Aéronautique : "le métal est de retour" (Christophe Villemin, Constellium)

La nouvelle technologie de Constellium (ex-Rio Tinto), l'alliage Airware, "le métal le plus avancé de l'histoire", a volé à bord de l'A350, qui a effectué ses premiers vols. Le président de la division aéronautique et transport, Christophe Villemin, veut également monter à bord d'Ariane 6, le futur lanceur de l'Europe.
Le producteur d'aluminium pour l'industrie des transports et de l'aéronautique Constellium Copyright Reuters

C'est une véritable success story dans l'aéronautique. Qu'on se le dise, "le métal est de retour" face aux matériaux composites. C'est ce qu'affirme le président de la division aéronautique et transport de Constellium (ex-Rio Tinto), Christophe Villemin que La Tribune a rencontré pendant le salon aéronautique du Bourget (17-23 juin). Avec sa nouvelle technologie, l'alliage Airware, "le métal vole" dans l'A350, le futur long-courrier d'Airbus. Airware est également à bord du nouvel avion de plus de 100 places de l'avionneur canadien Bombardier, le C-Series, le rival aujourd'hui en difficulté sur le plan commercial face aux deux best-sellers que sont l'A320neo et B737 MAX. Pour autant, le C-Series dispose du "fuselage le plus moderne" du moment, estime-t-il. Constellium "contribue à la performance" de cet appareil.

"Constellium a prouvé qu'il était bien là avec le métal le plus avancé de l'histoire", souligne Christophe Villemin, qui précise que Airware "se comporte bien avec le composite". 'L'avion du futur sera hybride", assure-t-il. Tout en notant qu'avec Airware, Constellium peut faire un avion complet. Ce qui est déjà le cas... mais en assemblant plusieurs modèles d'avions. En moyenne, l'alliage Airware a une densité inférieure de 5 % par rapport à un métal conventionnel. "Au total, nous pouvons gagner jusqu'à 25 %" de gain de poids sur certaines pièces, assure Christophe Villemin, qui estime qu'il y a encore "un potentiel énorme à aller chercher". Notamment en le designant plus finement.

Capable d'augmenter les cadences

Airware a également un avantage dans le domaine de la maintenance des avions. Airware provoque moins de corrosion "jusqu'à 200 % d'amélioration", précise Christophe Villemin. Et il est 100 % recyclable, "à l'infini". Le patron de la division aéronautique envisage même de créer "une filière européenne" de recyclage autour d'Airware près des sites de production. 'C'est une vraie opportunité", estime-t-il.

Enfin, Constellium se dit capable d'augmenter les cadences selon les souhaits des avionneurs. 'La métallurgie sait produire à haute cadence, c'est un point fort", explique Christophe Villemin. Constellium "ne plantera pas la supply chain". Un risque qui est l'un des chevaux de bataille du président d'Airbus, Fabrice Brégier. Et Constellium a investi. En mars, le groupe a inauguré une fonderie dédiée à la technologie Airware sur son site d'Issoire (Puy-de-Dôme) afin de pouvoir fournir cette gamme de solutions à échelle industrielle.

Airware à bord d'Ariane 6 ?

Déjà à bord de Falcon 9, le lanceur américain de Space X, Christophe Villemin est en train de discuter pour participer au programme Ariane 6 avec Airware, et plus précisément pour fabriquer les jupes de la future fusée européenne. Airware est également présent dans l'avion de combat américain de Lockheed Martin, le F-35, mais également du F16. Constellium collabore avec Lockheed Martin depuis le tout début du programme pour élaborer les solutions structurelles de pointe nécessaires pour réaliser cet avion. "Avec le F-35, Constellium a relevé un défi unique en son genre, avait expliqué fin mai le PDG de l'usine de Constellium à Ravenswood, Kyle Lorentzen. C'est pour répondre au besoin de larges structures monolithiques que nous avons produit de larges tôles aux dimensions inégalées jusqu'ici. Ce sont nos capacités uniques de production et notre gamme de produits sur mesure qui, d'après nous, ont permis d'accomplir cette prouesse". "Nous concevons des matériaux légers, résistants à la fatigue et à la corrosion qui permettent aux avions militaires de voler plus vite, de gagner en maniabilité et de transporter des charges plus lourdes," avait pour sa part indiqué Christophe Villemin.

Constellium pourrait également monter à bord du C919 de Comac, le futur moyen-courrier chinois. Une décision technique doit être prise. Enfin, Christophe  Villemin travaille sur un dossier top secret lié au sport.

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Commentaires 6
à écrit le 25/06/2013 à 7:43
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Hank Rearden et Christophe Villemin le parallèle est étonnant à un demi-siècle d'intervalle ! La fiction devient réalité. Le roman Atlas Shrugged (La Grève) de Ayn Rand écrit au milieu du siècle dernier était prémonitoire à plus d'un titre !

à écrit le 25/06/2013 à 0:00
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Constellium ex Rio Tinto, vous auriez pu dire ex Pechiney, si nos minables de politiques ne l'avaient pas passé par pertes et profits, pertes pour les uns et profits pour les autres. Voilà un groupe qui nous aura durement manqué.

le 15/08/2013 à 17:27
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comme d hab la france donne sa technologie si elle fait cavalier seul le monde lui f****** des batons dans les roues " un pour tous tous pour un"

à écrit le 24/06/2013 à 15:01
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Bravo, on va pouvoir rouvrir Gandrange, Florange... C'est Mital qui doit être content !

à écrit le 24/06/2013 à 14:41
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Article un peu faible, sachant que de nouveaux alliages sont en développement. Cela ressemble à du publi-rédactionnel

à écrit le 24/06/2013 à 13:31
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Constellium, c'est une des dernières survivances de Pechiney. Les matériaux restent stratégiques dans l'industrie, quoique l'on en dise !

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