Paiements en ligne : Lemon Way lève 25 millions pour renforcer son maillage européen

Grâce à ce deuxième tour de table, la fintech entend renforcer sa présence en Italie et en Espagne et s'attaquer aux marchés britannique, allemand et hollandais. Sur le secteur très concurrentiel des paiements en ligne, Lemon Way a choisi de pivoter pour se concentrer sur les places de marché et les plateformes de crowdfunding. Cette décision stratégique a provoqué un ralentissement de son activité en 2018. Mais pour 2019, elle vise un chiffre d'affaires de 8 millions d'euros, soit une croissance de 45%.
Juliette Raynal
Antoine Orsini, directeur général de Lemon Way
Antoine Orsini, directeur général de Lemon Way (Crédits : Lemon Way)

Lemon Way, qui gère les paiements de places de marché et collecte des fonds pour compte de tiers, officialise ce jeudi 17 octobre une levée de 25 millions d'euros auprès du fonds britannique Toscafund Asset Management. Il ne s'agit pas d'un fonds de capital-risque classique mais d'un fonds alternatif (hedge fund), qui finance des entreprises plus matures. Cette opération porte le montant total des fonds levés par cette "vieille" fintech fondée il y a 12 ans à 35 millions d'euros. Après 11 années d'autofinancement, elle avait réalisé, en juillet 2018, un premier tour de table de 10 millions d'euros auprès du fonds tricolore Breega et de l'autrichien SpeedInvest.

"Cette transaction [sous réserve de l'approbation de l'ACPR, l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution adossée à la Banque de France, ndlr] constitue la première opération en capital-investissement de Toscafund en France. C'est aussi la première fois que ce fonds investit dans une fintech, bien qu'il ait déjà investi dans des entreprises réglementées plus établies, comme des sociétés d'assurance", précise Antoine Orsini, directeur général et cofondateur de Lemon Way.

Attaquer le Royaume-Uni, l'Allemagne et les Pays-Bas

Lemon Way s'est spécialisée dans la gestion des paiements "complexes" des plateformes digitales et des sites marchands : elle compte parmi ses clients 1.400 places de marché en Europe, dont 200 plateformes de financement participatif (ou crowdfunding en anglais), dont les français October, Wiseed et Hello Asso. Depuis 2012, date à laquelle elle a obtenu son agrément d'établissement de paiement, elle a ouvert 7 millions de comptes de paiement (e-wallets).

Grâce à cet argent frais, Lemon Way entend accélérer son expansion européenne. Déjà présente en Espagne et en Italie, la fintech prévoit de renforcer ses équipes commerciales dans ces deux pays européens et d'ouvrir des bureaux en Allemagne, au Royaume-Uni et aux Pays-Bas en 2020.

"Nous souhaitons également nous renforcer sur la partie produit et réglementaire car nous allons chercher des agréments d'initiation de paiement (PISP) et d'information sur les comptes (AISP) pour pouvoir proposer de nouveaux parcours de paiement aux clients de nos clients", précise le directeur général de Lemon Way.

Pour réaliser un investissement sur une plateforme de crowdfunding, un internaute n'aura, par exemple, bientôt plus besoin d'aller sur le site de sa banque pour réaliser un virement mais pourra le faire directement depuis le site de financement participatif en question.

Ralentissement en 2018

La fintech, qui emploie actuellement 70 collaborateurs, prévoit d'en compter 110 d'ici la fin 2020, puis 130 en 2021. La société espère atteindre 3 milliards d'euros de flux traités en 2019, contre 1,9 milliard en 2018 et ainsi enregistrer une croissance proche de 60%.

Ambitieuse, la société a toutefois rencontré quelques difficultés au cours des derniers mois. En 2018, son chiffre d'affaires a été divisé par deux, passant de 11 millions d'euros en 2017 à 5,5 millions d'euros.

"Cette baisse s'explique par deux facteurs. En 2017, notre chiffre d'affaires a été dopé par la vente de notre licence produit à une grande banque française pour un montant de 4 millions d'euros. Nous n'avons pas répété cette vente l'année suivante. Ensuite, nous avons également pris la décision de concentrer notre activité sur les places de marché et les plateformes de financement participatif, où nous faisons de la collecte pour compte de tiers, et non plus sur les activités e-commerce", explique Antoine Orsini.

"Nous sommes néanmoins parvenus à consolider notre chiffre d'affaires et nous visons 8 millions de revenus en 2019 et 14 millions en 2020", ajoute-t-il.

Un marché très concurrentiel

Sur le terrain très vaste des paiements en ligne, Lemon Way est, en effet, confrontée à une vive concurrence avec notamment des acteurs comme l'américain Stripe et le néerlandais Adyen, mais aussi des Français comme Mangopay, créé par la Céline Lazorthes, la fondatrice de Leetchi, désormais détenu par Crédit Mutuel Arkéa, ou encore S-Money du groupe BPCE.

Pour tirer son épingle du jeu, Lemon Way mise sur son ouverture vis-à-vis des banques. « Stripe et Adyen ont le statut de banque acquéreuse tandis que Mangopay et S-Money dépendent d'une seule banque. De notre côté, nous avons une logique de partenariat et travaillons déjà avec une dizaine de banques, comme BNP Paribas, Milleis Banque et Banco Sabadell, auxquelles nous nous branchons. Cela peut être un avantage pour les entreprises qui ne souhaitent pas rompre la relation qu'elles ont avec leur banque », argumente Antoine Orsini.

Juliette Raynal

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