Pour être "la banque du futur", ING parie sur les startups

Le groupe néerlandais, qui mène une sévère restructuration de ses agences et investit massivement dans son informatique, accélère sa transformation en nouant des partenariats avec les jeunes pousses de la Fintech. ING a aussi créé un fonds de capital-risque de 300 millions d’euros.
Delphine Cuny
Ralph Hamers, le directeur général du groupe ING, veut transformer ce dernier en "Spotify de la banque", en devenant une plateforme collaborant avec des startups de la Fintech.

Un an après l'annonce de son drastique plan « Think Forward », le directeur général d'ING, Ralph Hamers, a fait le point ce jeudi à l'occasion de la publication des résultats du troisième trimestre, ressortis supérieurs au consensus. « Nous sommes sur la bonne voie pour transformer ING en la banque du futur, en nous efforçant de donner aux personnes les moyens de rester en avance dans leur vie et dans leurs affaires, en se montrant clair, facile, cohérent et pratique », a-t-il déclaré en commentant les comptes.

Le groupe néerlandais, présent dans 13 pays dans la banque de détail - uniquement en ligne hors Benelux : en France, en Allemagne, Espagne, Italie, etc - a décidé d'accélérer son virage vers le digital. Il a prévu de réaliser 900 millions d'euros d'économies en rythme annuel d'ici à la fin de 2021, notamment en réduisant ses effectifs de 7.000 postes (sur un total de 54.000 actuellement) et en fermant la moitié des agences en Belgique, tout en investissant 800 millions d'euros dans l'informatique pour créer une plateforme numérique commune à tous ses pays d'implantation.

Au salon Money2020, à Las Vegas, fin octobre, il avait à nouveau défendu sa vision d'une banque devenant plateforme ou s'intégrant à d'autres plateformes, aux réseaux sociaux notamment.

 « Les gens n'ont plus le temps aujourd'hui de s'occuper de banque, même moi je n'ai pas le temps ! Et même s'ils l'avaient, ils ne voudraient pas le consacrer à la banque », avait-il constaté, fataliste, ajoutant que si une banque veut être pertinente, « il faut être là où les gens sont : sur mobile. »

ING plateformes

[La place d'une banque à l'avenir, au milieu d'autres plateformes comme Facebook, Amazon, Apple, Spotify, Uber, Airbnb, etc. Crédits : ING]

Lire aussi : La banque du futur doit devenir une plateforme, selon Citigroup

Partenariats avec des Fintech

Cette transformation en un « Spotify de la banque », selon son expression, n'est pas seulement interne mais se joue aussi en s'ouvrant à l'extérieur, à des startups de la Fintech notamment.

« Nous savons que nous avons beaucoup à apprendre des autres dans ce processus et nous considérons qu'il y a de la valeur à joindre nos forces dans la coopération », a fait valoir Ralph Hamers.

« Un exemple [de cette démarche] est le partenariat que nous avons  annoncé récemment avec le gestionnaire de fortune numérique Scalable Capital en Allemagne. Cela élargit notre offre avec des services de gestion d'investissement en ligne, plus connus sous le nom de robot-conseiller. Nous continuerons à créer ou co-construire des expériences client de ce type, qui sont personnalisées, fluides, instantanées et pertinentes. »

Scalable Capital est une startup de Munich dans laquelle le numéro un mondial de la gestion d'actifs, BlackRock, a investi en juin dernier, menant son tour de table de 30 millions d'euros. ING a annoncé en septembre ce partenariat avec le robo-advisor: plus de 1.000 clients s'y inscrivent chaque semaine depuis.

La banque au lion orange s'est associée à cinq autres Fintech, dont la plateforme américaine de prêt aux PME Kabbage, qui a levé 250 millions de dollars en août auprès notamment de SoftBank, et la française Budget Insight pour lancer en Italie et en France une offre de crédit aux TPE/PME « immédiate et 100% digitale » baptisée « Prêt Pro Direct » promettant une réponse en 10 minutes et un déblocage des fonds sous 48 heures (jusqu'à 100.000 euros).

ING a aussi travaillé avec la startup italienne Axyon AI dans l'intelligence artificielle pour mettre en place un chatbot dans le domaine de la banque de financement pour sa clientèle d'entreprises.

Et la démarche semble plutôt plaire aux marchés financiers :

« Nous pensons que ING est la meilleure façon de jouer la transformation digitale dans la banque et nous nous attendons à voir les bénéfices de ces investissements d'ici à la fin de 2018 » estiment les analystes du courtier Jefferies.

ING innovation center Amsterdam hipster

[La banque au lion orange se met en mode hipster au centre d'innovation d'expérience client d'Amsterdam. Crédits : DR]

Fonds de venture et incubateur

Afin d'aller plus loin, le groupe bancaire néerlandais a annoncé la semaine dernière la création d'ING Ventures, un fonds Fintech de 300 millions d'euros qui investira dans les quatre ans à venir dans des startups et des entreprises qui ont déjà commencé à décoller. La direction en a été confiée à Benoît Legrand, qui fut le patron d'ING France, puis le responsable des Fintech au siège. Le groupe a peu communiqué sur ses investissements jusqu'ici : ING a mené en juin dernier le tour de table de 25 millions d'euros de la startup espagnole Fintonic (gestion des finances personnelles) et participé auparavant aux levées de fonds de Kabbage, de la plateforme hongkongaise de prêt entre particuliers WeLab, du consortium de la Blockchain R3, et à l'amorçage d'Axyon (en obligations convertibles).

« ING Ventures aidera à accélérer le rythme d'innovation, une de nos priorités. Chaque investissement sera aligné avec notre stratégie consistant à apporter une expérience client différenciante », a insisté le directeur général, Ralph Hamers.

Le groupe néerlandais a d'ailleurs créé un « centre d'innovation d'expérience client » et un studio d'innovation à Amsterdam, près de son siège, où il incube des startups, internes et externes, et cherche à développer de nouveaux modèles d'affaires.

ING innovation hub client

[Le centre d'innovation d'expérience client d'ING à Amsterdam. Crédits : DR]

En présentant les lieux à la presse française le mois dernier, Ignacio Julia Vilar, à la fois directeur de l'innovation et de la banque de détail, avait lancé :

« L'innovation est un "buzz word" : elle n'est qu'un facilitateur. Nous ne croyons pas que l'innovation va sortir d'un grand centre de R&D, il faut aller écouter les clients, voir quels problèmes concrets on peut régler, et pas créer des gadgets. »

« Nous voulons devenir le lieu où aller pour tous les besoins financiers de nos clients. Le trafic, les 3 milliards de contacts que nous avons par an avec nos clients, constitue notre plus grand actif. »

Or près de 60% de ses contacts se font désormais par mobile.

Un point de vue assez décapant chez un banquier mais qui correspond sans doute à la vision de la banque du futur. Les données sont sans doute l'actif le plus sous-évalué des banques.

Lire aussi : Société Générale nomme un gardien des données avant le RGPD

Delphine Cuny

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Commentaires 2
à écrit le 03/11/2017 à 12:16
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ING banque du futur pour ouvrir un compte il faut toujours envoyer du papier ils n'ont pas complètement dématérialiser l'inscription...

à écrit le 03/11/2017 à 9:25
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ING, c'est pas ce groupe qui a failli en 2006, et a du realiser un plan drastique dans ses effectifs et virer du personnel, sauf les cadres, of course. Je ne risquerai pas un rouble dans cette boite.

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