Le Brexit, un risque "gérable" pour les banques britanniques selon Moody's

L'agence de notation ne croit pas que les banques implantées au Royaume-Uni perdront la totalité de leur droit d’opérer dans l’Union comme avant. Elle anticipe toutefois le transfert de certaines activités dans la période d'incertitude qui s'ouvre.
Delphine Cuny
"Si le Royaume-Uni, quitte le marché unique et l'UE, les entreprises financières qui y sont implantées (y compris les filiales d'entreprises non européennes) pourraient perdre leurs droits de passporting", relève l'analyste de Moody's spécialiste des institutions financières, Simon Ainsworth.

Les banques britanniques ont-elles beaucoup de souci à se faire à la perspective du Brexit ? Moody's ne verse pas dans le catastrophisme à ce stade. L'agence de notation de crédit vient de publier une étude dans laquelle elle considère « gérable » l'impact d'un retrait formel du Royaume-Uni de l'Espace économique européen et « en conséquence la perte des droits de passporting » : il s'agit d'une série de droits accordés aux banques, sociétés de gestion d'actifs, etc, pour opérer dans toute l'Union européenne en ayant obtenu un agrément de l'autorité de leur pays d'origine. L'agence envisage plusieurs scénarios.

« Si le Royaume-Uni, quitte le marché unique et l'UE, les entreprises financières qui y sont implantées (y compris les filiales d'entreprises non européennes) pourraient perdre leurs droits de passporting, relève l'analyste de Moody's spécialiste des institutions financières, Simon Ainsworth. Si c'est le cas, alors ces entreprises devront déménager leurs équipes commerciales, celles de trading et de middle-office dans l'UE, ainsi que leurs capitaux, leurs liquidités et leurs infrastructures informatiques. »

Ce scénario serait négatif en termes de profil de crédit pour ces banques, car l'opération serait coûteuse et réduirait leur rentabilité à court terme. Cependant, Moody's estime « peu probable » que les banques perdent tous leurs droits transfrontaliers d'exercer dans l'UE, car il existe déjà des régimes dérogatoires, notamment la reconnaissance d'équivalences chez des pays tiers prévue dans la Directive MiFID 2. Mais ces régimes d'équivalences sont plus à risque : ils peuvent prendre du temps et être supprimés.

Moody's se garde bien de parier sur le statu quo ou sur une fuite généralisée :

« Une banque qui utilise le Royaume-Uni comme point d'entrée ne devrait pas subir une dégradation sensible de ses fondamentaux de crédit si elle perd le passeport européen, mais du fait de l'incertitude au sujet du résultat de nouveaux accords, il est probable que certaines banques choisissent de déménager certaines activités du Royaume-Uni vers l'UE avant que la fin des négociations de sortie. »

Et les grandes capitales du Vieux continent rivalisent de propositions alléchantes pour les attirer sur leur territoire.

Delphine Cuny

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Commentaire 1
à écrit le 19/09/2016 à 13:42
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Ouai, sacré pari de Moody's de dire que les banques britanniques ne perdraient pas le passporting. Car le ministre du brexit Davis lui parle d'un eventuel accord sur le modele UE-Canada...lequel n'inclus pas les servicees financiers et aucun passport...

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