EADS : enfin l'âge de la majorité ?

L'accord signé mardi entre la France et l'Allemagne va permettre au groupe européen de s'émanciper des tutelles et des infuences des Etats. Paris et Berlin seront tenus de ne pas mettre leur nez dans la gestion opérationnelle d'EADS.
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Et si le gagnant du remaniement de la gouvernance et de la structure actionnariale d'EADS n'était autre que le groupe européen lui-même et son équipe de direction... Incroyable dénouement moins de deux mois après le veto brutal de Berlin sur le projet d'achat de BAE Systems par EADS. Car à regarder de près cette opération complexe à finaliser entre trois pays et deux actionnaires privés (Daimler et Lagardère), l'influence des Etats sur la gestion opérationnelle de l'entreprise sera nulle une fois que l'assemblée générale prévue dans le courant du premier semestre aura voté ces dispositions.

Bien sûr, le PDG d'EADS, Tom Enders, n'aura pas un blanc-seing sur toutes les opérations stratégiques, il devra encore composer avec les sensibilités des Etats sur certains dossiers mais ces derniers n'auront plus aucun droit de veto aux conseils d'administration et aux assemblées générales d'actionnaires... ou presque. Trois cas sont définis pour sécuriser les Etats et certains de leurs actifs stratégiques, selon un proche du dossier : si un actionnaire menace de détenir plus de 15 % de droits de vote, si le conseil d'administration n'est pas à majorité composé d'Européens (deux tiers) et si les holdings regroupant certains actifs stratégiques de défense sont menacés. Sur ces trois points, 75% des voix seront nécessaires en AG pour les approuver. Comme les trois pays en détiendront 28% ils pourront s'y opposer collectivement. Pour bétonner cette postion, si un des trois pays vote contre, les deux autres voteront contre également.

Un pacte qui n'en est pas un

Berlin, qui a ces derniers mois beaucoup exigé et joué les matamores, n'aura dans quelques mois plus l'influence de s'opposer techniquement à une opération telle que l'acquisition de BAE Systems par EADS. "Ce nouveau pacte n'est pas un vrai pacte, explique-t-on de source proche du dossier. La gouvernance est normalisée, les passeports ne comptent plus du tout". Alors tout ce bruit pour rien, serait-on tenté d'écrire. Et surtout pourquoi Berlin va-t-il dépenser autant d'argent (autour de 2,5 milliards d'euros) pour n'avoir aucun poids dans les décisions d'EADS. Il reste toutefois la symbolique très importante de cette opération. La France et l'Allemagne entendent détenir des participations égales. Soit 12 % chacun, l'Espagne possédant moins de 4 %. C'était bien là le voeu le plus cher de Berlin, qui jusqu'ici en était empêché par l'actuel pacte d'actionnaires.

Par quel mystère l'Allemagne a-t-elle laissé ses armes au vestiaire ? "Il y a eu un gros travail de conviction des Français, qui avaient été convaincus par l'efficacité des garde-fous présentés lors de l'opération EADS-BAE Systems, auprès des Allemands", estime-t-on. EADS et ses conseils (banques et avocats) ont pour leur part joué les "facilitateurs" en proposant toute une palette d'outils "inventive, constructive", qui a fini par convaincre l'Etat allemand. Berlin avait enfin lui aussi "la volonté d'aboutir rapidement".

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Commentaires 31
à écrit le 07/12/2012 à 10:19
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En fait in fine Major Tom aura plus de libertés d'actions et pourra diriger le groupe EADS à sa main, donc surprise surprise à terme....

à écrit le 06/12/2012 à 21:57
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En prenant le contrôle effectif d'EADS et du marché européen de la défense, dans une perspective de l'absorber, Washington va mettre nos fabricants en concurrence non seulement entre eux, mais aussi avec ses autres colonies dans le monde. L'intention...

à écrit le 06/12/2012 à 17:28
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Daimler vendra la totalité de sa participation au fil de l'eau, les américains jouent les "teneurs de bougie" comme de coutume en pareil cas. Les états eux se cherchent de nouveaux champions plus pertinents pour reprendre la totalité de leur particip...

à écrit le 06/12/2012 à 16:51
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Concrètement, les Etats européens ne pourront plus s'opposer aux délocalisations et deux de nos industriels majeurs sont évincés. L'ancrage d'un actionnariat européen stable passera de 50% à moins de 30%. Le transfert du pouvoir de décision au profit...

le 03/10/2014 à 16:29
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Decision de subsidiarite méritoire même si les marchés concernes sont en théorie européens voire mondiaux

à écrit le 06/12/2012 à 14:31
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Quel que soit l'arrangement, il sera important de rester vigilant afin de s'assurer que nos emplois en France soient sauvegardés et développés. Aussi, que notre filière d'excellence aéronautique puisse être pérennisée et grandie (certes elle ne repos...

à écrit le 06/12/2012 à 13:35
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Que les 2 états gardent une part à EADS , vue l´aspect stratègique, c´est normal, et que les 2 états gardent une part ègale , minoritaire, c´est encore mieux !

à écrit le 06/12/2012 à 13:22
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Daimler a besoin d'argent, son plus gros actionnaire veut vendre (A. S.) ceci explique en partie cela. Les lopus attendent devant la porte du fabriquant automobile......Sur un plan économique il est grand temps que les décideurs (mais non responsable...

à écrit le 06/12/2012 à 11:26
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Je pense que tout le monde a fait des concessions et cet "accord" marque surtout le fait que les allemands ont acté la prééminence d'AIRBUS à TOULOUSE. sauvegardé pour l'heure leurs activités défense avec CASSIDIAN et surtout stoppé leurs stupides de...

à écrit le 06/12/2012 à 10:55
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Vous tapez facilement sur les Allemands (article d'hier selon lequel les Allemands étaient les grands gagnants de ce nouveau pacte). Je n'ai pas commenté en me rendant compte de l'absurdité de vos propos. Et aujourd'hui, magie, finalement les Alleman...

le 06/12/2012 à 11:25
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Monsieur ou Madame, reconnaissez au moins que l'Etat allemand, qui a donné de nombreuses leçons de gouvernance à la France lors de la présidence de Noël Forgeard, s'est beaucoup démené ces derniers mois pour peser sur les décisions du groupe EADS. Je...

le 06/12/2012 à 11:50
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@Michel Cabirol en dehors des leçons concernant N.Forgeard; actuellement la France emprunte de l'argent sur le marché à un taux très bas, moins de 2%, grâce à l'Allemagne et l'euro. Le jour l'Allemagne déciderait de quitter la zone euro, la France em...

le 06/12/2012 à 14:33
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J'ai également lu l'article d'hier qui parlait des allemands qui "Après avoir torpillé la fusion EADS et BAE Systems, Berlin donne ainsi la désagréable impression de façonner le groupe d'aéronautique et de défense comme elle le souhaite" Ce n'était p...

le 06/12/2012 à 16:21
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"Mauvais journalisme". Je suis courtois et j'aimerai que certains de mes interlocuteurs, qui se cachent derrière des pseudo, le soient aussi. Merci à vous. Michel Cabirol

le 06/12/2012 à 16:42
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A quoi reconnaît-on une brillante négociation?

le 06/12/2012 à 17:05
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faut demander à mauvais journalisme, ce sont ces termes.

le 06/12/2012 à 17:12
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Mr Cabirol, je ne choisis pas de pseudos qui dévoileraient mon nom! J'éspère que vous respectez l'anonymat de vos lecteurs! au moins cela. @quesaisje; merci pour votre contribution. Je renchéris: Les "armes aux vestiaires": les allemands ,en contrast...

le 06/12/2012 à 19:00
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Cher "mauvais journaliste" puisque c'est votre pseudo. Non, nous ne dévoilons pas les identités des pseudos. Ce n'est pas le genre de la maison. Le penser est assez offensant pour La Tribune. Une précision tout de même, les termes "palette d'outils.....

le 06/12/2012 à 19:26
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sur ce point: mais l'outil est lié au; je vous cite " au gros travail de conviction des Français, qui avaient été convaincus par l'efficacité des garde-fous présentés lors de l'opération EADS-BAE Systems, auprès des Allemands", estime-t-on. EADS et s...

le 07/12/2012 à 9:23
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Je n'ai pas l'impression que les Allemands soient perdants dans cette histoire. Ce n'est qu'une interprétation de "La Tribune". Faut-il rappeler que Berlin entre au capital d'EADS. Cordialement Michel Cabirol

le 07/12/2012 à 11:23
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Mr CABIROL permettez moi de venir à votre secours en soulignant la pertinence de votre analyse que je rejoins peu ou prou . En plus je dois souligner que vos contradicteurs sont souvent hors sujet par méconnaissance justement du sujet en vous intent...

à écrit le 06/12/2012 à 10:22
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il faut se débarraser encore du virus Lagardère pour pouvoir dire que on est en train de guérir et faire son travail comme Boeing ou autres. Lagardère père , se retourne dans la tombe grace à son fils et pas EADS

le 06/12/2012 à 10:58
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...à son fils et l'Etat français qui a tout cédé...

le 06/12/2012 à 11:29
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...surtout en 1999 lors du regroupement Aérospatiale-Matra...Merci Yoyo !

à écrit le 06/12/2012 à 10:01
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ça va être le bon moment pour relancer "l'affaire"...

à écrit le 06/12/2012 à 9:49
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Peut-être que l'Allemagne a laissé ses armes au vestiaire, mais Daimler, lui, conserve et augmente même sa part (de 7.44 à 8.75), Lagardère lui se débarrasse de tout: bilan tout à fait favorable aux Allemands qui passent de 17.64 à 20,75% dans la fut...

à écrit le 06/12/2012 à 8:27
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C'est vraiment n'importe quoi. Soit les états sont actionnaires et n'ont aucune raison de se départir des pouvoirs et responsabilités qui sont les leurs, soient ils vendent leurs actions. Mais cette manie de tordre le droit et la logique même des fon...

le 06/12/2012 à 9:28
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@simple citoyen, c'est un argument typiquement français. Il faudrait peut-être regarder un peu plus comment font les autres pays dans le monde. Pardon, j'ai oublié, la France est particulière et exceptionnelle.

le 06/12/2012 à 11:33
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vous avez tord, quelque soit le pays du monde, le management (PdG, DG, etc..) est responsable devant le conseil d'administration qui est lui même une émmanation de l'actionnariat ! qu'il soit public ou privé, cela fonctionne de cette manière en Franc...

le 06/12/2012 à 11:54
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@@esprit simple exacte,mais dans d'autres pays US, UK, Allemagne l'état ne s'y mêle pas en permanence, laissent faire DG etc., et ( ! ) surtout ces pays n'ont pas d'Enarques à placer!

le 06/12/2012 à 14:59
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je partage pas vraiement votre avis, il y a quantité d'actionnaires privés qui sont très agressif ave le management des sociétés, particulièrement dans le monde anglo-saxon. Au USA c'est une pratique très courante des investisseurs aussi bien physiqu...

le 06/12/2012 à 16:09
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Et dans le public: c'est qui l'actionnaire?

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