La France au Moyen-Orient (4/5) : Jean-Yves Le Drian, l'homme clé du retour de la France aux Emirats Arabes Unis

Quatrième volet de la France au Moyen-Orient, les Emirats Arabes Unis. C'est dans ce pays que Paris a commencé à toucher les premiers dividendes de sa nouvelle politique diplomatique. En dépit du forcing britannique pour le Typhoon, Dassault Aviation est toujours en compétition dans le ciel émirati.
La relation de confiance entre le prince héritier d'Abu Dhabi, Sheikh Mohammed bin Zayed Al Nahyan, et le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a relancé les projets entre Abu Dhabi et Paris
La relation de confiance entre le prince héritier d'Abu Dhabi, Sheikh Mohammed bin Zayed Al Nahyan, et le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a relancé les projets entre Abu Dhabi et Paris (Crédits : Roland Pellegrino, ministère de la Défense)

La France est vraiment de retour aux Émirats Arabes Unis... Il aura fallu plus d'un an pour que Paris revienne dans les petits papiers du prince héritier d'Abu Dhabi, Sheikh Mohammed bin Zayed Al Nahyan. Un homme a été la clé dans cette réconciliation entre Paris et Abu Dhabi. Cet homme, c'est Jean-Yves Le Drian, qui a su tisser une relation personnelle avec le prince héritier, lui-même séduit par le caractère obstiné de ce pur breton de Lorient.

Jean-Yves Le Drian a notamment surpris les Émiratis par sa ténacité. Surtout quand début juillet il avait repoussé de 24 heures son retour à Paris pour tenter de signer coûte que coûte le contrat Falcon Eye, deux satellites espions construits par Astrium et Thales Alenia Space. Et même s'il n'avait pas cette fois-là emporté la décision, il avait marqué les esprits.

Une disgrâce d'un an et demi

Cette commande de plus de 700 millions d'euros sera finalement signée quelques jours plus tard fin juillet par le ministre lors d'une cérémonie très protocolaire. Ce contrat, qui était perdu en janvier par les Français et promis aux Américains, n'est pas encore notifié, selon nos informations. "En 2014", estime-t-on de source proche du dossier. Tout comme la vente par Thales de 17 radars Ground Master 200 pour un montant d'environ 250 millions d'euros. Avec ces deux commandes pour un total de 1 milliard, Paris retrouvait enfin les faveurs d'Abu Dhabi. Aujourd'hui le ministre "est dans l'approfondissement personnel de sa relation avec le prince héritier", explique-t-on dans son entourage.

Jean-Yves Le Drian est déjà allé six fois aux Émirats pour entretenir cette "vraie relation de confiance". Lors du salon aéronautique de Dubaï 2013, cela s'est encore vu. Les deux hommes ont passé du temps ensemble, visitant le stand de Dassault Aviation et de MBDA. Ils ont également participé à un déjeuner officiel. En revanche, les relations sont beaucoup moins étroites avec le ministre de la Défense des Émirats Arabes Unis et patron de l'émirat de Dubaï, l'émir Mohammed ben Rachid Al Maktoum.

Il était temps. Car les dernières commandes militaires significatives des Émirats Arabes Unis, un client fidèle de la France, remontaient déjà à 2007 avec le contrat Yahsat (deux satellites de communications civiles et militaires) et l'achat de trois avions ravitailleurs MRTT à Airbus. Soit une disgrâce d'un an et demi après la gifle retentissante de Sheikh Mohammed bin Zayed Al Nahyan en personne au salon aéronautique de Dubaï en novembre 2011. Ce dernier avait alors tancé Dassault Aviation pour ses conditions commerciales inacceptables dans le cadre de la négociation d'un contrat Rafale. Il avait lancé le Typhoon du consortium Eurofighter dans la compétition.

Lire ou relire : La saga du Rafale aux Émirats Arabes Unis (1/3) : Le temps de la réconciliation

La saga du Rafale aux Émirats Arabes Unis (2/3) : le temps des espoirs... et des concessions

La saga du Rafale aux Émirats Arabes Unis (3/3) : le temps des fâcheries

Un an encore de travail pour le Rafale

En dépit des bonnes relations entretenues entre les Émirats Arabes Unis et la France, les grands patrons de l'industrie de l'armement française, qui atterrissent à Dubaï les jours précédents l'inauguration de la douzième édition du salon aéronautique prévue le dimanche 17 novembre, sont un peu fébriles. Et pour cause. La presse britannique croit dur comme fer qu'un contrat de 7 milliards d'euros pour la vente de 60 Typhoon, voire un protocole d'accord, va être signé lors du passage à Dubaï par David Cameron. Le Premier ministre britannique a prévu de faire un stop dans cet émirat le samedi la veille de l'ouverture du salon sur le chemin du retour à l'issue du sommet du Commonwealth au Sri Lanka. Mais pour les britanniques, cela fait pschitt.

"Ils sont dans la même situation que nous il y a deux ans, se réjouit-on dans le camp français. Ils ont même peur de jouer les lièvres face au Rafale". Pour autant, pour le Rafale aux Emirats, rien n'est encore gagné. "Cela prendra encore du temps, il y a un an de travail", explique-t-on à "La Tribune". La France garde donc le cap depuis la reprise des négociations en janvier 2013 à l'issue de la visite de François Hollande à Dubaï. Sheikh Mohammed bin Zayed Al Nahyan a confié à Dassault Aviation et son PDG, Eric Trappier, ont une nouvelle feuille de route en février dernier lors du salon de défense IDEX.

VBCI, Crotale et corvettes Gowind dans les starting-blocks

D'autres projets sont actuellement en négociations. Le plus avancé est l'achat de 700 véhicules blindés par Abu Dhabi. Nexter, le groupe public spécialisé dans les armements terrestres, qui comptait entrer en février dernier en négociations exclusives avec les Emirats pour placer le VBCI dans les forces émiraties - sans succès -, rencontrerait, selon nos informations, des difficultés pour finaliser le montage industriel avec le groupe local, Tawazun. "C'est un peu compliqué", indique-t-on à La Tribune. Sur ce dossier aussi, il resterait environ un an de travail. Le VBCI, qui offre un haut niveau de protection face aux différentes menaces des théâtres d'opérations, a déjà été projeté en Afghanistan et au Liban en 2010 puis au Mali en début d'année 2013.

Quant à DCNS, le groupe naval lorgne, selon nos informations, sur la vente de six corvettes polyvalentes. Le groupe propose des Gowind de 3.000 tonnes, qui seront construites localement. Enfin, Thales s'est mis sur les rangs pour moderniser le système Crotale, un système de défense aérienne de courte portée, en service dans la marine émiratie.

Lire ou relire l'ensemble de la série sur la France au Moyen-Orient :

La France au Moyen Orient (1/5) : quand la diplomatie va, tout va... mieux

La France au Moyen-Orient (2/5) : Paris chasse en Arabie Saoudite le mégacontrat Sawari 3

La France au Moyen-Orient (3/5) : le Qatar premier client du Rafale ?

La France au Moyen-Orient (5/5) : Et si le Rafale allait défier l'Eurofighter à Bahreïn ?

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Commentaire 1
à écrit le 18/07/2014 à 23:34
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