Le tour de passe-passe d'Airbus pour financer son A400M

En faisant financer son futur long courrier par le grand emprunt à hauteur de 450 millions d'euros, le constructeur aéronautique européen est parvenu à libérer des crédits de la Direction de l'aviation civile pour son avion de transport militaire, l'A400M.
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Un tour de passe-passe a permis de débloquer le financement public de l'avion de transport militaire d'Airbus, l'A400M, qui s'élève entre 400 et 450 millions d'euros. Cet appareil va bénéficier des aides françaises à l'exportation initialement prévues pour l'A350. Ce montant correspond à la quote-part de la France des avances remboursables (1,5 milliard d'euros au total) décidées par les États clients pour financer les surcoûts de ce programme.

Depuis l'opposition rencontrée en mars 2010 par le projet du gouvernement de recourir aux fonds du grand emprunt, une solution a été trouvée. "Une partie du financement de l'A350 entre dans le cadre du grand emprunt afin de libérer des crédits pour l'A400M", a déclaré vendredi dernier le directeur de la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) lors d'un colloque sur le transport aérien. Des propos qui visaient à préciser ceux tenus quelques minutes plus tôt par le directeur général adjoint de la branche propulsion de Safran, Marc Ventre, un peu provocateurs : "Sur les 1,5 milliard d'euros prévus par le grand emprunt pour l'aéronautique, 450 millions le sont pour l'A400M."

Contournement des priorités

Sur le fond, ce dernier n'a pas tellement tort. La présence de l'A350 dans le grand emprunt - il répond au cahier des charges, qui met la priorité sur les nouvelles technologies - permet de contourner l'inégibilité de l'A400M. Car, initialement, il n'avait jamais été question de recourir à l'emprunt national pour financer l'A350. "En décidant de placer les besoins de l'A400M sur les épaules de la DGAC, celle-ci s'est retrouvée avec les pattes coupées pour financer une partie des avances remboursables prévues par la France à l'A350", explique un proche du dossier. Ainsi, 450 millions d'euros de l'A350 seront puisés dans le grand emprunt. "Le montant de l'enveloppe peut bouger", précise une source industrielle. De son côté, EADS ne fait pas de commentaires.

Un sujet très sensible

Cette somme représentera près du tiers des avances remboursables prévues par la France pour cet appareil (A350) prévu en 2013 et dont le coût de développement s'élève à 11 milliards d'euros. En juin 2009, Paris s'était engagé à accorder 1,4 milliard d'avances remboursables pour le développement du programme A350. L'Allemagne, 1,1 milliard, le Royaume-Uni, 340 millions de livres et l'Espagne, 300 millions d'euros environ. Depuis, silence radio. Dans le cadre du conflit à l'OMC avec les États-Unis sur les aides publiques à l'aéronautique, le sujet est trop sensible... même si l'A350 n'est pas concerné par la procédure. Le futur long courrier d'Airbus a été lancé après le début du contentieux, fin 2004. En outre, le système d'avances remboursables français n'a pas été remis en cause par l'OMC. Enfin, un accord sur ce système a été trouvé entre EADS/Airbus et les quatre pays Airbus. Tous, selon nos informations, ont commencé à verser des fonds.

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Commentaire 1
à écrit le 03/02/2011 à 12:54
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De la sorte, ce programme militaire, est de facto, nationalisé...

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