Mobilisation historique d’élus locaux sur le climat autour d’Anne Hidalgo

A l'initiative de la ville hôte de la COP21, la contribution des villes à la lutte contre le changement climatique se traduit en engagements précis et prend une ampleur sans précédent.
Dominique Pialot
C'est la première fois qu'autant d'édiles locaux, membres de plusieurs réseaux fortement impliqués sur ces thématiques (CGLU, ICLEI, C40, AIMF et CCRE), se réunissent en parallèle d'une conférence internationale sur le climat.

Présent à l'ouverture du Sommet des élus locaux pour le climat vendredi 4 décembre au matin aux côtés d'Anne Hidalgo et de Michael Bloomberg, François Hollande s'est dit « aussi fier » d'accueillir quelque 900 maires et élus locaux qu'il l'avait été d'accueillir 150 chefs d'Etat au Bourget lundi à l'ouverture de la COP21.

Les édiles de Rio de Janeiro, Santiago du Chili, Milan, Athènes, Londres, Bordeaux, Copenhague, Berlin, Londres, Sydney, Séoul, Shanghai, New Delhi, Pékin, Bamako, Dakar, Johannesburg, Chicago, Los Angeles, Montréal, Vancouver...étaient réunis ce matin à l'invitation lancée le 30 juin dernier par la Maire de Paris et l'ancien maire de New-York et secrétaire général des Nations Unies pour les villes et le climat, Michael Bloomberg. Des personnalités impliquées sur le sujet du changement climatique, dont les acteurs Robert Redford et Leonardo DiCaprio, l'ancien gouverneur de Californie Arnold Schwarzenegger ou l'ancien Vice-président américain Al Gore se sont joints à eux pour offrir une  standing ovation à Anne Hidalgo, qui a maintenu ce sommet et en a finalisé la préparation dans le contexte particulièrement difficile de ces dernières semaines. Elon Musk, le patron de Tesla, qui a entrepris de révolutionner la mobilité électrique et le stockage d'énergie, avait lui aussi fait le déplacement, pour rappeler l'importance d'attribuer un prix au carbone afin de favoriser un déploiement plus rapide des solutions bas carbone dans le monde.

La moitié de l'équation climatique mondiale

C'est la première fois qu'autant d'édiles locaux, membres de plusieurs réseaux fortement impliqués sur ces thématiques (CGLU, ICLEI, C40, AIMF et CCRE), se réunissent en parallèle d'une conférence internationale sur le climat. Ce qui n'a rien d'un hasard, car les villes et les régions (les « acteurs infra-nationaux ») sont en première ligne dans cette lutte contre le changement climatique, et à plusieurs titres : parce que la moitié de la population mondiale vit déjà dans des villes et que cette proportion va atteindre 75% d'ici 2050 ;  parce que les villes, responsables de 70% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, sont aussi particulièrement menacées par les effets du changement climatique, notamment la montée du niveau de la mer pour les villes côtières ; et, surtout, parce que les élus locaux sont les acteurs incontournables de la mise en œuvre des solutions, grâce à leur proximité avec les citoyens et à des prérogatives qui ne cessent de s'élargir à des sujets essentiels comme les transports, le logement et les bâtiments publics et, de plus en plus, l'énergie.

En mars déjà, Anne Hidalgo avait convié les maires des métropoles européennes à une journée d'échanges qui s'était conclue par une déclaration commune. Ils s'y engageaient à rendre compte périodiquement et publiquement des efforts entrepris dans la lutte contre le dérèglement climatique, à renforcer leur coopération et leur partage d'expérience avec les villes du monde entier et à investir en priorité sur les secteurs les plus émetteurs de gaz à effets de serre. Certains (dont Paris) s'étaient regroupés dans la perspective de commandes publiques communes pour des véhicules électriques, une façon de créer la masse critique indispensables pour que les industriels, assurés de l'existence d'un marché, puissent développer leurs solutions en toute sérénité.

Les 1er et 2 juillet derniers, Lyon et la Région Rhône-Alpes avaient également accueilli un « Sommet mondial climat et territoires », réunissant de nombreux réseaux de collectivités locales, d'ONG et de représentants d'entreprises.

Autant d'initiatives qui font écho à la nécessité, martelée par François Hollande ce matin, « d'agir au plan local pour peser au plan global ». Anne Hidalgo a pour sa part rappelé que ces élus locaux, qui représentent 700 millions de citoyens agissant sur le climat, savent « mener de front la transition écologique et le débat démocratique. » Cette mobilisation historique « peut résoudre la moitié de l'équation climatique mondiale », a-t-elle affirmé, en « agissant à la seule échelle qui vaille, l'échelle humaine. »

Faciliter l'accès des collectivités aux financements dédiés au climat

« Vous avez voulu être partie prenante de la négociation, vous êtes là pour montrer qu'il y a des solutions », a insisté François Hollande, qui a prôné l'émergence « d'autres formes d'urbanisation », des « villes vertes, durables, à énergie positive ». Le Président a insisté sur le volet financement de l'accord en gestation au Bourget. Si la mobilisation des fonds est un des défis de la COP, son déploiement implique qu'il y ait des projets. « Et les projets c'est vous » a-t-il rappelé, soulignant qu'il s'agissait presque autant de faciliter l'accès des acteurs locaux à ces fonds, que du montant des fonds à proprement parler. Et aussi, du transfert de technologies vers les pays en développement, autre sujet âprement débattu dans l'enceinte onusienne.

Etre opérationnels au quotidien, inventer et mettre en œuvre demain avec les citoyens, « c'est ce que nous faisons en ayant des solutions, c'est ce que nous ferons en étant la solution », a martelé Anne Hidalgo en clôture de son discours.

Cette mobilisation des acteurs non gouvernementaux fera l'objet demain de la « Journée de l'action », qui viendra clore le Plan d'Action Lima-Paris, réservé aux initiatives de la société civile en marge de la COP21. Introduite par Laurent Fabius et clôturée par François Hollande et Ban Ki-moon, elle a pour objectif de mettre en valeur les initiatives et les engagements les plus emblématiques pris dans le cadre de ce plan les Etats et les acteurs non étatiques (collectivités locales, secteur privé, société civile dans sa diversité), et de montrer, à travers les actions déjà menées, à quoi pourrait ressembler un monde sobre en carbone et résilient aux impacts du changement climatique.

Concrètement, dans une déclaration finale publiée à l'issue du sommet, les élus locaux prennent plusieurs engagement : apporter une "contribution décisive" à la COP21 ; réduire de 3,7 gigatonnes les émissions annuelles de gaz à effet de serre (GES) dans les zones urbaines d'ici à 2030 et "soutenir des objectifs ambitieux en faveur du climat", comme la transition vers une énergie 100 % renouvelable ou une réduction de 80 % des émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2050.

Une ambition commune qui se veut à la hauteur des enjeux, par-delà les mandats électoraux des uns et des autres. « Nous serons jugés pour demain si nous avons réussi et encore davantage et si nous avons échoué », a lancé François Hollande en clôture de son discours.

Dominique Pialot

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Commentaires 4
à écrit le 05/12/2015 à 10:18
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C’est vrai le climat se réchauffe, surtout dans la société civile, on voit bien le mercure monter, les nuages s'ammoncellés, beaucoup sortent couverts, trop couverts, il y a de l'électricité dans l'air et ça pourrait bien tourner à l'orage avec de sé...

à écrit le 04/12/2015 à 23:48
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Du bruit, rien que du bruit. Pour faire, il faut de l'argent, quand il n'y en a plus, il reste la parlote, qui ne coute pas grand chose, et ça, c'est une spécialité socialiste, Hidalgo en sait donc quelque chose. Marchands de plumes, et d'émotion, po...

à écrit le 04/12/2015 à 22:37
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Mme Hidalgo? ecologiste? ecologiste d'opportunité. quel cinema!!! les voitures hybrides qui polluent plus que des bons diesels. Ecologiste pour recuperer des voix mais quid des parisiens? Paris c'est 12 millions d'habitants. Elle se moque des gens qu...

le 05/12/2015 à 10:08
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Les résultats de dimanche ne changeront rien, d'autres se serviront comme ils le font depuis des années , le contraire est un doux rêve et sera un espoir déçu formule par des tricheurs et des malsains.

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