'Etat italien.

Delphine Cuny

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Commentaires 4
à écrit le 29/12/2017 à 23:09
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Bonjour cher excellent amis comment allez vous. Je suis un jeune homme d'affaires international très intéresser à cette banque. Avec 5milliards USD nous veux biens négocier cette bank de finances.

à écrit le 05/07/2017 à 10:21
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Magnifique socialisation des pertes. Chapeau.

à écrit le 05/07/2017 à 8:32
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Sauver les citoyens grecs grâce à de l'argent public ? Non. Sauver une banque avec l'argent public, oui bien sur quel question ! Démocratie ? Non oligarchie.

à écrit le 05/07/2017 à 6:47
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Les Italiens vont encore payer , mais cela n'est pas la seule banque en faillite !!! Scandaleux.

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