COP21 : la nouvelle mouture du texte attendue samedi à midi

Les discussions vont bon train au sein des groupes de travail et à l’extérieur, pour parvenir à la version intermédiaire qui doit être remise à Laurent Fabius ce samedi.
Dominique Pialot
Dans la délégation française, on se montre pourtant serein et on se félicite d'un process qui se déroule jusqu'à présent sans heurts.

Après les déclarations des chefs d'Etat et les annonces des premiers jours, la COP est entrée mercredi dans le dur des négociations. Un nouveau projet de texte a été publié jeudi matin, passé de 54 à 50 pages, mais comportant encore 250 options et plus d'un millier de crochets...Les groupes de travail transversaux ont continué d'y plancher depuis, pour produire ce vendredi matin une nouvelle version intermédiaire, qui devra être nettoyée avant d'être présentée à Laurent Fabius samedi à midi.

Jeudi, les commentaires des ONG allaient bon train. Globalement, elles regrettent le nombre d'options qui restent ouvertes à ce stade, mais reconnaissent des avancées sur certains points, notamment le principe de révision des engagements tous les cinq ans ou les actions à mener pendant la période pré-2020, date à laquelle doit entrer en vigueur l'accord de Paris. La transparence des méthodes employées pour cela fait néanmoins encore l'objet de discussions serrées, et l'objectif de long terme demeure encore flou, alors qu'elles souhaiteraient qu'il comprenne la décarbonation totale de l'économie et 100% d'énergies renouvelables. En dehors des groupes de travail, transversaux ou thématiques (adaptation, transferts de technologie, objectif de long terme...), de nombreuses discussions informelles se tiennent en permanence.

Le G77 tape du poing sur la table

Jeudi, le puissant groupe G77 + Chine (en réalité 133 pays, essentiellement des pays en développement, mais aussi la Chine, l'Inde et le Brésil), qui avait déjà publié mercredi soir un communiqué en forme d'avertissement, tenait une conférence de presse pour insister sur la nécessité de clarifier le volet financier de l'accord, dont dépendra, selon eux, la réussite ou l'échec de la COP21. La Sud-Africaine Nozipho Mxakato-Diseko, qui préside ce groupe, a plusieurs fois montré du doigt un groupe de pays faisant obstruction à l'avancée de ce sujet. Bien qu'elle se soit refusée à les nommer, elle accuse en premier lieu les pays qui n'avaient pas ratifié le protocole de Kyoto ou s'en étaient retirés, à savoir les Etats-Unis, le Canada ou le Japon.

Dans la délégation française, on se montre pourtant serein et on se félicite d'un process qui se déroule jusqu'à présent sans heurts. Il est de bonne guerre à ce stade des négociations que chacun « crante » ses positions. On reconnaît néanmoins que de nombreux pays repoussent à la semaine prochaine les sujets qui fâchent, notamment la différenciation (entre pays développés et en développements, entre gros émetteurs historiques et pays les plus vulnérables aux effets du changement climatique...), la finance et la transparence. Mais l'on insiste sur l'absence de processus parallèle et de plan B, contrairement à ce qui s'était passé à Copenhague, provoquant la colère des pays en développement, furieux de découvrir l'existence d'un projet d'accord auquel il n'avaient pas été associés.

La baisse des émissions compatible avec la croissance économique

S'il n'est pas question de montrer explicitement du doigt tel ou tel pays, on comprend à demi-mot dans les réponses aux journalistes que l'Arabie Saoudite ou l'Argentine, par exemple, ne rendent pas les choses faciles. Pour cette dernière, il n'est pas interdit d'espérer que le changement de gouvernement en cours ne débouche sur de meilleures intentions, comme cela a été le cas récemment pour le Canada ou l'Australie.

Comme le souligne une négociatrice, ce qui importe réellement, c'est l'impact qu'aura l'accord de Paris sur l'économie réelle. Selon les conclusions du Deep Decarbonization Pathways Project (« Trajectoires de décarbonation profonde »), un projet de recherche mené par l'Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri), les principaux pays émetteurs pourraient diviser leurs émissions de gaz à effet de serre par deux d'ici 2050 avec une population globale en hausse de 17% et une croissance économique annuelle de 3,1 % en moyenne.

Pendant ce temps, en marge de la conférence, les prix Pinocchio du climat ont été décernés à Chevron, EDF et BNP Paribas, pour « leur responsabilité dans l'affaiblissement des politiques climatiques et l'impact de leurs activités sur les communautés locales ». Preuve qu'il reste encore un peu de chemin à parcourir avant de faire converger les acteurs économiques dans une même direction sans recourir à la sanction, comme devrait le faire un accord climatique efficace...

Dominique Pialot

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Commentaires 2
à écrit le 04/12/2015 à 9:32
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J'espère que le texte sera écrit au crayon à papier, pas de stylo avec de l'encre polluante et des corps plastiques obtenus à partir du pétrole. Le tout sur papier recyclé voir papier maïs biodégradable................ E t à la fin vous savez qui va ...

à écrit le 04/12/2015 à 8:26
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Un accord sur le climat (une taxe) doit être favorable à l'économie suivant l'usage de cette taxe. Nous avons le temps de l'appliquer avant 2020 à titre d'exemple.

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