eCap Partner, cette startup qui vient bousculer l’univers des banques d’affaires

Fondée il y a quatre ans par deux jeunes diplômés de l’EM Lyon, cette banque-conseil en fusions et acquisitions, spécialisée dans le secteur du numérique, travaille aujourd’hui sur des opérations de plusieurs millions d’euros.
Christine Lejoux
A eux deux, Numa Bourragué (à gauche) et Quentin Molinié, directeurs associés d’eCap Partner, n’ont pas soixante ans.

Sauf leur respect, les directeurs ou les associés de banques d'affaires sont généralement des messieurs - plus rarement des dames - âgés d'une quarantaine d'années, au moins. Ce n'est pas le cas de Numa Bourragué et de Quentin Molinié. A eux deux, les directeurs associés d'eCap Partner n'ont pas soixante ans. Diplômés d'une grande école de commerce - l'EM Lyon - et forts d'expériences au sein des relations investisseurs de Lagardère pour l'un, et chez Natixis pour l'autre-, ils pouvaient légitimement prétendre à un poste dans une grande banque. Trop facile. Ces entrepreneurs de la génération Y ont préféré lancer leur propre banque d'affaires, il y a quatre ans, aux côtés des Lazard, Rothschild et autres grands noms du conseil en fusions-acquisitions. « Le conseil en M&A (mergers and acquisitions) est un très vieux métier, qui n'a pas été « disrupté » depuis longtemps », argumente Numa Bourragué.

Certes, mais comment se faire une place sur un marché français très concurrentiel, où la réputation et les relations tissées depuis des années entre chefs d'entreprise et banquiers-conseil jouent un rôle primordial ? « Ce qui nous différencie, c'est notre ultra-spécialisation sur le digital et l'aspect générationnel. Nous avons le même âge que nos clients, nous comprenons très bien leurs impératifs et savons valoriser leurs activités », explique Numa Bourragué. En effet, alors que la plupart des banques d'affaires ont un profil généraliste, les deux compères ont choisi, eux, de se consacrer au secteur du numérique uniquement. Constatant que nombre de webmasters s'achetaient et se revendaient des portails Internet entre eux, Numa Bourragué et Quentin Molinié se sont d'abord positionnés sur cette niche.

Désormais en concurrence avec les grandes banques d'affaires

Rapidement, ils sont montés en gamme, travaillant sur la cession d'éditeurs de jeux sur les réseaux sociaux, de régies publicitaires sur Internet, jusqu'à accompagner les groupes de médias M6, Sud-Ouest et NRJ dans leur quête de pépites du numérique. Le dernier fait d'armes de ces banquiers-startuppers ? Ils ont conseillé Mixicom dans le cadre de son rachat par Webedia (groupe Fimalac), en septembre dernier. Avec cette opération, les deux jeunes banquiers d'affaires ont changé de dimension : le réseau de chaînes You Tube Mixicom, où sévissent les jeunes humoristes du net Norman et Cyprien, c'est 30 millions d'abonnés et un chiffre d'affaires de 17 millions d'euros. Une opération sur laquelle les grandes banques d'affaires traditionnelles n'auraient pas craché. « Nous avons attaqué le marché par le bas, avec des transactions de quelques centaines de milliers d'euros, qui n'étaient pas rentables pour les acteurs classiques du M&A. Aujourd'hui, nous travaillons sur des deals de plusieurs millions d'euros, pour lesquels nous nous trouvons en concurrence avec les grandes banques d'affaires traditionnelles », confirme Quentin Molinié.

Une concurrence qui risque de devenir d'autant plus vive que les banques d'affaires classiques sont bien évidemment conscientes, elles aussi, du potentiel que représente la transformation digitale de l'économie pour le marché des fusions-acquisitions. L'an dernier, à l'échelle mondiale, les entreprises issues de secteurs traditionnels ont réalisé un total de 31 milliards de dollars d'acquisitions dans le domaine du digital, un record depuis l'explosion de la bulle Internet, en 2000, selon Thomson Reuters. A tel point qu'en mars dernier, BNP Paribas a créé une équipe de conseil en fusions-acquisitions spécialement dédiée au secteur du numérique. De quoi commencer à échafauder des scénarios de rapprochement entre eCap et une banque d'affaires généraliste... « Nous sentons des marques d'intérêt de la part des grandes banques mais nous ne cherchons pas à vendre eCap », rétorque Quentin Molinié.

Bientôt une présence aux Etats-Unis

Pour l'heure, c'est sur l'internationalisation de leur banque que planchent les deux jeunes patrons, à l'horizon de 12 ou 18 mois. Inutile de leur demander dans quel pays d'Europe : pour eux, « Londres, dans ce métier, c'est la région. » Ce sont donc tout bonnement les Etats-Unis que vise eCap Partner. Pour cela, ses dirigeants attendent la bonne occasion, laquelle devrait se présenter sous la forme de « la levée de fonds d'une pépite française auprès d'investisseurs étrangers. »

Car oui, Numa Bourragué et Quentin Molinié donnent également dans le conseil en levée de fonds. Le million d'euros levé cette année auprès d'Iris Capital et de Kerala Ventures par le spécialiste de la publicité programmatique mobile Adotmob ? Ce sont eux, et leurs (bientôt) trois collaborateurs. Veillés, toutefois, par les six bonnes fées présentes au capital et au comité consultatif d'eCap, que sont notamment Gilles Copin et David Laurent, des anciens d'Edmond de Rothschild Coporate Finance. Mais qu'on ne s'y trompe pas : les principaux actionnaires de la jeune banque d'affaires demeurent ses deux fondateurs.

Christine Lejoux

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Commentaire 1
à écrit le 27/10/2015 à 7:49
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Une boutique de plus, rien de plus. On leur souhaite plein de sucées tout de même.

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