Comment Arianespace a dompté en 2012 pour la première fois trois lanceurs (Ariane 5, Soyuz et Vega)

Arianespace opère mercredi soir le dernier lancement de l'année avec un nouveau vol d'Ariane 5, qui va mettre sur orbite deux satellites. C'est la première fois de sa jeune histoire qu'elle exploite trois lanceurs (Ariane 5, Soyuz et Vega) sur le Centre spatial guyanais (CSG).
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Trois lanceurs réunis sous l'équateur (Ariane 5, Soyuz et Vega), dix vols réussis en 2012? C'est le pari un peu hors norme que devrait relever cette année Arianespace, qui doit encore opérer son dernier vol en 2012 ce mercredi soir un peu avant 23 heures (heure française). Après le succès du lanceur russe Soyuz, qui a placé le satellite d'observation Pléiades 1B le 2 décembre dernier, c'est au tour d'Ariane 5 de mettre sur orbite deux satellites, Skynet 5D, un satellite de télécoms militaires britannique, et Mexsat Bicentenario, un satellite de télécoms mexicain.

Trois lanceurs qui exigent une nouvelle organisation très pointue et une précision de montre suisse à Arianespace et à ses sous-traitants. "L'année a déjà été très bonne en termes de lancements mais elle n'est pas finie", avait expliqué à "La Tribune" le PDG d'Arianespace, Jean-Yves Le Gall, un peu avant le lancement de Soyuz. Et de rappeler que "cela tourne bien" avec les trois lanceurs à Kourou. Car Arianespace est "le maître d'oeuvre des opérations de lancement en Guyane", rappelle-t-il ce mercredi à "La Tribune". Conséquence, cela a permis à Soyuz et au petit lanceur italien Vega d'être "très vite" opérationnel, estime-t-il.

Cinq campagnes simultanées

"Cette année, on a dû travailler en même temps sur cinq campagnes - deux Soyuz, deux Ariane 5 et un lancement ATV -, explique le directeur des programmes d'Arianespace, Louis Laurent. La dernière fois que nous avons réalisé autant de lancements, c'était en 2002 (huit Ariane 4 et 4 Ariane 5, dont un échec, ndlr)". Ce qui démontre que les équipes d'Arianespace ont très bien "digéré" l'arrivée en Guyane de Soyuz et du petit lanceur italien Vega, estime-t-il. "Et nous avons également maintenu le même niveau de qualité et de disponibilité", assure Louis Laurent.

Au total, 500 personnes environ, dont une soixantaine d'Arianespace, travaillent directement pour l'opérateur européen. Arianespace a même réussi à baisser de 20 % en deux ans le coût des opérations du lanceur Ariane 5 en abaissant les frais fixes mutualisés sur les trois lanceurs. Grâce essentiellement à "la mise en synergie des stocks, des bâtiments et des équipes", explique le directeur des programmes. "On a optimisé notre organisation grâce à une très bonne coordination des équipes, les personnels d'Arianespace peuvent passer d'un lanceur à l'autre, précise Jean-Yves Le Gall. On touche les dividendes de l'arrivée de Soyuz et de Vega". Et de conclure qu'il "n'y a pas beaucoup d'entreprises qui augmentent de 30 % son chiffre d'affaires sur un an sans augmenter ses effectifs et son fonctionnement". 

Vers plus de fluidité et de souplesse

Pour autant, Arianespace entend poursuivre l'amélioration de l'exploitation des trois lanceurs basés au Centre spatial guyanais (CSG). Dans ce cadre, le PDG d'Arianespace Jean-Yves Le Gall est en train de monter un dossier pour obtenir le financement de la construction d'un troisième hall de remplissage (Nouveau Bâtiment de Remplissage) déjà en travaux et dédié à Soyuz, à quelques centaines de mètres de son pas de tir. Un investissement d'une trentaine de millions d'euros, qui devrait être en partie financé par l'Agence spatiale européenne (ESA) et par certains clients du lanceur Soyuz. Ce nouveau bâtiment sera opérationnel à partir de 2014.

"Cet investissement permettra d'éviter des éventuels goulet d'étranglement si nous rencontrons un problème technique sur un lanceur en pleine campagne, explique Louis Laurent. Ce qui pourrait gêner la campagne de l'autre lanceur. Il nous permet ainsi de découpler complètement les activités d'Ariane 5 et de Soyuz". Arianespace va gagner "en fluidité et en souplesse", fait-il valoir. Et de conclure, ce hall de remplissage va renforcer un peu plus la "robustesse de notre activité".
 

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Pour en savoir plus :

>>> VIDEORAMA Les premiers vols depuis Ariane 1 en 1979


>>> DIAPORAMA La conquête spaciale en 15 dates

>>> DIAPORAMA Les 5 projets (dingues) sur la rampe de lancement

 

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Commentaires 7
à écrit le 19/12/2012 à 11:11
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"il n'y a pas beaucoup d'entreprises qui augmentent de 30 % son chiffre d'affaires sur un an sans augmenter ses effectifs" --> Ils ne se rendent même plus compte de se qu'ils disent! Quelle est la finalité alors? Il faut quand même rappeler que l'éc...

le 19/12/2012 à 11:31
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Ce n'est pas pour défendre Le Gall mais il a été obligé par ses actionnaires (privés et étatiques) à faire ces économies...

le 19/12/2012 à 13:57
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C'est tout simplement de fournir un service à la société de la meilleure manière possible. Coûts de -30% => Satellite telecoms moins chers à envoyer dans l'espace => Communcations plus abordables pour l''ensemble de l'humanité.

le 19/12/2012 à 14:32
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Mais l'industriel qui fournit les lanceurs, a-t-il fait des économies ?

le 20/12/2012 à 8:47
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@franchement: la finalité c'est de baisser le cout de lancement = cout des operations + cout d'achat des lanceurs. Il faut savoir que les lancements d'Ariane sont ''subventionnés'' par l'Union Européenne'' à hauteur de plusieurs dizaines de M?par vo...

à écrit le 19/12/2012 à 9:38
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Ca fait plaisir de temps en temps de voir une équipe qui gagne :)

à écrit le 19/12/2012 à 9:08
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Quand on vous dit que l'Europe peut marcher si on s'en donne les moyens et la volonté..

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