Sauvée par l'Etat à coups de milliards, la banque irlandaise AIB revient en Bourse

Après l'avoir nationalisée en 2010 et renflouée à hauteur de 21 milliards d'euros, Dublin va céder 25% d'Allied Irish Bank, pour un montant estimé à 3 milliards. Ce serait la plus importante introduction en bourse du secteur bancaire en Europe depuis la crise financière.
Delphine Cuny
Allied Irish Bank est une des banques irlandaises rescapées de la crise financière. Elle s'est profondément restructurée depuis et a nettoyé son portefeuille de créances douteuses.

Repoussée à l'automne dernier par le gouvernement irlandais, la mise en Bourse d'Allied Irish Bank (AIB) est relancée. Le ministre des Finances, Michael Noonan, a annoncé mardi soir l'intention du gouvernement de céder environ 25% du capital de la banque irlandaise, sauvée de la faillite en 2010, qui sera cotée à Dublin et à Londres - une bonne nouvelle pour la City dans cette période pré-Brexit. Le contexte est jugé plus porteur, alors que les valeurs du secteur bancaire de la zone euro ont progressé de 11% depuis le début de l'année.

« La politique de longue date du gouvernement est que l'Etat doit sortir de ses investissements dans le secteur bancaire de manière mesurée et prudente. Les solides progrès réalisés par AIB et les conditions de marchés actuelles signifient que c'est le moment opportun pour enclencher ce processus de réduction de la participation de 99,9% de l'Etat irlandais », déclare le ministre dans un communiqué.

« La décision d'aujourd'hui est un pas important dans la normalisation de l'engagement de l'Etat dans le système bancaire irlandais et réaffirme la volonté du gouvernement de récupérer son investissement dans AIB au profit des citoyens irlandais. »

Selon les estimations des analystes, AIB serait valorisée entre 10 et 13 milliards d'euros, cette privatisation partielle devrait donc rapporter environ 3 milliards d'euros. La fourchette de prix des actions et le calendrier de l'opération (dont Bank of America Merrill Lynch, la banque irlandaise Davy et Deutsche Bank seront les coordinateurs globaux) seront précisés à la mi-juin.

Bulle immobilière et créances douteuses

Ce serait la plus grosse introduction en bourse du secteur bancaire en Europe depuis la crise financière. Et la plus importante à la City depuis celle de l'entreprise de courtage de matières premières Glencore en 2011.

Mais la valorisation attendue demeure très éloignée des 20,8 milliards d'euros injectés par l'Etat irlandais. Toutefois, le ministère rappelle que l'Etat en a récupéré 6,6 milliards sous diverses formes (dividendes, intérêts, retour en capital).

Insuffisance de liquidités du fait de faibles dépôts, éclatement de la bulle immobilière irlandaise, AIB avait été durement frappée par la crise financière de 2008, tout comme la Bank of Ireland (à ne pas confondre avec la banque centrale du pays). Le gouvernement avait d'abord apporté en février 2009 en urgence 7 milliards d'euros à ces deux banques, incapables de se refinancer sur les marchés. Fin 2010, Dublin avait dû prélever dans son fonds de réserve pour les retraites afin de renflouer à nouveau AIB, grâce au plan de sauvetage approuvé par la Banque centrale européenne. Nationalisée de fait, AIB avait été retirée de la cote en janvier 2011.

Redevenue rentable en 2014, AIB s'est profondément restructurée et a réduit de plus des deux tiers son énorme stock de créances douteuses (8,6 milliards aujourd'hui). Elle est désormais correctement capitalisée, même si elle est arrivée avant-dernière (juste devant l'italienne Monte Paschi) aux stress tests de l'Autorité bancaire européenne l'été dernier.

Delphine Cuny

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Commentaire 1
à écrit le 01/06/2017 à 7:21
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Elle est pas belle la salade !!!!!

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