Pourquoi Airbus calme le jeu sur les cadences de production

Après avoir livré 626 avions en 2013, un record, l'avionneur table sur une stabilité en 2014. Pour augmenter fortement les cadences d'A320, il attend la fin de la transition entre la production d'A320 classiques et les Neo remotorisés en 2018. A ce moment là, il pourrait produire 50 A320 par mois, contre 42 aujourd'hui.
Fabrice Gliszczynski
Le premier vol de l'A320neo est prévu à l'automne 2014 pour des premières livraisons en 2015

Après avoir réalisé en 2013 la meilleure année de tous les temps en termes de prises de commandes d'avions (1.619 appareils, 1.503 en tenant compte des annulations), la direction d'Airbus (la filiale de construction d'avions civils d'Airbus Group, ex-EADS) garde la tête froide. L'avionneur a beau disposer d'un carnet de commandes record de 5.559 avions, soit plus de huit ans production, le groupe ne compte pas donner un grand coup d'accélérateur aux cadences de production à court terme, lesquelles ont doublé au cours des dix dernières années.

Livraisons stables

Après avoir livré 626 avions en 2013 - un record -, en hausse de 6,5 % par rapport à l'année précédente, Airbus entend livrer en 2014 un nombre plus ou moins similaire d'appareils. "Les livraisons devraient être stables", indique le PDG d'Airbus, Fabrice Brégier. Boeing est donc d'ores et déjà certain de conserver son rang de premier constructeur mondial (648 commandes en 2013, lesquelles doivent augmenter avec la monté en cadences du B787). Côté commandes, Airbus ne compte pas réaliser la même performance qu'en 2013 (1.619 commandes brutes). Il devrait toutefois en engranger plus que le nombre d'avions livrés.

Une trentaine d'A380 livrés chaque année pendant 4 ans

Pour Airbus, les cadences d'A320 restent cette année à 42 par mois, celles d'A330 à 10 par mois, celles de l'A380 devant passer de 25 à 30 sur l'ensemble de l'année. Ce rythme de 30 A380 par an environ est assuré aujourd'hui pour quatre années, selon Fabrice Brégier, le PDG d'Airbus, après la commande en décembre de 50 A380. Ceci en tenant compte des quelques commandes fragiles comme les 5 de Kingfisher Airlines qui ont été annulées.

En 2015, la croissance des livraisons globales d'Airbus repartira du fait de l'A350, dont le premier exemplaire doit être livré à Qatar Airways au dernier trimestre 2014. Outre la phase de tests en vol aujourd'hui dans le but d'obtenir la certification de l'appareil au troisième trimestre 2014, la préparation de la montée en cadences est aujourd'hui l'un des enjeux de l'avionneur.

Premier vol de l'A320 Neo à l'automne

Concernant, l'A320, la prudence est de mise. Airbus ne veut pas tirer sur la corde des sous-traitants avant que ne soit achevée en 2018 la transition entre la production des A320 CEO (classiques) et celle des A320 remotorisés Neo, dont le premier vol est prévu à l'automne 2014 pour des premières livraisons en 2015. En outre Fabrice Brégier veut être sûr qu'une baisse de la demande ne l'obligera pas à ralentir le rythme ensuite.

 "L'objectif est d'éviter les à-coups. Ce n'est bon, ni pour nous, ni pour l'industrie, explique-t-il. Avec les commandes que nous avons, la transition entre l'A320 CEO et NEO se fera à une cadence de 42 avions par mois. Quand nous aurons basculé sur l'A320 Neo en 2018-2019, les cadences augmenteront"

Pour John Leahy, le directeur commercial d'Airbus, "la demande existe pour livrer 50 A320 Neo par mois quand la transition sera achevée. Je pense que la chaîne des fournisseurs peut l'absorber".

 Néanmoins, d'ici là, Airbus pourrait tout de même augmenter les cadences. Ceci dans l'hypothèse qu'il y ait plus d'A320 classiques à produire. "Il y a un potentiel pour plus de 42 avions par mois, mais il n'est pas décidé", explique Fabrice Brégier. C'est que, comme l'a rappelé la semaine dernière Marwan Lahoud, président du Gifas (Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales) et également directeur général de la stratégie et du marketing d'Airbus Group, « la montée en cadences est en tête des risques pour l'ensemble de la profession ».

Améliorer les programmes existants

En termes de programme, Airbus n'a pas prévu de lancer de nouveaux programmes au cours des 10 prochaines années.

"Nous passons d'un cycle marqué par des lancements de grands programmes (l'A380 en 2000, l'A350 XWB fin 2006..) à une période qui se caractérisera par des améliorations continues sur toutes les familles d'avions. Nous avons des plateformes modernes, il faut en tirer le meilleur", explique Fabrice Brégier. "Il n'y a pas d'intérêt à lancer aujourd'hui un nouveau avion monocouloir".

La remotorisation de l'A330 n'est pas la priorité

Après la remotorisation de l'A320, Airbus prépare pour 2015 une version disposant d'une masse au décollage de 242 tonnes (ce qui permet d'emporter plus de carburant et d'allonger le rayon d'action) ainsi que sur une version régionale de cet appareil pour les marchés chinois et indiens. Concernant une éventuelle remotorisation, Fabrice Brégier estime que ce n'est pas aujourd'hui la priorité. "Cela n'a pas que des avantages", explique-t-il. Cette option est pour l'heure poussée par les motoristes et par certaines compagnies comme Air Asia X. Quant à l'A380, peut être sera-t-il étendu ou remotorisé (ou les deux) à l'avenir.

Moins d'embauches

Résultat, après avoir embauché 16.500 personnes depuis 5 ans, dont plus de 3.000 l'an dernier, Airbus va lever le pied en recrutant encore un millier de personnes en 2014 auxquels s'ajouteront 500 emplois pour des salariés des autres branches du groupe en cours de restructuration (défense et espace).

Le constructeur d'avions européen va désormais embaucher surtout du personnel de production et moins d'ingénieurs de développement. "Sur le millier de recrutements externes qu'Airbus va faire en 2014, 80 % vont concerner les postes de production pour accompagner le lancement de l'avion long courrier A350", qui sera livré à partir de la fin 2014, a déclaré le DRH de la société et d'Airbus group Thierry Baril, en marge de la réunion. "On va un peu plus que remplacer les départs naturels de 2014 avec ces embauches, on est entré dans une période de stabilité après une hausse phénoménale". Airbus compte actuellement environ 61.000 salariés en Europe (dont 25.200 en France) et plus de 40 % des embauches comme des effectifs concernent les établissements français.

Fabrice Gliszczynski

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Commentaires 2
à écrit le 13/01/2014 à 22:24
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Les sous traitants sont dans l'ensemble contents. Attention néanmoins à la dépendance. Sans être pessimiste (le mal du siècle) français sachons tirer les leçons et diversifions les pôles (ou régions) de compétences. Si Airbus s.enrhume c.est midi Pyr...

le 20/01/2014 à 23:05
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La production augmente... l'ingénierie baisse....Une prévision connue de -3000 ETP (FTE) sur 3 ans ... soit moins 1000 ETP par an sur 3 ans ... en volume: c'est l'équivalent annuel des plus grosses boites d'ingénierie de rang 1 sur Toulouse... ça cr...

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