"MBDA renforce sa position de champion européen" (Antoine Bouvier, PDG)

Le ministère de la Défense va ôter une belle épine du pied d'Antoine Bouvier en lançant enfin le programme MMP qui équipera l'armée de Terre. Le patron de MBDA reste par ailleurs serein face à la restructuration drastique que prépare EADS dans ses activités défense et espace.
Michel Cabirol
Le PDG de MBDA, Antoine Bouvier, présente au prince héritier d'Abu Dhabi, Sheikh Mohammed bin Zayed Al Nahyan, et au ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, les missiles de son groupe lors de l'inauguration du salon aéronautique de Dubaï

Au salon aéronautique de Dubaï, Antoine Bouvier est particulièrement content. Et le PDG du missilier européen MBDA peut effectivement l'être. Le lancement du programme du missile MMP (Missile Moyenne Portée), successeur du Milan - l'un des best-sellers du groupe -, d'ici à la fin de l'année par le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, récompense tous ses efforts pour maintenir contre vents et marées ce programme important pour le groupe. Jean-Yves Le Drian a dévoilé lors d'une interview à La Tribune qu'il lancera le MMP d'ici à la fin de l'année. Ce programme revient de loin, de très loin.

"Avec ce programme, MBDA va rester un acteur global" dans la trame missilière, commente à "La Tribune" avec satisfaction Antoine Bouvier, qui a vu en outre tous ses principaux clients de la région Moyen-Orient défiler sur le stand MBDA. "Nous renforçons notre position de champion européen", note-t-il. Le groupe européen va continuer à proposer l'ensemble de la gamme missile, à l'image des américains Raytheon et Lockheed Martin. Ces trois groupes se partagent environ 75 % du marché des missiles et de l'activité industrielle avec une dimension commerciale mondiale. Ce sont des acteurs globaux de taille équivalente.

Un programme autofinancé

"On a pris des risques" avec le MMP, que MBDA a largement autofinancé, confie Antoine Bouvier. En dépit de toutes les incertitudes autour de ce programme, le groupe a toujours continué de travailler avec les mêmes équipes sur le programme MMP "sans contrat depuis le début de l'année 2010", a rappelé Antoine Bouvier. Et le missilier a proposé, sur la base d'une commande française de 3.000 missiles, de prendre à sa charge 75 % des coûts de développement estimés entre 200 et 250 millions d'euros. Une  tranche ferme de 1.500 missiles était en cours de discussion à la fin de l'été entre MBDA et la direction générale de l'armement (DGA), les 1.500 missiles autres devant être confirmés dans les années suivantes.

Pour préparer l'avenir du missilier avec les programmes MMP, Antinavire léger (ANL) et Aster 30 Block 1 NT (Nouvelles technologies) et faire travailler ses bureaux d'études, le groupe a fait, de sa propre initiative, des sacrifices en "acceptant des réductions de commandes" sur les programmes en cours, explique Antoine Bouvier. "MBDA a pris l'initiative de faire financer ces programmes en développement en proposant à l'Etat de faire des économies sur d'autres programmes de MBDA en production, précise-t-il. Sur l'ANL, nous avons fait des efforts et des concessions pour faire émerger un programme en coopération franco-britannique. C'est une initiative rare".

Le patron de MBDA attend désormais le lancement de l'ANL par la France "début 2014". En clair, "la DGA payera sa participation au ministère de la Défense britannique" (MoD) qui gèrera le contrat pour le compte des deux nations. "C'est un contrat unique", précise-t-il. Cela va permettre au missilier de poursuivre le développement de ce missile.

Pas d'impact de la réorganisation d'EADS sur MBDA

Interrogé pour savoir si la restructuration des activités défense et espace d'EADS allait avoir un impact sur MBDA, Antoine Bouvier a assuré qu'il n'y en aurait "aucun". Quant à atteindre une marge à 10 %, le PDG de MBDA s'est montré très serein sur cet objectif financier. "C'est cohérent avec les performances de l'entreprise, affirme-t-il. Il n'y a pas de problème à prendre en compte cet objectif. MBDA fait mieux que 10 %. Nous l'avons déjà fait", souligne-t-il. C'est d'ailleurs ce qu'il a récemment expliqué aux syndicats inquiets lors d'un comité central d'entreprise (CCE).

En attente de contrats de plates-formes

Enfin, il s'est montré très discret sur les perspectives d'export dans la région Moyen Orient. "La politique française est bien perçue, confirme toutefois le PDG du missilier MBDA. On sent que les prises de positions de la France sur la Syrie, l'Iran ont généré dans la région un climat positif". En tout cas, MBDA attend avec impatience des contrats de plates-formes aériennes (Rafale et Typhoon), navales ainsi que terrestres pour proposer ses produits.

Le Qatar (Rafale, Typhoon et un ou des appareils américains) et les Emirats Arabes Unis (Rafale, Typhoon et F-15) sont actuellement en négociation pour acheter respectivement 72 et 60 avions de combat. A Oman, MBDA a proposé toute une série de missiles pour équiper les Typhoon récemment achetés par le Sultanat. Par ailleurs, dans la plupart des pays du Golfe, plusieurs compétitions sont ouvertes en vue de renouveler la plupart des flottes de leur marine.

Une place au soleil dans la défense aérienne

Pour autant, MBDA tente de se faire une place au soleil dans le domaine de la défense aérienne (Air defence) en proposant le VL Mica et/ou le système SAMP/T, proposé au Qatar notamment dans le cadre du GIE Eurosam. En Arabie Saoudite, MBDA va équiper de missiles sol-air VL Mica la Garde nationale, l'armée privée du roi commandée par le prince Mitaeb bin Abdullah, selon des sources concordantes. Ce contrat, qui s'élève à un peu plus de 150 millions d'euros, va permettre de remplacer le parc de missiles Mistral, dont le fournisseur était déjà MBDA. 

Michel Cabirol

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