Aéronautique : le modèle de partage des risques entre industriels est-il fragile ?

A l'occasion de l'inauguration de la chaine d'assemblage de l'A350, le syndicat FO va transmettre au Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, son livre blanc sur les consolidation de la filière aérostructure française au sein d'EADS.
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C'est l'un des dossiers les plus intéressants de l'aéronautique française qui reste encore à traiter... C'est aussi l'un des chevaux de bataille du syndicat FO Métaux, qui va d'ailleurs profiter mardi de l'inauguration de la chaîne d'assemblage (FAL) de l'A350 pour remettre un livre blanc sur la consolidation de l'industrie des aérostructures françaises au sein d'EADS au Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, qui sera à Toulouse. Comme le rappelle FO Métaux, la France dispose d'une industrie de premier plan mais beaucoup trop dispersée autour de quatre grands acteurs françaises - Latécoère, Aérolia (EADS), Sogerma (EADS) et Daher-Socata... qui font toutefois pâle figure au niveau international face à des groupes comme Spirit, Triumph ou encore GKN...

Une filière pourvoyeuse d'emplois

A eux quatre, ils ont péniblement réalisé 2 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2011. Mais bien loin de Spirit (4,8 milliards de dollars en 2011), de Triumph (3,4 milliards) et GKN (6 milliards de livres, dont 1,5 milliard sur l'activité aéronautique), voire même de Premium Aerotec, filiale allemande d'aérostructures (1,3 milliard d'euros en 2011). Même s'il n'y a plus d'urgence à traiter ce dossier comme il y a quelques années quand Latécoère était à deux doigts de la liquidation en 2008, le problème reste entier. D'autant que cette filière est "pourvoyeuse d'emplois directs et indirects hautement qualifiés, génératrice de dynamiques d'investissement en équipements industriels et en Recherche et développement, exportatrice de biens à forte valeur ajoutée", rappelle FO Métaux. Latécoère, Aerolia, Sogerma et Daher-Socata emploient près de 9.000 personnes (8.969 salariés).

FO défend un outil industriel intégré

Pour pérenniser cette filière, FO Métaux appelle à "une consolidation française en mesure de donner naissance à un acteur industriel d'envergure internationale placé dans le groupe EADS, sous un pilotage industriel et sa gouvernance". FO défend ainsi "un outil industriel intégré à même d'assurer la pérennité des produits d'Airbus". "De la Picardie à Midi-Pyrénées en passant par le Poitou-Charentes, les Pays de la Loire et l'Aquitaine, ces sites devront être en mesure d'être les pilotes et les acteurs structurants d'une filière aéronautique nationale", précise le syndicat.

Les limites du partage de risques

En outre, FO Métaux critique le modèle de partage des risques (Risk sharing partners ou RSP). "Trois risques majeurs devraient donc être assumés par le sous-traitant de rang 1, dit RSP : le risque de change, le risque de cadence, le risque entrepreneurial en assumant le coût de financement des investissements", souligne-t-il. Et clairement, "l'externalisation se traduit par un transfert des problématiques chez le sous-traitant", beaucoup moins armé semble-t-il, que le maître d'?uvre pour les gérer. Par exemple, aux Etats-Unis, au Japon et en Italie, ces difficultés ont pesé sur le programme Boeing 787. Le constructeur américain a même été obligé de racheter l'usine de Vought Aircraft Industries (devenu Triumph) située en Caroline du Sud, où le sous-traitant produit une structure clé pour le Dreamliner. "Chez Airbus, le rachat de PFW témoigne de la même problématique", estime FO Métaux.

Génératrice de difficultés financières majeures

Ce qui montre, selon le syndicat "la fragilité du modèle RSP". Car selon lui, "la tendance à un pilotage financier et non partenarial de la relation entre le donneur d'ordres et le partenaire de rang 1, génératrice de gains financiers à très court terme et de difficultés financières majeures à moyen et long terme. Celles-ci ont un coût autrement plus élevé que les gains prématurément anticipés".

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