Le PDG de Dassault Aviation Charles Edelstenne ne s'est pas gêné mercredi devant les députés pour critiquer les errements de l'ancienne direction de Thales. Il a même carrément balancé. Selon des sources concordantes, il a affirmé qu'il découvrait "des contrats avec des pertes astronomiques" avec des décisions prises "dans un esprit "fire and forget" ("tire et oublie", à l'image de certains missiles, ndlr)".
"Vizir à la place du vizir"
Il a notamment fait mention du contrat A400M sur lequel le groupe électronique avait gagné la fourniture du "Flight management system" (FMS), le système de gestion des vols de l'avion de transport militaire. Pour le contrat Meltem, le programme d'avions de patrouille maritime turc, Thales a "voulu devenir vizir à la place du vizir", a-t-il asséné. Deux contrats remportés par la division aéronautique à l'époque dirigée par François Quentin, qui était aussi le favori de Dassault Aviation pour la succession de Denis Ranque, avant d'accepter in fine la nomination de Luc Vigneron à la tête de Thales.
Pourquoi balancer maintenant ? Est-ce un rideau de fumée pour protéger l'actuelle direction, qui peine toujours à convaincre en interne et à l'extérieur et sur laquelle Charles Edelstenne ne s'est pas exprimé (ce qui laisse libre cours à chacun d'interpréter ses silences) ? Car le fiasco de ces deux contrats est depuis longtemps connu et intégré par l'actuelle direction, qui a provisionné en conséquence.
Redistribution des cartes
Interrogé par les députés sur les coopérations possibles entre Thales et Safran, Charles Edelstenne a expliqué qu'en tant qu'actionnaire de référence du groupe électronique, il était "partant pour une redistribution des cartes" dans le domaine de la défense. Toutefois il reste opposé à un "transfert de l'avionique de Thales vers Safran" - il a d'ailleurs refusé en 2010 la demande de Safran -, car selon lui "on ne peut distinguer l'avionique civile de l'avionique militaire".
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