Soc Gen noue une alliance stratégique en Afrique avec Absa

La banque française annonce ce vendredi 18 janvier la signature d’un protocole d’accord avec le sud-africain Absa Bank pour développer une offre panafricaine de services bancaires à destination des grands clients dans 27 pays. Ce contrat commercial se double de la cession par Soc Gen de son activité de conservation de titres et compensation de dérivés en Afrique du Sud à Absa.
Delphine Cuny
(Crédits : SG)

[Article mis à jour à 13h33]

Société Générale n'avait pas caché ses ambitions en Afrique et son souhait de sortir du périmètre restreint de la seule partie francophone. Ce vendredi 18 janvier, la banque française, présente dans 19 pays du continent, annonce un accord avec le groupe sud-africain Absa, à l'empreinte très complémentaire, en vue de proposer « une offre panafricaine de services bancaires à destination des grands clients ».

« Ce partenariat s'appuiera sur la complémentarité géographique et les forces conjuguées de Société Générale et d'Absa pour renforcer leurs savoir-faire et proposer une gamme étendue de produits et de services bancaires aux grandes entreprises et institutions financières, domestiques et internationales, opérant en Afrique. Cet accord va également permettre aux deux établissements d'accroître leur couverture clients au-delà de leurs marchés traditionnels en déployant cette offre plus large de services financiers à travers 27 pays d'Afrique » expliquent les groupes dans un communiqué commun.

Cet accord commercial est non exclusif mais portera au fil du temps sur « de nouveaux services et produits complémentaires ». La Société Générale, qui est une banque de détail avec des réseaux d'agences en Afrique, va surtout s'appuyer sur ses activités de banque de financement et d'investissement dans cet accord : elle a d'ailleurs créé une plateforme spécialisée dans les financements structurés à Abidjan, pour les grands projets d'infrastructures qui se déploient partout en Afrique sub-saharienne.

L'action Société Générale est en légère hausse, de 0,25% ce vendredi à la mi-journée, après avoir chuté de 5,66% la veille à l'annonce d'une baisse de 20% des revenus de trading au quatrième trimestre.

Sortie de SG de l'Afrique du Sud 

Né de la fusion de plusieurs banques sud-africaines et des actifs sur le continent de la britannique Barclays, qui détient désormais moins de 15% du capital, Absa Bank était ouvertement en quête de partenariats stratégiques, notamment avec une banque internationale ayant un accès facile aux marchés en euro et en dollar. Il était le candidat naturel à une telle alliance stratégique non capitalistique avec Soc Gen, comme nous l'évoquions dans nos colonnes en décembre.

Des discussions avaient eu lieu cet été, selon Reuters, entre les deux groupes au sujet du rachat de la filiale de « custody » de Société Générale, à Johannesbourg. L'accord de ce vendredi se double en effet d'une cession de ses activités de conservation de titres, de banque dépositaire et de compensation de dérivés de la Soc Gen en Afrique du Sud à Absa (portefeuille de clients, système d'information et équipes, pour un montant non précisé).

Société Générale réalise 1,3 milliard d'euros de produit net bancaire annuel en Afrique, ce qui représente environ 5% de l'activité mondiale du groupe. Cette part devrait plus que doubler et approcher 10% à 12% à horizon 2030, si le rythme de croissance annuel de 10%-11% se poursuit (l'objectif du plan stratégique 2020, plus conservateur, est de 8% par an pour la zone). Présent au Maroc depuis 100 ans, au Sénégal, en Côte d'Ivoire et au Cameroun depuis 50 ans, le groupe français ne couvre que 15% du PIB du continent, faute de présence dans les plus grandes économies que sont le Nigeria, l'Afrique du Sud (hors métiers de titres) et l'Angola.

Cap sur la Chinafrique

L'accord comprend aussi une offre commerciale conjointe à destination des multinationales chinoises opérant en Afrique. La Société Générale a déjà déployé un réseau de "Desks Chine" dans onze de ses filiales locales sur lequel s'appuiera le groupe Absa.

« Les besoins en services bancaires des grandes entreprises africaines et des groupes internationaux présents en Afrique sont de plus en plus complexes et nécessitent des expertises qui étaient, pour l'essentiel et jusqu'à présent, disponibles uniquement dans les économies plus matures. D'autre part, de plus en plus de champions régionaux émergent sur le continent, pour lesquels les marchés domestiques sont devenus trop étroits. Unir nos forces par cet accord est une démarche tout à fait pertinente pour accompagner le développement économique du continent », a commenté le directeur général de Société Générale, Frédéric Oudéa.

Cette alliance comprend une dimension plus internationale : le groupe Absa « pourra s'appuyer sur la forte présence de Société Générale en Chine » pour étendre son offre de services auprès des grandes multinationales chinoises.

« L'accord scellé aujourd'hui devrait grandement contribuer à aider nos clients qui souhaitent développer leurs activités en Afrique, quel que soit l'endroit à partir duquel ils décident de les conduire. Cette initiative est un nouvel exemple de la manière dont Absa déploie sa stratégie de croissance, en privilégiant les partenariats ou les acquisitions lorsqu'elle juge ces opérations appropriées », a déclaré la directrice générale d'Absa, Maria Ramos.

Delphine Cuny

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Commentaire 1
à écrit le 18/01/2019 à 12:35
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Alors bonne chance à SocGen sur le "continent d'avenir" cher à Borloo. Il faut être naïf vraiment pour se lancer dans ce bizness à moins d'être prêt à des "concessions" (je n'ose pas dire plus…). Quelqu'un qui a vécu 17 ans dans des pays francophone,...

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