Audition : Audika tout ouïe à la proposition de rachat du groupe William Demant

Le premier fabricant de prothèses auditives danois, William Demant, est en passe de mettre la main sur son client, le distributeur Audika. Le but : profiter d'un marché français prometteur à l'heure où la baisse de l'audition concerne une part croissante de la population.
Après quatre années de baisse des revenus et des parts de marché - elles sont passées de 14% en 2011 à 10% en 2014 -, les investisseurs voient d'un bon œil cette potentielle reprise d'Audika.

C'est entendu. Le fabricant danois de prothèse auditives William Demant est entré en négociations exclusives avec les frères Tonnard pour le rachat de leur société Audika, distributeur de solutions auditives.

William Demant propose d'acheter les 54% du capital de cette société qui sont détenus par le holding Holton, lui même contrôlé par les fondateurs Jean-Claude et Alain Tonnard. Au prix de 17,78 euros par action, Audika serait ainsi valorisé à 168 millions d'euros, ce qui représente "une prime de près de 32% sur le dernier cours de Bourse coté", souligne le communiqué des deux sociétés. Si cette transaction aboutit, les 46% du capital d'Audika restant sous forme d'actions en Bourse feront l'objet d'une OPA.

Apporter "de nouveaux moyens" à Audika

Alors que la valorisation boursière d'Audika s'est largement dégradée depuis 2010, le titre a brusquement grimpé de 28% à 17,26 euros à l'ouverture des marchés, mardi, tendant ainsi vers le prix offert par William Demant. Après quatre années de baisse des revenus, les investisseurs voient d'un bon œil cette potentielle reprise de la société.

Le distributeur a en effet traversé un trou d'air entre 2010 et 2013, la crise économique participant à la chute de ses ventes. "Mais cette baisse est ponctuelle", assurait Alain Tonnard au Monde en mars 2014.

"Compte-tenu de la crise en France et des difficultés du marché, nous avons décidé avec mon frère de réorganiser en profondeur la société. Plusieurs dirigeants sont partis et nous avons repris en direct certaines manettes. Simultanément, nous avons mis la publicité et le marketing en pause".

Si les dirigeants d'Audika assurent avoir repris leur société en main, cette période de creux a fait perdre 4% de parts de marché à l'entreprise. Celles-ci sont passées de 14% en 2011 à 10% en 2014.

Faire face à la concurrence d'Amplifon

Le rachat par le groupe danois devrait alors permettre d'apporter "de nouveaux moyens" à Audika, selon ses fondateurs. En 2012,  les frères Tonnard géraient 440 magasins et estimaient qu'il existait un potentiel pour en ouvrir 260 supplémentaires à terme. Depuis, la société a ouvert 20 nouveaux points de vente. Mais ce n'est pas suffisant pour faire face à la concurrence d'Amplifon, numéro deux du secteur français des prothèses auditives avec 9% des parts de marché, selon un document d'analyse commun à Audika et William Demant.

Profiter d'un marché en forte expansion

Pour le groupe danois, principal fournisseur d'Audika, cette reprise est l'occasion de s'implanter sur un marché français concurrentiel, mais en forte expansion. Selon les estimations de l'institut d'analyses Xerfi, le taux de croissance du marché s'élève en effet à 6% par an depuis 2006. Pourtant, les besoins des malentendants français ne sont toujours pas satisfaits aujourd'hui. Moins de 28% d'entre eux étaient équipés en 2013. Par comparaison, 50% des malentendants danois portaient déjà des prothèses auditives en 2012.

Audika, une affaire "bien gérée et rentable"

Pour Niels Jacobsen, PDG de William Demant, "acquérir 10% du marché de la distribution de corrections auditives en France représente une opportunité rare". Surtout en 2015, après que le groupe français a enfin retrouvé la croissance. Selon le communiqué, Audika aurait en effet enregistré une croissance organique de 3% en 2014, le chiffre d'affaires s'élevant à 98,7 millions d'euros. Audika est "une affaire bien gérée et rentable", a affirmé Niels Jacobsen lors d'une conférence téléphonique. Les frères Tonnard, qui ont fondé leur société en 1976, devraient en conserver la direction.

"Avec les papy-boomers qui devraient arriver sur le marché en 2015 ou 2016, le meilleur est devant nous !", s'exclame Alain Tonnard.

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