Défense : le missile tactique de MBDA est enfin sur orbite

Sans un programme de missile tactique dans sa gamme, MBDA aurait perdu son statut de missilier global. Avec le lancement du MMP, l'industriel peut aussi reconquérir un segment représentant 15 % à 20 % du marché mondial des missiles où il était absent depuis la fin de carrière du Milan, l'un de ses best-sellers à l'exportation.
Michel Cabirol
3000 MMP devraient à terme équiper l'armée de terre française

Selon nos informations, un récent comité ministériel d'investissement (CMI) a donné son feu vert pour le lancement du missile moyenne portée (MMP), qui équipera l'armée de terre (3.000 unités). Une  tranche ferme de 1.500 missiles était en cours de discussion à la fin de l'été entre MBDA et la direction générale de l'armement (DGA), les 1.500 missiles autres devant être confirmés dans les années suivantes.

Et comme l'avait dit mi-septembre à l'Assemblée nationale le PDG de MBDA, Antoine Bouvier, le MMP, successeur du best-seller du missile léger antichar Milan, "revient de très loin" (...)"un premier choix avait été fait en juillet 2009 d'acquérir un nombre heureusement limité de Javelin (missile américain, ndlr) dans une approche d'urgence opérationnelle".

Et il avait indiqué à cette occasion que "l'objectif est d'avoir une signature puis une notification avant la fin de l'année, ce qui est nécessaire pour une mise en service en 2017 dans le cadre du retrait du Milan". Pour autant, au sein de MBDA, on reste très prudent tant que le contrat n'est pas signé et n'a pas terminé son circuit administratif dans les méandres de Bercy. Et pour cause. Car déjà au cœur de l'été 2011, MBDA avait crû avoir décroché le jackpot...

Un accord de principe en 2011

Avant la trêve estivale, le dernier CMI avait approuvé en juillet 2011 toute une série d'investissements dans de nouveaux programmes de missiles (ANL et MMP) et la modernisation de certains grands programmes (Exocet et Aster) de MBDA. Soit un chiffre d'affaires estimé à l'époque entre 600 et 650 millions par an pendant une dizaine d'années. Mais la signature de ces contrats n'est jamais venue, la faute à l'alternance politique et à la rédaction d'un nouveau Livre blanc.

"Sur la base de ces décisions de principe, a expliqué Antoine Bouvier, les industriels que nous sommes avions alors travaillé en autofinancement, pris des risques sur ces trois programmes (MMP, ANL - Antinavire Léger, Aster Block 1 NT, ndlr) et défini le cadrage de l'activité et des effectifs de MBDA en jouant gagnant sur l'ensemble de ces nouveaux programmes, ce qui était une hypothèse audacieuse".

Mais, pour MBDA, l'exercice de l'année 2011 s'est toutefois traduit par une réduction des budgets de la filière missiles.

Autofinancement de MBDA

En dépit de toutes les incertitudes autour de ce programme, MBDA a toujours continué de travailler avec les mêmes équipes sur le programme MMP "sans contrat depuis le début de l'année 2010", a rappelé Antoine Bouvier. Pourquoi ? Parce que MBDA était "confiant" à la fois "dans la qualité du produit, le travail que nous avions fourni pour l'adapter aux besoins de l'armée de terre et l'attractivité de notre proposition commerciale", a-t-il précisé. À Bourges, cet été, le ministre a salué la prise de risque de MBDA.

Effectivement MBDA revient de loin. En 2009, la DGA avait retoqué le projet Milan ER, pas assez performant, et à choisir en 2010 le missile américain Javelin pour un achat limité (un lot de 300) destiné à équiper les troupes françaises en Afghanistan. Cette décision a été un électrochoc pour MBDA, qui a réagi dès septembre 2009 en décidant "de mettre des équipes de très haut niveau et les ressources financières nécessaires à la poursuite du développement d'un produit maison, sans recevoir alors le moindre encouragement de l'administration française".

MBDA a pris 75 % des coûts de développement

"Notre investissement et notre prise de risques ont été récompensés puisque ce produit correspond à celui dont l'armée de terre a besoin en termes de performances et de calendrier et que la DGA trouve attractive la proposition commerciale que MBDA lui a faite", a estimé Antoine Bouvier. MBDA a proposé, sur la base d'une commande française de 3.000 missiles, de prendre à sa charge 75 % des coûts de développement estimés entre 200 et 250 millions d'euros, "une proposition exceptionnelle compte tenu des contraintes auxquelles nous devons faire face", selon le PDG de MBDA.

Et de rappeler que les coûts de développement des missiles américain Javelin et israélien Spike ont été supportés à 100 % par le contribuable américain et le contribuable israélien. Ce qui n'est pas le cas du MMP.

Pourquoi un tel acharnement à sauver ce programme ? Le missilier ne pouvait pas se résoudre à ce que ce secteur du combat terrestre devienne un marché exclusivement américain (Javelin) ou israélien (Spike). D'autant plus que le Milan a longtemps été le leader mondial (plus de 20 % de parts de marché) de ce segment qui  représente entre 15 % et 20 % du marché des missiles. Enfin, si MBDA a pris la décision d'autofinancer significativement ce programme, c'est aussi pour rester l'un des rares missiliers globaux.

Une coopération franco-britannique ?

Selon Antoine Bouvier, l'actuateur (dispositif permettant de réguler le débit et la pression d'un fluide) du MMP devrait être britannique et le calculateur embarqué du Spear Capability 3 devrait être français.

"Nous attendons encore le feu vert de l'administration française pour transférer à Stevenage les actuateurs qui sont actuellement produits à Bourges", avait-il expliqué à l'Assemblée nationale. Et de préciser que "les activités ne seront évidemment transférées qu'au fur et à mesure du financement des programmes".

Pour Antoine, Bouvier, l'objectif est bien de revenir à une perspective européenne et le MMP est, à cet égard, un bon véhicule non seulement pour la France et l'exportation mais également pour nos partenaires européens.

Michel Cabirol

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Commentaires 5
à écrit le 26/10/2013 à 13:30
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Bonjour, ce qui est important est de savoir, le principe général de fonctionnement , les performances et surtout le coût unitaire de chaque missile.... Car le tout (tiré et oublie) en thermique ne donne pas satisfaction.... Serat il pris en compte le...

à écrit le 24/10/2013 à 0:00
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Auraient ils réinventé de nouvelles charrette a bras , a nos frais ?

le 24/10/2013 à 8:45
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L'armée Française recevra à titre symbolique 2 ou 3 échantillons. Les trois Armées ont déjà 75% des équipements à l'arret et abandon, faute de budget pièces détachées et Maintenance. Plus d'entrainement faute de budget : des militaires déprimés, avec...

à écrit le 23/10/2013 à 17:41
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Il est horrible

le 23/10/2013 à 18:27
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Aucune importance ! ce qui compte c'est son efficacité !

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