2016, le big bang de la décarbonation ?

Alors que la COP21 débutera ce lundi à Paris, un groupe d'entreprises a formulé des recommandations précises à l'intention des négociateurs. Tour d'horizon.
Bien au-delà des 100 milliards de dollars annuels promis par les riches aux pays en développement à partir de 2020, ce sont des milliers de milliards de dollars qui seront nécessaires pour financer une économie bas carbone.

Au sein de l'ONU comme de la présidence française de la conférence, le meilleur accueil est réservé aux entreprises en marge des négociations de la COP21. Un « agenda positif » est même consacré à leurs solutions, et à celles des villes, pour lutter contre le changement climatique. Depuis des mois, elles rivalisent donc d'engagements à passer à 100 % de renouvelables, à devenir « neutres en carbone » ou à cesser d'investir dans le charbon (la Société générale et la BNP viennent de prendre une initiative en ce sens). La dernière annonce sur ce front revient cette semaine au géant de l'assurance Allianz. Point commun à toutes ces entreprises, jusqu'aux principaux acteurs de l'industrie pétrolière, un appel unanime à l'instauration d'un prix du carbone. Elles sont déjà plus d'un millier à appliquer en interne, de manière fictive, ce qu'elles considèrent comme l'instrument le plus efficace pour les inciter à verdir leurs stratégies et leurs investissements.

We Mean Business, coalition internationale réunissant près de 280 entreprises, réalisant un chiffre d'affaires global de 6 000 milliards de dollars, et plus de 140 investisseurs gérant 20 000 milliards de dollars d'actifs, n'échappe pas à ce concert. Mais, loin d'en rester aux incantations, ses membres parmi lesquels Ikea, Unilever, EDF, Engie, La Poste, Schneider, Total, Veolia et Saint-Gobain ont précisé cette semaine les signaux qu'attend le secteur privé pour réorienter sa stratégie et ses investissements vers une économie bas carbone. Mieux, dans un courrier adressé aux négociateurs, ils proposent les termes qui devraient remplacer dans le texte final de l'accord ceux du projet initial.

Une obligation à rendre compte des résultats

En plus d'un prix du carbone, ils souhaitent que l'objectif de suppression totale des émissions soit fixé bien avant la fin du siècle et que les engagements (ceux des États comme ceux des entreprises) soient révisés tous les cinq ans à partir de 2020. En termes de gouvernance, ils demandent la transparence sur les engagements des États, et une obligation à rendre compte des résultats. Les entreprises, rappellent-ils, y sont déjà soumises vis-à-vis de leurs parties prenantes. Une telle exigence passe par l'harmonisation du cadre et l'utilisation d'indicateurs communs à tous, ce qui est aujourd'hui loin d'être le cas. La finance est au premier rang de leurs préoccupations.

Bien au-delà des 100 milliards de dollars annuels promis par les riches aux pays en développement à partir de 2020, ce sont des milliers de milliards de dollars qui seront nécessaires pour financer une économie bas carbone. Pour Nicholas Stern, de 5 000 à 6 000 milliards doivent ainsi être investis dans les infrastructures « vertes ». C'est pourquoi We Mean Business insiste sur le besoin de mesures propres à réorienter massivement l'ensemble de la finance. Pour Abyd Karmali, directeur général de la finance climat à Bank of America Merill Lynch, « l'année 1986 a été l'année du big bang sur les marchés financiers ; 2016 pourrait être celle du big bang de la décarbonation ».

Enfin, rappelant que les entreprises subissent déjà les conséquences du changement climatique, We Mean Business appelle à clarifier un objectif à long terme et un renforcement des mécanismes d'adaptation incitant à investir dans des économies plus résilientes. Pour favoriser un déploiement accéléré des solutions, ses membres proposent de confier à des personnalités issues du monde des affaires et du monde politique un groupe de travail destiné à rehausser les ambitions avant même 2020, de manière à généraliser les technologies bas carbone et d'en abaisser le coût, favorisant une transformation plus précoce de l'économie. Pour ces entreprises engagées, l'accord de Paris sera un succès s'il apparaît comme un catalyseur et un point de bascule pour que tous, gouvernements et secteur privé de concert, soient incités à agir dans ce sens.

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Commentaires 3
à écrit le 30/11/2015 à 21:46
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Le temps de la COP21 , les entreprises les plus polluantes vont distribuer des prospectus publicitaires en papier recyclé et parrainer un panda dans un zoo de Pekin pour s'acheter une conscience verte.

à écrit le 30/11/2015 à 20:31
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Va-t-on demander aux producteurs de pétrole de fermer les robinets ? Ça évitera de le brûler. Faudra quand même laisser une fuite pour la pétrochimie. La déforestation massive est criminelle.

à écrit le 30/11/2015 à 13:40
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L'explosion démographique est la première cause de l'augmentation du gaz carbonique

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