SocGen - Crédit du Nord : le projet de fusion en six questions

La banque de La Défense a annoncé, ce 23 septembre, étudier la fusion de ses deux réseaux d'agences physiques : celui de Société Générale et celui de sa filiale Crédit du Nord. Objectif : créer une banque de détail unique de 10 millions de clients. Un projet de rapprochement qui soulève une série de questions.
Juliette Raynal
(Crédits : SG)

1 - Est-ce une surprise ?

"Ce n'est pas une surprise dans le sens où le management avait expliqué par le passé que la réduction des coûts était devenue une priorité au sein du groupe. On pouvait donc s'attendre à l'annonce d'initiatives", estime Lorraine Quoirez, analyste chez UBS.

Cette annonce s'inscrit, par ailleurs, dans une dynamique plus globale, la banque ayant réorganisé sa direction en août dernier avec une équipe plus resserrée en charge de présenter le nouveau plan stratégique en juin 2021.

2 - Le projet de fusion est encore à l'état de réflexion. A-t-il des chances d'aboutir ?

"Oui" estiment les analystes. Un avis partagé par Frédéric Guyonnet, président national du SNB CFE CG, premier syndicat du secteur bancaire :

"Le projet est enclenché et les organisations syndicales étaient convoquées ce matin du côté du Crédit du Nord et cet après-midi pour Société Générale".

Par ailleurs, dans un communiqué de presse, le groupe bancaire précise que le lancement de cette étude par la direction générale a été validé par le Conseil d'administration.

3 - En quoi les deux réseaux sont complémentaires ?

Les deux réseaux sont très urbains, mais celui de Crédit du Nord est davantage orienté vers une clientèle commerciale et d'entrepreneurs, plus rentable qu'une clientèle de particuliers.

Par ailleurs, le réseau bancaire de Société Générale s'est considérablement amaigri ces dernières années passant de 2.200 à 1749 agences aujourd'hui. Avec 7,3 millions de clients, cela représente une agence pour environ 4100 clients. Difficile de réduire davantage. De son côté, Crédit du Nord compte 2,4 millions de clients pour 679 agences, soit environ une agence pour 3500 clients.

4 - Est-ce un projet transformant ?

"Je n'en suis pas certaine. 85% des infrastructures sont mutualisées entre les deux réseaux. 60% des coûts informatiques pérennes sont aussi mutualisés. Les fonctions risque, conformité et finance sont aussi partagées à travers les trois réseaux bancaires (Société Générale, Crédit du Nord et Boursorama) Sur ces parties-là, il y a donc peu de marge de progression", souligne Lorraine Quoirez.

Par ailleurs, même avec la création d'une banque de détail unique regroupant 10 millions de clients, la nouvelle structure restera loin derrière les mastodontes du secteur.  A titre de comparaison, le groupe Crédit agricole, LCL inclus, compte 24 millions de clients, quand les Caisses d'Epargne en comptent 19 millions.

5 -Les emplois sont-ils menacés ?

Dans le communiqué de presse, la banque au logo rouge et noir n'évoque aucune fermeture d'agence et prône même la complémentarité des deux réseaux. Reste que ce projet de rapprochement a pour objectif de dégager des économies, la banque ayant été lourdement pénalisée par la crise avec près d'1,6 milliard d'euros de pertes au premier semestre.

Cité dans le communiqué de presse, Frédéric Oudéa, le patron de Société Générale, explique par ailleurs vouloir tirer "toutes les leçons de la crise sanitaire et économique et de l'évolution permanente des besoins des clients". Or, la crise a largement favorisé les usages bancaires en ligne. Cela pourrait donc se traduire par une rationalisation du nombre d'agences et donc par des suppressions d'emplois.

De son côté, le SNB CFE CG estime qu'entre 1.500 et 2.000 emplois sont menacés, notamment en raison des doublons au niveau du back office au sein des différents sièges sociaux, le groupe Crédit du Nord étant composé de neuf banques régionales.

"Les salariés du Crédit du Nord sont très inquiets et ne veulent pas payer les pots cassés de la stratégie courtermiste de Société Générale", rapporte Frédéric Guyonnet.  "Cette annonce a clairement été faite pour rassurer les actionnaires", dénonce-t-il.

Société Générale est clairement sous pression. Depuis le début de l'année, l'action du groupe bancaire a perdu plus de 60% de sa valeur et sa capitalisation boursière est désormais inférieure à 10 milliards de dollars.

6 - Quels défis la direction devra-t-elle relever ?

Il faudra d'abord convaincre les partenaires sociaux. Et, cette annonce vise vraisemblablement à entamer les négociations afin de présenter un plan stratégique plus précis au printemps prochain.

"L'exercice de la réduction des coûts se fera sur plusieurs années et non dans l'immédiat", prévient Lorraine Quoirez. "Concernant les revenus, il faudra limiter la perte de clients. Il faudra aussi démontrer qu'il ne s'agit pas uniquement d'une fusion défensive, c'est-à-dire liée à un contexte macroéconomique peu porteur, mais une fusion qui a du sens et qui permettra de nouvelles initiatives commerciales et donc des gains de parts de marché".

Fin 2019, Société Générale détenait 9% des parts de marché sur les prêts, loin derrière les caisses régionales du Crédit agricole avec 23% de parts, les Caisses d'Epargne avec 13% ou encore le Crédit Mutuel avec 12%.

Juliette Raynal

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Commentaires 2
à écrit le 06/10/2020 à 13:17
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Il est urgent que SG fusionne avec BPCE qui a échoué l'internationalisation et la digitalisation de son réseau, la migration stratégique de Crédit Foncier et désormais celle de Natixis...

à écrit le 23/09/2020 à 22:46
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Il est vital de séparer la banque de depot de la banque des affairistes losers comme Oudea , Bouton , Pebereau tous descendants de Haberer . Il devrait tous être à Mon faucon !

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