Huile de palme : la banque HSBC épinglée par Greenpeace

La banque britannique est accusée par l'ONG de faciliter les emprunts pour des sociétés mises en cause dans la destruction de forêts en Indonésie. HSBC se défend en affirmant mettre le développement durable au centre de ses priorités.
Grégoire Normand
L'Indonésie est le premier producteur mondial d'huile de palme.

L'huile de palme fait à nouveau polémique. L'organisation internationale Greenpeace vient de publier un rapport intitulé "Dirty Bankers" dans lequel elle s'est intéressée aux liens financiers entre HSBC et des entreprises qui travaillent dans l'huile de palme.

Avec plus de 31 millions de tonnes d'huile produites en 2015, l'Indonésie est le premier fournisseur au monde représentant plus de 52% de la production totale. Et ce pays ne compte pas s'arrêter là. D'après un document de la Cnuced, l'Indonésie "ambitionne de réaliser 40 Mt en 2020". La pratique de la déforestation devrait donc s'amplifier dans les années à venir.

Des engagements non respectés

L'ONG critique avant tout la position ambivalente de l'établissement vis à vis de l'environnement :

"Malgré ses engagements en faveur du développement durable, HSBC a établi ou maintenu, au cours des dernières années, des liens financiers (notamment via l'octroi ou le montage de prêts) avec des entreprises et des groupes qui travaillent dans l'exploitation de l'huile de palme en Indonésie et dont les activités sont loin d'être durables."

HSBC aurait participé au montage de prêts estimés à 16,3 milliards de dollars ainsi qu'à la souscription d'obligations d'environ deux milliards de dollars depuis 2012. Ces prêts auraient été consentis pour six entreprises. L'organisation environnementale a ainsi étudié des données financières et rapports de gestion qui révèlent des connexions avec des sociétés de production d'huile de palme qui ne respecteraient pas certaines directives en matière de déforestation. Parmi elles, on peut citer "Bumitam qui a a rasé plus de 160.000 hectares pour aménager des plantations de palmiers à huile sur l'île de Sumatra" et le groupe IOI qui est le troisième producteur mondial d'huile de palme.

Interrogée par l'AFP,  Annisa Rahmawati, une responsable de Greenpeace en Asie du Sud-Est a expliqué que "HSBC affirme être une banque respectable avec des pratiques responsables à l'égard de la déforestation. Mais d'une certaine manière, ces belles paroles sont oubliées quand il s'agit de signer les contrat."

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Vue aérienne de la déforestation sur l'île de Sumatra en Indonésie. Crédits : Reuters/Beawiharta.

La réponse de HSBC

Interrogée par Greenpeace sur les allégations contenues dans ce rapport, la banque a dans un premier temps, dans une lettre envoyé à l'ONG le 11 janvier dernier, "refusé de parler de clients spécifiques, affirmant que l'impératif de confidentialité [l']empêchait de commenter des relations spécifiques". Ce 17 janvier, l'établissement bancaire a publié un communiqué de presse qui précise sa position.

"HSBC pense que l'huile de palme peut apporter de nombreux bénéfices à la société, comme le développement économique et la réduction de la pauvreté. Et nous sommes d'accord avec Greenpeace pour dire que l'huile de palme peut aussi engendrer des impacts négatifs si son exploitation n'est pas gérée dans un cadre légal et durable. HSBC n'a aucun intérêt à financer des clients impliqués dans des opérations illégales".

La banque ajoute qu'elle utilise une certification externe indépendante (Roundtable on Sustainable Palm Oil ) pour vérifier "si les politiques sont effectivement mises en oeuvre. Le RSPO a amélioré son système significativement ces dernières années et nous invitons les prochaines études fournies par Greenpeace et les autres à mettre au défi son efficacité."

Dans le Financial Times, Brendan McNamara qui travaille à HSBC notamment sur le respect des engagements de la banque a indiqué que "HSBC ne fournit pas sciemment des services financiers qui soutiennent directement des sociétés qui ne sont pas en conformité avec notre politique".

En 2014, la banque a révisé sa politique de financement des activités relatives à l'huile de palme comme le précise ce communiqué. Elle avait mis fin à des relations commerciales avec 104 sociétés qui ne respectaient pas les règles de la banque. Ces dernières sont basées sur les principes du Roundtable on Sustainable Palm Oil.

Pour Anne-Sophie Simpere, chargée de campagne Forêts à Greenpeace interrogée par novethic, les récentes pratiques d'HSBC mises en avant par l'ONG signifie que "HSBC a une politique dont elle ne vérifie pas l'application". Pourtant, des entreprises bénéficiaires de prêts ont fait l'objet de plusieurs plaintes auprès de la RSPO visaient ces entreprises. Ce sont des éléments qui pouvaient alerter la banque".

Grégoire Normand

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Commentaire 1
à écrit le 17/01/2017 à 15:08
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Les réponses des banques sont fascinantes, les gars ils savent que de toutes façons ils ne risquent rien donc ben ils disent ce qu'ils veulent, les éléments de langage ils les maitrisent sur le bout des doigts, pendant que la planète elle suffoque. ...

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