A vendre, deux satellites de télécommunications militaires

Le ministère de la Défense doit demander une offre finale aux industriels (EADS et Thales) avant la fin de l'année.
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Après deux ans de tergiversations, le ministère de la Défense a fini par se résoudre à accélérer la vente, dans le cadre d'un partenariat public privé (PPP), de ses deux satellites de télécoms militaires qui constituent le programme Syracuse III. Nom de code de l'opération : Nectar. L'Hôtel de Brienne devrait demander aux industriels intéressés - Astrium et Thales Alenia Space - de lui remettre avant la fin de l'année une offre finale (Best and final offer ou Bafo). Les deux industriels, très friands de revenus récurrents, attendent les dernières questions du ministère pour remettre leur proposition. Une fois la demande faite, les industriels ont en général entre une semaine et deux mois pour y répondre, selon le degré de modifications demandées par le ministère.

Pourquoi une telle opération ? Le ministère espère tirer de la vente à un opérateur privé de ses deux satellites, lancés en 2005 et 2006, quelques 400 millions d'argent frais qui serviront à colmater quelques trous dans le budget de la Défense. À charge ensuite à l'opérateur sélectionné de faire payer au ministère un loyer sur le restant de la durée de vie des deux satellites (au total douze ans ont été garantis par leur constructeur, Thales Alenia space). Dans le même registre, l'Hôtel de Brienne a déjà réussi un joli coup avec la vente des fréquences de très haut débit mobile 4G (936 millions d'euros).

Discorde

« Le sujet reste confus et compliqué, explique-t-on à ?La Tribune?. Car il existe plusieurs sons de cloche au sein du gouvernement » sur cette opération, qui n'a jamais fait l'unanimité... et l'a d'ailleurs considérablement retardée. Seule la volonté obstinée de l'Élysée sur ce sujet - « des extrémistes du PPP dans la Défense », selon un connaisseur du dossier - a maintenu en vie ce projet, que beaucoup souhaitent remiser au fonds d'un placard... à l'exception de la filiale spatiale d'EADS, Astrium. Celle-ci veut subtiliser le système Syracuse à Thales Alenia Space et accentuer ainsi son avance dans les PPP sur son rival après le succès de son programme Paradigm, qui fournit en télécoms les militaires britanniques.

En outre, plus le ministère attend, moins l'opération est intéressante pour les industriels. « Si cela traînait encore un an, l'opération aurait perdu tout son intérêt », confirme l'un d'entre eux. Surtout, l'opération n'est pas aussi juteuse qu'on pourrait le penser, les industriels n'ayant que 10 % de la capacité de transmission des deux satellites (le restant est réservé aux militaires français) à proposer à des clients tiers. « C'est beaucoup trop peu », juge l'un d'entre eux. Ce projet « obéit plus à la volonté de créer des recettes exceptionnelles qu'à une opération d'externalisation », écrivaient déjà début 2011 les sages de la Cour des comptes. « La raison commanderait d'arrêter ce projet mais les considérations politiques sont telles... », soupire un bon connaisseur du dossier.

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Commentaires 2
à écrit le 12/12/2011 à 17:44
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Il est encore regrettable que l?on vend encore des équipements de la défense a des entreprises privet?. Si l?on cherche de l?argent, on devrait ce poser les bonnes questions : Pourquoi par exemple la vente du domaine militaire dans les grandes ville...

à écrit le 08/12/2011 à 10:59
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Comme d'habitude " on vend" ce qui a été payé avec nos impôts, pour faire de "l'argent frais". Résultat ce sont les entreprises privées qui en tireront les bénéfices. comme pour les autoroutres et les précédentes privatisations

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