COP21 : Après les annonces, place aux négociations

Si Laurent Fabius et Christiana Figueres, Madame climat à l’ONU, se félicitent de l’impulsion donnée à la COP21 grâce à la présence de 150 chefs d’Etats et de gouvernements lundi à l’ouverture de la Conférence et aux diverses annonces faites lors des deux premiers jours, la façon dont cette dynamique va influencer les négociateurs et se traduire dans le texte final reste incertaine.
Dominique Pialot
Parmi les motifs de satisfaction pour l'ONU et la présidence française de la COP : les promesses de fonds supplémentaires dédiés, notamment, aux énergies renouvelables dans les pays en développement.

En plus des 150 déclarations de lundi, où les termes d'urgence, de responsabilité et de justice ont été prononcés à de nombreuses reprises, certains responsables politiques et non des moindres se sont exprimés en marge de la COP. C'est notamment le cas de Barak Obama, qui a affirmé son optimisme quant au succès de la Conférence, et approuvé le caractère contraignant de certaines clauses telles que la révision régulière des engagements et la transparence sur ce processus. En revanche, rien de tel concernant le respect des engagements eux-mêmes...

Ce sont désormais 185 pays qui ont à ce jour soumis leurs engagements de réduction de leurs émissions (contributions nationales). Ne manquent plus à l'appel que des pays producteurs de pétrole (Venezuela, Nicaragua, certains pays du Golfe) et d'autres en situation difficile (Libye, Syrie, Népal). Les contributions déposées couvrent environ 96% des émissions mondiales. Et Laurent Fabius ne manque pas de rappeler qu'il s'agit là d'un exercice inédit pour nombre des Etats, quand bien même le cumul des contributions ne suffit pas à nous mettre sur la bonne trajectoire, celle permettant de limiter la hausse des températures à 2°C, et moins encore à 1,5°C comme le réclament certains pays. Entre autres, les 43 membres du « Forum des pays les plus vulnérables », qui ont fait lundi soir une déclaration très remarquée, en demandant pour rester sous cette limite de viser le décarbonation totale de l'économie et de passer à 100% d'énergies renouvelables à l'horizon 2050. Pour les féliciter de cette initiative, les ONG réunies du réseau CAN (Climate action network) leur ont exceptionnellement décerné un « Rayon du jour », en lieu et place du « Fossile du jour » qui dénonce chaque soir les pays les plus mauvais élèves.

Les investisseurs se détourent toujours plus de charbon

Autres motifs de satisfaction pour l'ONU et la présidence française de la COP : les promesses de fonds supplémentaires dédiés, notamment, aux énergies renouvelables dans les pays en développement. Sur ce sujet, après la « Mission Innovation » et l'Alliance solaire internationale annoncées lundi, François Hollande a précisé les engagements français dans le cadre du mini sommet africain qui s'est tenu mardi : deux milliards pour l'aide au climat en Afrique, dont 400 M$ pour les renouvelables, ainsi que des fonds pour l'adaptation.

A l'inverse, de nouveaux signaux indiquent que les énergies fossiles n'ont plus le vent en poupe. 350.org et Divest/Invest, qui orchestrent le mouvement de désinvestissement, ont ainsi annoncé une envolé du montant d'actifs concernés sur les trois derniers mois. En septembre, le compteur affichait quelque 2600 Mds$, pour environ 400 institutions. En dix semaines, on est passé à 3400 Mds$, gérés par 500 institutions. Le président de la fondation Rockefeller, la présidente de la fondation « Ensemble », créée par le fondateur de Pierre & Vacances, ou encore le président du sénat californien sont venus expliquer que leur décision de céder leurs actifs dans le secteur des énergies fossiles s'appuyait aussi bien sur des considérations économiques et financières, qu'éthiques.

Pour Laurent Fabius, il « faut accélérer sur la rédaction du texte »

Concernant le texte lui-même, une nouvelle version doit être rédigée d'ici vendredi matin pour être remise à Laurent Fabius au plus tard samedi en milieu de journée, et servir de base aux négociations proprement dites la semaine prochaine. Le Président de la COP21 n'a de cesse de répéter qu'il « faut accélérer », Christiana Figueres avertissant pour sa part qu'il y aura « beaucoup de hauts et de bas, de virgules enlevées et ajoutées » d'ici la version définitive.

Depuis lundi des groupes de travail planchent sur les différents points du projet d'accord. Les ONG restent attentives sur plusieurs sujets : le financement, notamment sur l'adaptation, qui souffre aujourd'hui d'un certain flou et n'atteint pas les niveaux nécessaires, alors même qu'il s'agit d'un point essentiel pour emporter l'adhésion des pays en développement ; le mécanisme de révision des objectifs, le système de l'auto-différenciation ayant permis aux Etats de se les fixer eux-mêmes sur la base du volontariat ; le chapitre « pertes et dommages » qui doit rester inscrit dans le texte et ne pas se limiter à des promesses extérieures d'assurances innovantes destinées aux plus menacés par le réchauffement...

Saluant les initiatives de certains pays et les engagements de certains acteurs privés, elles craignent néanmoins que ce fourmillement de solutions à l'extérieur des négociation masque un texte décevant à l'arrivée. Enfin, elles déplorent la forte présence des entreprises et de l'infiltration de « fausses solutions » telles que le nucléaire...

Dominique Pialot

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Commentaires 7
à écrit le 03/12/2015 à 20:03
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Le Nicaragua, producteur de pétrole?! plutôt producteur d'énergies renouvelables! 52 % de son électricité vient de sources renouvelables. Il envisage 90% pour 2020, et 94% pour 2027.

à écrit le 03/12/2015 à 12:50
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Cette COP21 aura permis de sensibiliser les Français au problème de l'énergie. Il reste encore beaucoup à faire pour donner toute sa place au role de l'énergie dans le développement de l'économie.

à écrit le 03/12/2015 à 11:36
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Et l'état d'urgence, c'est valable aussi pour eux ? parce qu'ils pourraient être assignés à résidence si jamais leurs décisions provoquaient un trouble de l'ordre public...

à écrit le 03/12/2015 à 10:24
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Beaucoup de simagrées mais incapables de gérer le problème du Diesel en France ...

à écrit le 03/12/2015 à 9:40
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Ils sont très contents d'eux-mêmes. A coté de cela, les dépenses et les nuisances sont insignifiantes, d'autant que ce sont les contribuables qui paient.

à écrit le 03/12/2015 à 9:13
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On se sera beaucoup félicité, on aura beaucoup salué, encouragé, impulsé, réfléchi, proposé, débattu, applaudi, englouti des tonnes de petits fours, de shrimps cocktails, de jus d'orange, au début, du vin et du champagne aussitôt après, des litres de...

à écrit le 03/12/2015 à 8:43
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"auto" - satisfaction : hybride au minimum, à élastique et pédales, au mieux !!!!

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