Semaine cruciale pour la fragile Banca Monte dei Paschi

La banque italienne lance son augmentation de capital de 5 milliards d'euros ce lundi jusqu'à jeudi. Le nombre de nouvelles actions émises sera ajusté en fonction de la demande des investisseurs et complété par la conversion d'obligations en actions.
Delphine Cuny
Selon l'agence Bloomberg, le Trésor italien compte participer à l'augmentation de capital et pourrait ainsi accroître la participation de l'Etat italien au-delà des 4% détenus actuellement.

[Article mis à jour mardi 20/12 à 9h25]

C'est une semaine cruciale pour la Banca Monte dei Paschi di Siena: la troisième banque italienne vient de lancer ce lundi son augmentation de capital de 5 milliards d'euros. Il s'agit en fait d'un montant total maximal, qui comprend l'émission d'actions nouvelles et la conversion volontaire d'obligations en titres. Les nouvelles actions seront émises au prix maximum de 24,90 euros et le nombre d'actions sera ajusté en fonction de l'appétit des investisseurs. Il sera complété ensuite par l'échange dette-capital.

Près des deux tiers de l'offre sont réservés aux institutionnels italiens et étrangers (65%), jusqu'à jeudi, le reste est ouvert aux petits épargnants italiens, avec droit de préemption pour les actionnaires existants, jusqu'à mercredi 14h. Le prix définitif sera fixé au regard de la demande. Selon l'agence Bloomberg, le Trésor italien compte participer à l'augmentation de capital et pourrait ainsi accroître la participation de l'Etat italien au-delà des 4% détenus actuellement.

Risque d'échec avéré

L'opération, coordonnée par JPMorgan et Mediobanca, doit impérativement être souscrite au plus tard le 31 décembre, la Banque centrale européenne ayant refusé de lui accorder un délai de trois semaines supplémentaires. La banque ayant obtenu les plus mauvais résultats aux tests de résistance du régulateur bancaire européen s'était engagée à s'alléger de plus de 27 milliards d'euros de créances douteuses. Or Monte dei Paschi explique ce lundi que Quaestio Capital, le gérant du fonds de soutien aux banques italiennes Atlante, a exprimé "une grande perplexité" à l'égard des conditions d'un prêt relais de premier rang, ce qui pourrait bien faire tout capoter :

"Si les questions soulevées par Quaestio ne pouvaient être réglées, l'opération ne pourrait être conclue d'ici au 31 décembre 2016, comme l'exige la Banque centrale européenne", précise Monte Paschi en conclusion de son communiqué.

Toutefois, lundi soir, le fonds Atlante a finalement indiqué que ses craintes étaient apaisées et qu'il s'engageait à racheter pour 1,5 milliard de créances douteuses.

C'est dans ce contexte que s'imposera peut-être une intervention "de précaution" de Rome pour éviter la liquidation. Lundi soir, le gouvernement de Paolo Gentiloni a annoncé qu'il demanderait au Parlement l'autorisation d'emprunter 20 milliards d'euros pour venir en aide aux banques italiennes en difficulté, dont probablement l'établissement toscan. Monte dei Paschi avait jusqu'ici voulu maintenir la solution d'une recapitalisation privée plutôt qu'un bail-out.

L'action BMPS a été chahutée ce lundi à la Bourse de Milan : elle a chuté de plus de 11%, à 18,62 euros et a perdu plus de 80% depuis le début de l'année. Ce mardi, elle se reprend de 3%.

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Delphine Cuny

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Commentaires 4
à écrit le 20/12/2016 à 13:42
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L'article n'est pas inintéressant, mais il est regrettable que la journaliste évacue tout l'arrière-plan POLITIQUE de cette affaire, c'est-à-dire le bras de fer entre le gouvernement italien et la Commission européenne (autrement dit le gouvernement ...

le 20/12/2016 à 21:33
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1/ Il n'y a pas de bras de fer entre l'Italie et la commission européenne. Les règles de l'Union bancaire sont claires: Finit la doctrine "privatiser les gains et socialiser les pertes". Les actionnaires doivent assumer leurs responsabilité avance le...

à écrit le 20/12/2016 à 13:28
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Non, ce n'est pas seulement une "semaine cruciale" pour la Monte Paschi. C'est une semaine dangereuse pour les banques italiennes et donc pour toutes les banques de l'Union Européenne. Trop de scandale autour de ce dossier que la presse française sem...

à écrit le 19/12/2016 à 14:16
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Alors qu'il faudrait fermer toutes les banques liées aux créances douteuses.

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