COP21 : une chaîne humaine brave l'interdiction de manifester à Paris

"Plus de 10.000" personnes selon les organisateurs, 4.500 selon la police, ont participé dimanche à la chaîne humaine à Paris pour dénoncer "l'état d'urgence climatique" à la veille de l'ouverture de la COP21.

Alors que la marche pour le climat prévue la veille de l'ouverture de la COP21 par la Coalition climat, regroupant 130 organisations, a été annulée à la suite de l'interdiction de manifester décrétée dans le cadre de l'état d'urgence imposé en France après les attentats, « plus de 10.000" personnes selon les organisateurs, 4.500 selon la police, ont participé ce dimanche à l'initiative d'Attac et d'Alternatibal à la chaîne humaine à Paris, le long d'un boulevard de l'Est de la capitale, pour dénoncer "l'état d'urgence climatique" à la veille de l'ouverture de la COP21.

"C'est extrêmement satisfaisant vu le contexte actuel. Il y avait beaucoup de gravité, de dignité sur les trottoirs. Un puissant courant passait entre les mains. C'est un plaisir d'avoir pu soulever le couvercle qui pèse sur la société française depuis les attentats", a affirmé lors d'une conférence de presse Geneviève Azam, porte-parole d'Attac.

Des heurts entre manifestants et forces de l'ordre

La préfecture de police a de son côté fait état de 4.500 participants à la chaîne humaine ou de personnes rassemblées sur la place de la République. Des heurts ont éclaté entre les manifestants et les forces de l'ordre.

Pendant une heure à la mi-journée sur le boulevard Voltaire, les manifestants se sont tenus par la main avant de se disperser, sans que les policiers interviennent.

"On a ré-enclenché un cycle de mobilisation", a jugé Jon Palais, porte-parole d'Alternatiba, qui disait s'attendre à "plusieurs milliers" de participants avant la manifestation selon lui "ni autorisée ni interdite".

"Dix mille personnes c'est beaucoup dans le contexte fataliste post-attentats, s'est-il félicité. "On a brisé l'état de stupéfaction dans lequel nous ont plongés les attentats, l'état d'urgence et les interdictions de manifester", a-t-il estimé, regrettant toutefois "une faute du gouvernement d'avoir interdit les manifestations. Cela empêche de lancer le bon signal pour la société civile".

 Des milliers de chaussures à République

Par ailleurs, plusieurs milliers de chaussures ont recouvert dimanche matin la place de la République à Paris, d'où devait partir la marche pour le climat, annulée après les attentats de Paris.

"Plus de quatre tonnes" de chaussures ont été collectées depuis une semaine, explique à l'AFP Emma Ruby Sachs, directrice adjointe d'Avaaz, mouvement mondial de mobilisation citoyenne, à l'initiative de l'opération.

Ce gigantesque parterre, qui recouvre un bon tiers de la place de la République, est "un monument symbole de la détermination des gens à être écoutés", ajoute Mme Ruby Sachs. La statue au centre de cette place s'est imposée aux Parisiens comme lieu de rassemblement et mémorial spontané après les attentats qui ont endeuillé la capitale le 13 novembre.

Tous les souliers ont été orientés vers la place de la Nation, où la manifestation devait s'achever.

"C'est une expérience incroyable que de déambuler entre ces milliers de paires. Les gens peuvent ressentir la douleur des voix réduites au silence mais aussi l'espoir que cette conférence puisse sauver la planète", développe-t-elle.

Les bras chargés de trois paires, Raphaël, 24 ans, doctorant à Louvain-la-Neuve (Belgique), est venu exprès de Bruxelles pour participer à l'événement. "C'était plus important pour moi de pouvoir manifester, mais au moins, ça montre que beaucoup de personnes se seraient déplacées", se console-t-il.

Parmi les chaussures d'anonymes, se sont glissées quelques paires VIP: les runnings du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, les bottines de l'actrice Marion Cotillard, les talons aiguilles de la célèbre styliste Vivienne Westwood. "Même le pape François a envoyé une paire", ajoute une membre de la campagne Avaaz.

Un peu plus loin, à proximité du Bataclan, où 90 personnes ont été tuées lors des attentats, plusieurs représentants de communautés des îles Pacifique et d'Amérique latine, vêtus de leurs habits traditionnels, ont organisé "une cérémonie d'apaisement" faites de chants, de danses guerrières et de poésie pour associer la mémoire des victimes à l'urgence climatique.

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