Comment mieux protéger les avions des oiseaux kamikazes ?

La filiale du groupe EADS, Aerolia, travaille sur SAMBA, un projet qui développe de nouveaux boucliers de protection des cockpits des avions commerciaux et d'affaires pour limiter l'impact des collisions avec les oiseaux, et son coût financier important. La DGAC recense en France 700 collisions par an, dont les plus nombreuses se produisent avec le faucon Crécerelle, et les plus violentes avec la cigogne blanche, le volatile le plus lourd.
Un Boeing 737 a percuté un oiseau de plein fouet / YT-ABC

Les oiseaux sont un véritable cauchemar pour les pilotes militaires et d'avions de ligne. Une piqûre de rappel ? Le 15 janvier 2009, le vol 1549 de la compagnie aérienne américaine US Airways vient de décoller de l'aéroport international de LaGuardia. Six minutes plus tard, alors qu'il vole au-dessus de la ville de New York, son pilote, le commandant Chesley Sullenberger, est contraint d'amerrir en urgence dans le fleuve Hudson face à Manhattan. Pourquoi ? Son Airbus A320 a percuté un groupe de bernaches du Canada dont le choc a provoqué la perte de puissance des réacteurs. Plus de peur que de mal, l'accident spectaculaire ne fait aucun mort. D'une manière générale, les collisions avec les oiseaux dans le domaine de l'aéronautique peuvent causer de sérieux dommages aux avions et, tout particulièrement, lorsqu'ils sont en phase de décollage ou d'approche des aéroports. Sur les 20 dernières années, ce sont plusieurs centaines de millions de dollars que l'Aviation Civile a dû supporter en raison de ce type d'impacts.

C'est dans ce cadre qu'Aerolia, la filiale d'EADS spécialisée dans les aérostructures (fabrication de fuselages et de cockpits), travaille sur le projet SAMBA (Shock Absorber Material for Birdshield Application) portant sur le développement de boucliers de protection des chocs à l'oiseau de nouvelle génération pour les avions commerciaux et d'affaires. "La résistance des structures d'aéronefs est devenue une priorité forte pour les avionneurs et les constructeurs d'aérostructures", explique Aerolia dans un communiqué. Comme "20 % des impacts d'oiseaux étant localisés sur les pointes avant des fuselages, explique le directeur de la R&T (Recherche et Technologies) d'Aerolia, Guillaume Vuillermoz, nous avons choisi avec nos partenaires du projet SAMBA de travailler sur les boucliers de choc à l'oiseau des cockpits d'avion". Deux pistes seront explorées au travers des matériaux composites et métalliques ainsi qu'un angle de recherche hybride associant les deux compétences d'Aerolia. Le projet SAMBA a reçu l'appui officiel du gouvernement français.

Des objectifs ambitieux

"Notre consortium vise à proposer un concept de structure de bouclier industriel à base d'une nouvelle technologie différenciante et offrant des performances globales bien meilleures, poursuit le chef de la R&T Engineering d'Aerolia, Pierre Magnin. La réalisation de cet objectif passera par l'établissement de nouveaux modèles de boucliers et le développement de méthodes d'essais innovantes". Selon Aerolia, "ce nouveau concept de bouclier conduira à un niveau supérieur de performances afin d'alléger la structure de 10 % à 20 % pour le bouclier et ses sous-ensembles, et d'augmenter le niveau de sécurité global du cockpit".

Pour mener à bien le projet SAMBA, Aerolia a associé le tissu des PME à ses développements en Recherche & Technologies, à l'image d'Esteve (technologie de fusion laser de poudre d'aluminium), Ateca (fabrication de matériaux d'âmes), Nimitech (technologies innovantes pour les composants en composite) et Cedrem (modélisation du comportement à l'impact de matériaux alvéolaires et 3D absorbeurs d'énergie). EADS Innovation Work interviendra en tant qu'expert sur les matériaux utilisés dans les structures de résistance au choc. Enfin, Strativer (groupe HUTCHINSON) interviendra sur le procédé de production des boucliers. Deux laboratoires sont également impliqués dans SAMBA : l'Institut Clément Ader de Toulouse et l'Institut de Mécanique et d'Ingénierie de Bordeaux (I2M), sur les analyses numériques et les essais.

700 collisions par an en France

Selon la DGAC, 700 collisions en moyenne entre oiseaux et avions sont recensées en France chaque année dans l'aviation civile. 15 % d'entre elles sont qualifiées de sérieuses (retards, dommages, incidents ou accidents). C'est le faucon Crécerelle (environ 205 grammes) qui percute le plus les avions (165 cas entre 2006 et 2009), suivi de la buse variable (66) et de la mouette rieuse (64). La DGAC a recensé sur la même période deux collisions avec deux cigognes blanches (3,4 kg) sur la même période. En 2009, les avions d'Air France ont été percutés 420 fois (contre 256 en 2008), ceux des autres compagnies 404 (329 en 2008).

Depuis 1912, 90 avions civils ont été perdus en raison de collision avec des oiseaux dans le monde occasionnant plus de 300 victimes. Le plus récent est l'amerrissage d'un Airbus A320 dans l'Hudson à la suite d'une double ingestion d'oies (ou de bernaches) dans les réacteurs. En cas d'ingestion d'oiseaux, les causes les plus fréquentes d'accidents sont : une panne moteur ou une accélération-arrêt suivie d'une sortie de piste. "La plupart des collisions (environ 55% ) ont lieu pendant les phases d'atterrissage et de décollage, à une hauteur inférieure à 50 pieds (15,20 mètres)", précise la DGAC. Et de noter que les incidents sérieux sont deux fois plus nombreux au décollage qu'à l'atterrissage. Enfin, les parties de l'aéronef les plus touchées sont dans l'ordre décroissant : les moteurs, le cockpit et les ailes.

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Commentaires 13
à écrit le 31/05/2013 à 20:04
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les pb principaux se posent pour les portes-avions !

à écrit le 31/05/2013 à 12:34
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Si nous nous mettions à la place des oiseaux le temps de quelques battements d'ailes , nous verrions que les kamikazes ce sont les avions qui foncent sur nous et qui ne font rien pour nous éviter ! Cuit ,cuit ,cuit font les oiseaux quand apparaît ...

à écrit le 31/05/2013 à 10:12
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Mettre des sifflets à ultrasons comme pour les sangliers!!!!

à écrit le 31/05/2013 à 1:29
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Le problème de fond c'est qu'il y a trop de vols. Des gens qui vont 3 jours à tel endroit puis 3 jours à tel autre n'est pas sérieux sur tous les plans. On peut très bien vivre mieux en se déplaçant moins et mieux et ce sera favorable à beaucoup d'as...

le 31/05/2013 à 11:05
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Le problème de fond c'est qu'il y a trop d'oiseaux. Des oiseaux qui vont 5 minutes à tel endroit puis 5 minutes à tel autre n'est pas sérieux sur tous les plans. Ils peuvent très bien vivre mieux en se déplaçant moins et mieux et ce sera favorable à ...

à écrit le 31/05/2013 à 0:06
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Les tests de résistance sont fait avec des canons à poulet. Ce ne seront plus des poulets Doux...

le 31/05/2013 à 1:31
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Vu l'impact çà devait être un poulet sur sa moto cherchant à stopper l'avion pour excès de vitesse !

à écrit le 30/05/2013 à 21:33
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Instaurons une taxe aux piafs qui survolent la France !! M? les oiseaux fuiront notre beau pays ....

à écrit le 30/05/2013 à 18:45
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Sur la photo, c'était visiblement pas un moineau ni même un canard qui a croisé le vol de l'avion. Un ptérodactyle peut-être?

à écrit le 30/05/2013 à 17:03
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Oiseaux kamikazes ? Le titre me parait mal choisi. S'il est vrai que la collision avion-oiseau est un fléau, je vois mal comment dire que les oiseaux se jettent sur les avions. Ils volent sur une trajectoire de rencontre avec celle de l'aéronef certe...

le 30/05/2013 à 17:56
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Ces pauvres piafs qui sillonnent le ciel depuis des dizaines de millions d'années n'ont jamais demandé a se retrouver en concurrence avec des congénères en ferraille... Le terme kamikaze est manifestement ici a titre de provocation, ou d'humour un pe...

le 30/05/2013 à 19:16
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Ce titre "comment protéger les oiseaux des avions kamikaze" serait il plus logique?

le 30/05/2013 à 22:30
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Ou bien "collisions avions-oiseaux : comment limiter les dégâts"

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