Medvedev veut un nouvel avion régional russe

Les déboires de l'aéronautique russe poussent le premier ministre à réclamer la création d'un nouvel appareil, tandis que certains industriels prônent la remotorisation d'anciens appareils soviétiques.
Copyright Reuters
Copyright Reuters (Crédits : <small>DR</small>)

« Nous devons réfléchir à la création d'un avion régional pour la Russie, soit de manière autonome - ce qui est à mon avis peu vraisemblable, mais je serais agréablement surpris qu'on me contredise - soit en partenariat avec un constructeur de dimension globale », a déclaré Dmitri Medvedev mardi dernier. Le chef du gouvernement a confié au ministère de l'industrie et au consortium d'Etat OAK regroupant l'ensemble des constructeurs russes, la tâche d'étudier ce projet. En attendant sa concrétisation, Dmitri Medvedev a promis des aides aux compagnies aériennes régionales pour l'acquisition d'appareils de moins de 56 places (moteurs à hélices) et jusqu'à 72 places (pour les avions à réaction). Autre condition : ces appareils doivent avoir moins de 10 ans d'âge. Il a souligné combien la flotte régionale civile était encombrée de vieux avions et a souligné que la priorité absolue devrait être accordée à la « santé et à la vie » des passagers avant le soutient de l'industrie aéronautique domestique.

Pas un mot sur le Superjet 100

Pas une seule fois, dans son long discours consacré au développement de l'aviation régionale, le premier ministre n'a évoqué ce qui jusqu'ici en était le cœur de l'industrie aéronautique russe. A savoir l'avion régional Soukhoi SupertJet 100, motorisé par Safran et commercialisé seulement depuis l'année dernière. Cet appareil, qui devait être le phénix symbolisant la renaissance de l'aéronautique civile russe, a été terni ces derniers mois par une série d'incidents, dont le plus grave a été l'écrasement d'un appareil de démonstration en mai, tuant les 45 personnes à bord. Mardi, le jour du discours de Dmitri Medvedev, la première compagnie à avoir passé commande d'un SuperJet 100 annonçait qu'elle souhaitait rendre l'appareil à son constructeur à cause de « problèmes techniques ». Le mois dernier, cette même compagnie (Armavia) renonçait à la commande d'un second appareil SuperJet 100. Aeroflot, qui opère huit SuperJet 100 reconnaît que la moitié d'entre eux sont régulièrement cloués au sol pour des problèmes techniques, au premier rang desquels figure la décompression intempestive de la cabine pendant les vols.

Economies de bouts de ficelle

 

L'expert aéronautique Alexeï Sinitsky s'inquiète de voir les autorités russes céder à la mode de la « remotorisation » d'anciens appareils (comme l'An-2 ou le Yak-40) avec des réacteurs plus récents, dans la lignée de ce qui a été fait avec l'A320 NEO ou le Boeing 737MAX. L'idée lui paraît d'autant plus saugrenue qu'au terme d'une année 2011 catastrophique (la Russie comptait le record mondial de décès dus à des accidents aériens), Dmitri Medvedev avait exigé que soient retirés du marché des appareils soviétiques comme le Tu-134 ou l'An-24. « Les An-2 et Yak-40 ne sont pas plus récents » souligne l'expert, qui doute qu'on puisse faire des économies de bouts de ficelle.

 

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 7
à écrit le 12/08/2012 à 10:28
Signaler
En Russie, leur gros problème, ils ont une grosse compétence, mais un énorme défaut de finition et de controle qualité, cela explique les raté en séries, problème et crash super jet, échec en série des lanceur russe, les personnes qui ont la compéten...

à écrit le 09/08/2012 à 17:13
Signaler
Des discours, des discours. Beaucoup de paroles en l'air et bien peu d'actes !!!

à écrit le 09/08/2012 à 16:01
Signaler
Ce que ne dit pas l'article est que remotoriser les anciens avions n'a pas de sens sans modifications profondes : par exemple, les avions russes n'avaient pas de circuit carburant indépendant pour chaque moteur....

à écrit le 09/08/2012 à 14:46
Signaler
La Russie c'est un régime à la syrienne avec une population du troisième âge, tout y est cher , plus cher qu'en France et à part le gaz, rien à attendre.

à écrit le 09/08/2012 à 14:26
Signaler
Au journaliste auteur de cet article: vous pouvez m'expliquer comment on remotorise un Antonov 2 avec un réacteur ? Je voudrais bien le savoir !

à écrit le 09/08/2012 à 13:23
Signaler
Se serait une belle opportunité pour nos avionneurs, un marché énorme d'autant qu'ils en ont les moyens

le 09/08/2012 à 14:14
Signaler
Oui cela évitera de laisser voler des avions russes qui s'écrasent ...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.