Et le drone Watchkeeper de Thales est enfin entré en service en Grande-Bretagne

Neuf ans après avoir signé le contrat en 2005 avec le ministère de la Défense britannique, Thales a réussi à faire entrer en service en Grande-Bretagne le drone tactique israélo-britannique Watchkeeper.
Michel Cabirol
Richard Seymour

Les sourires étaient sur tous les visages des responsables de Thales... lors de la journée Thales InnovDays (5-7 mars). Notamment du directeur général adjoint en charge des systèmes de mission de défense, Pierre-Eric Pommellet, et du directeur général adjoint en charge des opérations aériennes et directeur général adjoint défense terrestre, Alex Cresswel, à l'origine du  programme de drone tactique Watchkeeper. Pourquoi ? Parce que le ministère de la Défense britannique (MoD) et l'Autorité de l'aviation militaire (MAA) ont autorisé la mise en service de ce système développé par Thales pour l'armée britannique. Watchkeeper est certifié au même niveau de sécurité que les avions pilotés, a assuré Thales dans un communiqué publié mercredi.

Selon Thales, Watchkeeper qui est le "premier drone à obtenir une autorisation de mise en service" est "également le seul de sa catégorie à avoir la permission de voler dans l'espace aérien britannique". "Il remplit les critères de sécurité et de navigabilité très stricts du MoD requis pour l'exploitation du système par l'armée britannique", a précisé Thales. Avec cette autorisation de mise en service, le programme achève sa phase d'essais et d'évaluation, menée par les opérateurs de Thales depuis le centre d'essais de Parc Aberporth (Pays-de-Galles) - et entame sa phase d'entraînement au vol, destinée cette fois aux opérateurs de l'armée britannique.

Une coopération israélo-britannique

Ce drone tactique appuiera les opérations militaires du Royaume-Uni à l'étranger, en étant habilité à effectuer des vols d'entraînement dans l'espace aérien britannique. Watchkeeper est un drone multi-capteurs tout temps, capable de voler pendant plus de 16 heures pour mener à bien une même mission. Watchkeeper sera déployé par l'armée britannique lors de missions de surveillance et de renseignement pour la protection des troupes en appui des opérations militaires et n'est pas armé.

Pour développer Watchkeeper, Thales a bénéficié d'une aide importante sur toute la chaîne de production, notamment de la part d'UAV Tactical Systems Limited (U-TacS), coentreprise entre Thales et Elbit Systems créée lors de l'attribution formelle du contrat en août 2005. Un drone tactique est un système mobile de taille moyenne développé pour le renseignement, la surveillance, l'acquisition et la reconnaissance de cibles en appui des forces au niveau d'une brigade et de niveaux inférieurs.

Des capteurs révolutionnaires

"Watchkeeper est plus qu'un avion. Au coeur du dispositif, le capteur révolutionnaire du radar, développé par les ingénieurs de Thales au Royaume-Uni et en France, offre des performances sans précédent pour sa taille et son poids", a estimé Pierre-Eric Pommellet. De son côté, le lieutenant-colonel Craig Palmer de l'armée britannique a expliqué que "pour Watchkeeper, la barre a été fixée très haut. L'ensemble du système a subi des revues et des essais détaillés qui ont amplement prouvé la maturation rapide de ce drone, permettant d'étayer une recommandation de mise en service".

Un programme qui a finalement eu une maturation plus longue que prévue. C'est en 2004 que le MoD a sélectionné Thales UK pour la maîtrise d'oeuvre du programme Watchkeeper. A ce moment là, Thales prévoyait une mise en service... en 2006 pour une période de 30 ans. Ce qui semblait a posteriori très, très (trop ?) ambitieux. Et d'être également optimiste sur l'exportation de ce système. Ainsi, le directeur général de Thales UK Alex Dorrian, cité dans le communiqué de 2004, estimait que la solution proposée par Thale UK "devrait permettre de sécuriser de l'ordre de 600 millions d'euros de commandes à l'exportation du Royaume-Uni" et de créer ou assurer "le maintien de 2.500 emplois".

Mise en service prévue en 2010

Puis en août 2005, le MoD et Thales ont signé un contrat de 1 milliard d'euros portant sur le développement, la production et le support initial du programme. Un an plus tard, le groupe d'électronique prévoit "une mise en service des capacités opérationnelles"... dès 2010. Soit déjà un report de quatre ans par rapport aux premières prévisions. Un an plus tard, le programme ne permet de créer ou d'assurer plus que 2.100 emplois.

Enfin, Alex Dorrian, à nouveau cité dans le communiqué en 2005 estimait "pouvoir enregistrer un chiffre d'affaires à l'export d'au moins 600 millions d'euros dans les dix prochaines années". Et le groupe de chiffrer à l'époque le marché des drones tactiques à environ 4,5 milliards d'euros dans les dix ans à venir. Ce qui laisse aujourd'hui un espoir à Thales UK à l'export. Notamment en France ?

Mais Paris entend lier l'achat de drones Watchkeeper à une commande britannique portant sur des véhicules blindés à roue (VBCI) fabriqués par Nexter. Bref, une nouvelle stratégie basée sur du donnant-donnant entre Paris et Londres qui complique le dossier Watchkeeper... même si  l'armée de terre française est prête à accueillir rapidement ce système.

Michel Cabirol

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Commentaires 3
à écrit le 09/03/2014 à 18:47
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J'espère que Thales ne va pas nous faire un remake de "drone de drame". Depuis quelques années on a un peu trop vendu la peau de l'ours avant ... Alors prudence et circonspection s'impose ... il est n'est-il pas ?

à écrit le 08/03/2014 à 11:09
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Au moins un pays européen a réussi à faire sortir quelque chose, même si il est vrais que une grande partis de cette machine et d'origine israélien..... La France et l'Allemagne on perdu encore quelque année à sortir un projet commun... EADS a été po...

à écrit le 06/03/2014 à 13:53
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le drone est d'origine israélienne

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