Drone MALE : Dassault, EADS et Finmeccanica prêts à monter ensemble dans un programme européen

EADS Cassidian, Dassault Aviation et Finmeccanica Alenia Aermacchi se disent prêts à coopérer sur un programme européen de drone de reconnaissance et de surveillance. Toutefois, il n'y a pas pour l'heure de projet affiché par les Etats européens.
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La déclaration des trois industriels - Dassault Aviation, EADS et Finmeccanica - en faveur d'un programme MALE (Moyenne altitude Longue endurance), un drone de reconnaissance et de surveillance, était dans l'air du temps depuis quelques semaines... A la veille du salon du Bourget, ils ont opportunément finalisé leur déclaration appelant de leurs voeux "au lancement d'un programme de MALE européen". "Non seulement un tel programme conjoint satisferait les besoins des forces armées européennes, mais en outre il surmonterait les difficultés budgétaires actuelles par la mise en commun des ressources allouées à la recherche et au développement", ont souigné les trois partenaires. Et d'expliquer que "EADS Cassidian, Dassault Aviation et Finmeccanica Alenia Aermacchi déclarent qu'ils sont prêts à se coordonner autour d'un tel programme qui répondrait aux besoins en matière de sécurité de nos gouvernements et de nos forces armées en Europe".

Cette déclaration commune est également une réponse aux propos du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, qui regrettait de ne pas avoir un programme français ou européen de disponible toute de suite pour compléter le dispositif actuel au Mali. "Alors qu'est-ce-qu'on fait ? On attend que peut-être un jour certains industriels décideront d'agir d'ensemble pour le produire ? Mais ça sera quand ? Dans dix ans. Mais il y a une urgence (au Mali, ndlr) et j'assume cette responsabilité", avait-il expliqué. La France est donc sur le point d'acquérir deux drones MALE américains Reaper, fabriqués par General Atomics, pour couvrir la zone sahélienne. Jean-Yves Le Drian avait donc assuré que "la situation immédiate au Sahel (conflit au Mali avec possible extension au Niger, ndlr) me conduit à lancer l'acquisition d'un équipement existant, parce que nous ne pouvons plus attendre". Puis, dans une deuxième phase, la France est prête à en acheter deux autres, à condition de franciser ou européaniser la charge utile des vecteurs américains. C'est-à-dire avec une capacité d'être opérés de France et en France pour les problèmes de fréquences aériennes. Et surtout les renseignements recueillis par les drones passent par les États-Unis tant que les moyens de transmission n'ont pas été européanisés.

Agacement des industriels

Les propos de Jean-Yves Le Drian ainsi que sa décision d'acheter américain avait beaucoup agacé Dassault Aviation mais aussi EADS, qui s'étaient dit prêts à coopérer. "Si une demande existait, il n'y aurait pas de problème pour faire un drone entre les industriels. BAE Systems, EADS et Dassault pourraient trouver un terrain d'entente dès lors que les pays auraient émis un besoin commun", avait récemment assuré le PDG de Dassault Aviation, Eric Trappier, soulignant que les industriels discutaient déjà entre eux. D'autant que le départ de l'ancien patron de Cassidian Stefan Zoller du groupe européen a semble-t-il pacifié quelque peu les relations houleuses entre EADS et Dassault Aviation. Le communiqué commun est donc la démonstration que les industriels européens peuvent coopérer sur un tel programme, qui va d'échec en échec depuis plus de dix ans. Pour autant, il y a un absent de marque dans cette déclaration commune, BAE Systems. "Il n'était pas possible d'obtenir leur accord ppur cette déclaration", explique-t-on chez Cassidian. Pour quelles raisons ? BAE Systems qui est beaucoup plus dépendant du marché américain que les autres industriels, a préféré jouer la discrétion... même s'il semblerait que le groupe britannique partage la même vision de Dassault Aviation, EADS et Finmeccanica.

Selon les trois industriels, "le développement d'un tel système permettrait, dès le stade de la conception, de tenir compte des besoins critiques en matière de certification des drones, et donc de les utiliser en toute sécurité dans l'espace aérien européen". Ce qui ne sera pas le cas des deux premiers Reaper achetés par Paris et qui seront interdits de survol dans l'espace aérien français. L'Allemagne vient de renoncer à des drones stratégiques Euro Hawk, après avoir dépensé des centaines de millions d'euros, devant le coût de cette adaptation. "La souveraineté et l'indépendance européenne en matière de gestion de l'information et du renseignement seraient garanties, tout en offrant un système robuste, capable de résister aux cyber-attaques, ont-il par ailleurs précisé. Ce programme serait orienté vers le développement de hautes technologies, de manière à stimuler des compétences clés et des emplois de haute valeur en Europe".

Un marché étroit

Le marché des drones MALE en Europe est limité. Jean-Yves Le Drian l'évaluait cette semaine à 30 ou 40 appareils : Allemagne, France, Grande-Bretagne, Italie et peut-être Pologne. Mais la technologie des drones militaires est une des rares qui promet d'avoir des retombées pour l'aéronautique civile, expliquait jeudi le patron d'EADS, Tom Enders, à quelques journalistes à Paris. Des groupes sont également très sceptiques sur la création d'une filière. "Il y a un tel retard en matière de drones que je ne vois pas qui va acheter un drone MALE européen, expliquait un industriel à La Tribune. Et je ne vois pas sur la base de quels pays, on peut développer un programme alors que les principaux pays européens ont déjà acheté du Reaper. J'ai l'impression que l'on se fait un peu plaisir avec cette histoire de drones". Au sein de l'armée de l'air, qui a besoin d'un drone très rapidement, de préférence le Reaper, on n'est pas convaincu par la création d'une filière industrielle européenne. A suivre...

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Commentaires 8
à écrit le 17/06/2013 à 21:50
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Donc cela ne se fera pas... Nos amis Anglo saxon vont y veiller....

à écrit le 17/06/2013 à 11:05
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Il n'y a pas de projets de drones européens à l'heure actuelle parce que nous sommes encore à l'époque des "Chevaliers du Ciel" et qu'on n'a pas anticipé le fulgurant développement de ces machines. Les américains eux sont tellement "riches" qu'ils so...

à écrit le 17/06/2013 à 9:53
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Aux industriels de sa kir ce qu'ils veulent et de prendre leurs responsabilités. L'Etat ne peut pas tout faire à leur place et en plus tout payer. Les besoins sont limités aux industriels donc d'évaluer leur rentabilité, mais sans venir pleurer après...

le 17/06/2013 à 12:22
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"Ils n'ont pas voulu investir, ne croyant pas au marché ou à l'utilité des drones" mais maintenant que l'on voit le gâteau on voudrait bien une part... sans risque

le 17/06/2013 à 14:35
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le gâteau a déjà été partagé. l'Europe n'aura que les miettes.

à écrit le 17/06/2013 à 8:24
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Cela fait dix ans que les armées d'Europe discutent avec les industriels européens et continuent de discuter sans véritable volonté d'aboutir. Pour 40 avions modèles réduits télécommandés dont toutes les technologies sont disponibles. 1,5 milliard au...

à écrit le 17/06/2013 à 7:12
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Si les chefs militaires français n'avaient pas torpillé il y a 10 ans le principe du drone, il y aurait aujourd'hui des drones européens.

à écrit le 17/06/2013 à 5:52
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Encore de l'argent de nos impôts en l'air....il a plein de fabricants de drones de surveillance de haute technologie sur le marché ,avec d'excellentes performances ....validées en opérations depuis des années...

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