Le Crédit Mutuel Arkéa se veut une banque "geek" et entrepreneuriale

Les startups représentent 7% à 10% des flux de paiements annuels du Crédit Mutuel Arkéa. La banque réfléchit par ailleurs à la création d'un fonds d'amorçage dont les investissements concerneraient le secteur digital au sens large.
Christine Lejoux
Directeur général du Crédit Mutuel Arkéa depuis 2008, Ronan Le Moal travaille au sein du groupe depuis une vingtaine d'années.

Les startups sont les PME et les ETI, voire les grands groupes, de demain. A ce titre, toutes les banques françaises affirment soutenir le développement des jeunes pousses. Un accompagnement qui, pour certaines banques, semble réellement relever d'une seconde nature. Les startups représentent ainsi 7% à 10% des flux de paiements annuels du Crédit Mutuel Arkéa, une proportion loin d'être négligeable, selon Ronan Le Moal, directeur général de l'établissement bancaire, qui rassemble les fédérations du Crédit Mutuel de Bretagne, du Sud-Ouest et du Massif Central. "Le Crédit Mutuel Arkéa est identifié comme une petite banque - par rapport aux géants du secteur - qui a choisi d'accompagner les entreprises du digital", témoignait ainsi Céline Lazorthes, fondatrice et présidente de la solution de cagnottes en ligne Leetchi.com, le 10 mars, lors d'un "workshop" organisé par l'association France Digitale.

Encore étudiante lorsque l'idée de créer Leetchi lui est venue, la jeune femme a d'abord couru d'une banque à l'autre pour concrétiser son projet, tantôt considérée comme une concurrente potentielle, tantôt comme... une stagiaire en puissance. Jusqu'à ce que son chemin croise celui d'Arkéa, où Céline Lazorthes a trouvé "une banque qui aime bien les entrepreneurs." "Nous sommes un groupe entrepreneurial. Ce que j'aime, ce sont des projets d'hommes et de femmes", confirme Ronan Le Moal, directeur général du Crédit Mutuel Arkéa, qui confesse un tropisme "geek."

Les services en marque blanche représentent un quart des revenus

Il faut dire que le Crédit Mutuel Arkéa a dû faire preuve d'inventivité pour se développer, tant il lui était difficile de s'étendre géographiquement, coincé à l'Ouest par l'Océan Atlantique - "c'était soit Molène (Finistère), soit New York", plaisante-t-on en interne - et, à l'Est, par le Crédit Mutuel-CIC, qui comprend 11 fédérations. Or, quoi de mieux que la technologie pour s'affranchir des contraintes géographiques ? Le Crédit Mutel Arkéa a donc décidé de s'appuyer sur le numérique afin de se développer un peu partout en France. En 2006, Ronan Le Moal, alors à la tête de Symphonis, courtier en ligne du Crédit Mutuel Arkéa, avait ainsi piloté le rachat de Fortuneo, devenu aujourd'hui l'une des principales banques en ligne françaises, avec 320.000 clients. Banque en ligne ou peut-être plutôt banque mobile : "Dans le secteur bancaire, il existe quelques actes commerciaux qu'on ne peut pas encore faire sur le mobile, mais ce ne sera plus le cas dans quatre ou cinq ans. Un bancassureur doit se dire que, demain, tout pourra être fait via le mobile", prévient Ronan Le Moal.

Les technologies, le Crédit Mutuel Arkéa ne les utilise pas seulement pour son propre compte, mais les commercialise également sous marque blanche, une activité qui représente un quart des revenus de la banque, ressortis à 1,7 milliard d'euros en 2014, soit une hausse de 6,4%. Par exemple, en plus d'être la banque de Leetchi, le Crédit Mutuel Arkéa joue le rôle de prestataire technique auprès de la jeune pousse, sa filiale Payline étant chargée de la collecte des données bancaires des clients de Leetchi. Un lien de plus avec une startup qui est peut-être bien une future grande entreprise, et qu'il convient d'autant plus de soigner qu'avec l'essor du crowdfunding, entre autres, "l'époque où les startups, qui sont l'économie de demain, ne trouvaient pas d'alternative au financement bancaire est révolue", souligne Ronan Le Moal.

La banque réfléchit à la création d'un fonds d'amorçage dans le digital

Il existe une troisième voie par laquelle le Crédit Mutuel Arkéa accompagne les startups. Il s'agit de l'investissement dans leur capital, pour des tickets de 200.000 à 1 million d'euros environ, la banque n'hésitant pas à investir un total de 10 à 15 millions dans une seule et même société, au gré des tours de table successifs. Alors que certaines banques considèrent que le capital-risque ne relève pas de leur métier, Ronan Le Moal juge "qu'investir dans des startups nous permet de découvrir des modes de travail très agiles, il s'agit d'une forme d'apprentissage industriel pour nous." Un apprentissage encore plus riche lorsque les startups en question sont des "fintech", ces jeunes pousses spécialisées dans les technologies financières : "Pour les banques, ne pas s'intéresser aux fintech serait une erreur. Celles-ci ont un oeil neuf sur le secteur, elles estiment que ce qui a de la valeur, c'est la relation-client, que la technique n'est qu'un support, ce que les banquiers avaient un peu oublié", estime Ronan Le Moal.

La banque est ainsi actionnaire à 34% de la plateforme de prêts entre particuliers Prêt d'Union. "Nos investissements d'amorçage concernent des métiers connexes au nôtre et s'effectuent sur les fonds propres de la banque", précise Ronan Le Moal. Autrement dit, lorsque la banque investit dans des secteurs éloignés du sien, elle ne le fait pas en direct : le Crédit Mutuel Arkéa est présent au capital du site de covoiturage BlaBlaCar par l'intermédiaire de la société de capital-risque Isai, dont le premier fonds avait été abondé à hauteur de 6 à 7 millions d'euros par la banque. "Nous réfléchissons à monter un fonds d'amorçage qui investirait dans le digital au sens large, en particulier dans le e-commerce", indique Ronan Le Moal. La technologie et les startups, encore et toujours.

Christine Lejoux

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Commentaires 2
à écrit le 16/05/2015 à 14:49
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Bonjour à tous ! DESOLE , MAIS ARCHI FAUX ! ... je m'explique , TPE , avec bilans positifs sur plusieurs années et aucun problème de découvert , avec trésorerie positive , nous avons remporté un marché public . Bon de commande officiel en main...

le 16/05/2015 à 19:32
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La question n'est pas d'avoir un bilan positif mais un bilan qui a du potentiel.

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