Prêt d’Union, le "Lending Club" français, enclenche la vitesse supérieure

La plateforme de crowdfunding vient de lever 31 millions d’euros, dont plus de la moitié auprès d’Eurazeo et de Pierre Kosciusko-Morizet. Une somme qui permettra à la fintech d’amorcer son internationalisation.
Christine Lejoux
En un peu plus de trois ans, Prêt d'Union a permis de prêter 200 millions d'euros à des ménages français.

Difficile, pour une startup française, de lever plus de 10 millions d'euros ? Pas pour Prêt d'Union, en tout cas. Cette plateforme de crowdfunding, spécialisée dans les prêts entre particuliers, annonce ce jeudi 2 juillet avoir bouclé une augmentation de capital de 31 millions d'euros. Des fonds levés auprès d'investisseurs anglo-saxons ? Même pas ! La majeure partie de cette somme, la fintech s'est offert le luxe de la trouver auprès de financiers français. A commencer par la société de capital-investissement Eurazeo, qui, avec Kernel Investissements - la holding personnelle de Pierre Kosciusko-Morizet, fondateur de PriceMinister -, a apporté 17 millions d'euros.

Le solde de 14 millions provient des actionnaires historiques de Prêt d'Union, à savoir le Crédit Mutuel Arkéa, AG2R La Mondiale, Kima Ventures - le fonds de capital-risque de Xavier Niel, fondateur de Free -, Weber Investissements - la holding des fondateurs de Financière de l'Echiquier - et Schibsted, le groupe de médias norvégien éditeur du quotidien 20 Minutes et du site leboncoin.fr. A l'issue de ce tour de table, Eurazeo figure parmi les trois principaux actionnaires de Prêt d'Union, aux côtés du Crédit Mutuel Arkéa et de Schibsted. "Cet investissement illustre notre souhait de contribuer à l'émergence des leaders de demain, en particulier dans des secteurs portés par le développement de l'économie collaborative et la transformation digitale", explique Virginie Morgon, directeur général d'Eurazeo.

200 millions d'euros prêtés depuis décembre 2011

Il faut bien reconnaître que Prêt d'Union a tout d'un "Lending Club français", du nom de la plateforme américaine devenue numéro un mondial du prêt entre particuliers. Plutôt que de "peer-to-peer lending", il convient d'ailleurs mieux de parler de "online lending." Car, que ce soit sur Prêt d'Union ou sur Lending Club, les investisseurs-prêteurs ne sont pas seulement des personnes physiques, mais également des personnes morales, telles que des family offices (gestionnaires de fortunes familiales), des fondations, des caisses de retraite et de petites sociétés de gestion. Tout un petit monde d'investisseurs avertis, plus que jamais en quête de rendement dans l'environnement actuel de taux très bas.

En face, les emprunteurs sont, eux, des ménages français, qui ont besoin de 3.000 à 40.000 euros pour acheter une voiture, rénover leur logement ou pour financer les études du petit dernier. Des sommes que les prêteurs leur consentent sur des durées de deux à cinq ans, moyennant un taux d'intérêt compris entre 3,4% et 6,65%, auquel s'ajoute 1,8% de frais de dossier. Des taux meilleur marché que ceux des acteurs traditionnels du crédit à la consommation, et un service plus simple et plus rapide, telle est la promesse de Prêt d'Union. Une promesse qui séduit : depuis son lancement commercial en décembre 2011, 200 millions d'euros ont été prêtés à des ménages français via la plateforme, ce qui correspond à un doublement des volumes chaque année.

30 à 40 recrutements en France d'ici à la fin 2016

Sur le plan du modèle économique, la fintech se rémunère via des commissions facturées aux emprunteurs sur les sommes collectées, et au moyen de frais de gestion prélevés auprès des investisseurs-prêteurs. "Nous visons l'équilibre financier en France pour l'été 2016", indique Charles Egly, co-fondateur et président du directoire de Prêt d'Union. "Pour autant, nous continuerons à investir fortement dans la croissance car nous avons un véritable boulevard devant nous", prévient le jeune dirigeant. D'où la levée de fonds de 31 millions d'euros annoncée ce jeudi. Et si Prêt d'Union semble loin d'avoir épuisé le potentiel du marché français, où la fintech va d'ailleurs procéder à 30 ou 40 recrutements d'ici à la fin 2016, la startup juge cependant que le temps de son internationalisation est venu.

"Prêt d'Union est la seule plateforme de peer-to-peer lending au monde à être agréée établissement de crédit. Cet agrément, accordé par l'ACPR [Autorité de contrôle prudentiel et de résolution ; Ndlr], est "passeportable" au sein de l'Union européenne (UE), ce qui nous permet d'exercer notre activité dans tous les pays de l'UE sans avoir à adapter notre structure juridique", explique Charles Egly. Prêt d'Union débutera son expansion internationale au début de l'année 2016, en Italie, où la fintech embauchera une vingtaine de personnes l'an prochain. Début 2017, ce sera au tour de l'Espagne.

Christine Lejoux

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