Pour les industriels de l'aéronautique, Bercy a "châtré le CICE"

Marwan Lahoud, président du Gifas (groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales) demande à ce que cet avantage fiscal s'applique pour les salaires allant jusqu'à 3,5 Smic. Dans les conditions actuelles, son apport au secteur est extêmement limité.
Fabrice Gliszczynski
Marwan Lahoud, président du Gifas, demande à ce que le CICE soit élargi pour pouvoir profiter au secteur de l'aéronautique. | REUTERS

Pour les industriels de l'aéronautique, de la défense et de l'espace, le CICE (Crédit impôt pour la compétitivité et l'emploi), cet avantage fiscal pour les entreprises, tel qu'il existe aujourd'hui, ne leur sert pas à grand-chose, affirme le Gifas (groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales).

«Le CICE (Crédit impôt pour la compétitivité et l'emploi, ndlr), est une idée excellente mais les techniciens de Bercy en ont réduit la portée. Ils ont châtré la mesure», a déploré ce mercredi son président Marwan Lahoud, également directeur général de la stratégie et du marketing d'Airbus Group, lors de ses vœux à la presse.

Salaire moyen dans l'aéronautique : 46.000 euros

En cause, le fait qu'il ne s'applique que sur les salaires allant jusqu'à 2,5 Smic, et non 3,5 Smic comme le recommandait le rapport Gallois sur la compétitivité. Du coup, en raison du niveau de salaires dans l'aéronautique (46.000 euros brut par an en moyenne), son impact sur le secteur est extrêmement limité.

«Il est de 1 centime, autrement dit, si la parité euro/dollars passe de 1,30 à 1,31 dollar, le bénéfice du CICE est effacé », a expliqué Marwan Lahoud.

Le prix a été déterminant dans le choix d'Air Canada en faveur de Boeing

Or l'euro fort pénalise toujours l'industrie aéronautique française dont la majorité des coûts sont en euros alors que, dans le civil, les recettes sont en dollars. « Une évolution de 10 cents d'euros correspond à 2% de marge. Cela fait la différence dans une compétition », a-t-il rappelé, précisant que l'appel d'offres d'Air Canada pour l'acquisition de plus de 100 appareils qu'a perdu Airbus en décembre face à Boeing « s'est joué sur les prix ».

Relèvement du seuil

Le Gifas appelle à ce qu'on en revienne aux propositions de Louis Gallois, c'est-à-dire que le CICE s'applique sur les salaires allant « au moins » jusqu'à 3,5 Smic afin qu'il « donne toute la mesure de son efficacité ». Selon Marwan Lahoud, un relèvement du seuil à 3,5 Smic deviendrait « significatif ». Ce « soutien » contribuerait à améliorer la compétitivité de l'aéronautique française, au centre des préoccupations du Gifas, pour «être capable de faire des propositions partout dans le monde qui gagnent ». Pour l'heure, l'aéronautique française et européenne a le vent en poupe avec les ventes record d'Airbus.

Fabrice Gliszczynski

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Commentaires 8
à écrit le 09/01/2014 à 9:39
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Ceci montre bien qui gouverne vraiment la France : les Dir Cabs de Bercy. En détournant avec les décrets d'applications l'esprit des lois votées par le Parlement . La vérité : les politiciens n'ont plus d'autorité sur les hauts fonctionnaires. Ce qui...

à écrit le 09/01/2014 à 8:23
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La politique du gouvernement est de faire croire à une action forte en faveur des entreprises et des salariés alors que globalement la vérité est inverse. L'art du maquillage où FH excelle. Mais le soir, le rimel coule...

à écrit le 09/01/2014 à 0:22
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Pour ne froisser personne, de nombreux clients mixtent leurs flottes Boeing-Airbus. Par contre le véritable frein provient d'un euro très largement surévalué. De combien de dizaines de milliards se gonfleraient nos exportations avec une parité de 1...

le 09/01/2014 à 11:06
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Si je suis votre raisonnement les européens devraient mettre une parité fixe entre l'euro et le dollars. Du coup on demande à la BCE de faire en sorte de "coller" au dollar en permanence en adoptant la même politique monétaire que les USA (ils dévalu...

à écrit le 09/01/2014 à 0:21
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Pour ne froisser personne, de nombreux clients mixtent leurs flottes Boeing-Airbus. Par contre le véritable frein provient d'un euro très largement surévalué. De combien de dizaines de milliards se gonfleraient nos exportations avec une parité de 1...

à écrit le 08/01/2014 à 21:13
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Pour lire TOUS les commentaires, tapez en même temps sur votre clavier : ctrl + F5. La Tribune a un problème avec le cache des navigateurs. Votre ordinateur reprend le premier cache que vous avez eu de l'article. Je leur en ai fait part.

à écrit le 08/01/2014 à 21:12
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Déterminant pour les choix d'Air Canada ??? Du grand n'importe quoi, il est évident que le Canada privilégiera toujours les Américains dans ses transactions commerciales, et ouvrir les portes de l'Europe récemment aux produits et services canadiens e...

le 08/01/2014 à 21:20
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Il faut vérifier vos affirmations : la moité de la flotte est constituée d'Airbus...

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