Et Nexter trouva enfin une fiancée européenne

Le groupe public détenu à 100 % par l'Etat et l'allemand Krauss-Maffei Wegmann ont annoncé leurs fiançailles ce mardi. Ils vont créer le numéro un européen du secteur de l'armement terrestre.
Michel Cabirol
Les chars Leclerc et Leopard bientôt réunis sous le toit d'une société commune franco-allemande

Pour une surprise, c'est une surprise ! L'Etat a enfin tordu le cou à un vieux serpent de mer qui courait depuis près de dix ans environ dans l'industrie de l'armement terrestre, une alliance européenne pour Nexter. A quelques jours d'un quart de finale aux couteaux entre la France et l'Allemagne lors de la Coupe du Monde au Brésil, la société publique détenue à 100% par l'Etat et le groupe familial allemand Krauss-Maffei Wegmann (KMW) ont annoncé leurs fiançailles en vue de créer le leader européen de l'armement terrestre (devant BAE Systems sans ses filiales américaines).

Les deux groupes ont signé un "Head of Agreement" (HoA) non engageant ce mardi au ministère de la Défense en présence de Jean-Yves Le Drian. Ce document décrit notamment la gouvernance et les grands principes de la future société commune qui accueillera les actifs de Nexter (mais pas SNPE) et de KMW. Les deux PDG, Philippe Burtin (Nexter) et Frank Haun (KMW) sont, lors d'une période transitoire de trois à quatre ans, pressentis pour devenir les coprésidents du directoire de la future société commune, dont le siège social pourrait être situé aux Pays-Bas, en "terrain neutre". Enfin, la France a déjà semble-t-il l'assurance de la commission européenne de ne pas bloquer cette opération. "Nous avons la certitude qu'il n'y aura pas de blocage du fait de position dominante" de ce nouvel acteur, assure-t-on dans l'entourage du ministre.

Une première pierre à l'édifice

Cet accord, "une première pierre à l'édifice", conduira dans neuf mois, espère-t-on dans l'entourage du ministre de la Défense, à la création d'une société commune entre KMW et Nexter. Il y a eu une "volonté d'arriver à un schéma équilibré", explique-t-on au sein du ministère. Cette société sera détenue à parts égales par l'Etat français, via la holding de Nexter, Giat, et la famille Bode-Wegmann (38 actionnaires). L'Etat détiendra en outre une golden share pour protéger certaines activités stratégiques (système d'armes et activités munitionnaires) de Nexter.

Pour réaliser cette opération, l'Etat devra passer par une loi de privatisation de Nexter. Parallèlement, les négociateurs auront donc environ neuf mois pour se faire une idée précise de la situation des deux sociétés (phase de "due diligence"), voire définir une soulte pour parvenir au principe intangible du 50-50 (une condition suspensive à cet accord), et, enfin, achever la constitution de la nouvelle société. "On ne vend pas Nexter, on adosse Nexter", précise-t-on au sein du ministère, qui rappelle que les deux sociétés ont à peu près la même taille.

Un nouveau leader européen

Si les fiançailles sont consommées, les deux sociétés vont créer vers le mois d'avril un leader européen avec un chiffre d'affaires de l'ordre de 1,7 milliard d'euros (795 millions pour KMW et 787 millions pour Nexter en 2013). Devant Rheinmetall (1,5 milliard en 2013) mais derrière BAE Systems (3,5 milliards pour l'ensemble de ses activités y compris nord-américaines) et surtout le leader mondial, l'américain General Dynamics (6,1 milliards). "Nexter Systems et KMW, ensemble, seront plus forts, et deviendront même le premier acteur au niveau européen, le quatrième au niveau mondial", a assuré le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian.

Cette opération devrait permettre aux deux groupes de développer ds synergies de "quelques dizaines de millions d'euros", notamment en mettant en commun les achats et la Recherche & Développement (R&D). En outre, elle devrait permettre de proposer à l'exportation une gamme de produits plus cohérente et, surtout, éviter une guerre fratricide entre les deux groupes. "A la fin d'une compétition, il y avait souvent un mort et un grand blessé, souligne-t-on au ministère. Les deux groupes détermineront quel est le véhicule qui répond le mieux aux besoins du client". En attendant la société commune, Nexter et KMW ne se feront pas de cadeaux à l'export, notamment au Qatar et sur d'autres terrains de chasse.

Michel Cabirol

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 22
à écrit le 10/07/2014 à 17:05
Signaler
Comme annoncé depuis longtemps sur ce fil, le char Leclerc est vendu aux allemands. En deux partie peut-être, mais vendu. Il en va ainsi dans les accords qui verront Airbus divisé en deux parties l'une civile avec les avions pour la France et l'autre...

à écrit le 06/07/2014 à 16:40
Signaler
Bon cela n'est pas un mal pour notre industrie de l'armement que et au plus mal, la gestion de l'état pose vraiment de problème sur sou efficacité, NEXTER ne vent plus rien a l'exportation, soit nous fabriquons de très mauvais matériel, ou les grand ...

à écrit le 02/07/2014 à 14:35
Signaler
Le fabricant du leclerc et du léopard faisant cause ensemble

à écrit le 02/07/2014 à 12:04
Signaler
Ca c'est plutôt une bonne nouvelle pour le contribuable : NEXTER est public et gagne très peu ou pas d'argent.

le 02/07/2014 à 16:00
Signaler
Comme d'habitude, vous êtes à côté de la plaque. Nexter gagne de l'argent depuis plusieurs années...

à écrit le 02/07/2014 à 11:27
Signaler
Donc une Famille Allemande va détenir 50% de l'industrie de l'armement terrestre (munitions, artilleries, blindés). De plus, nos fournisseurs et sous traitants Français ont du souci à se faire car les châssis, les moteurs et les caisses des blindés o...

le 10/07/2014 à 17:09
Signaler
Le char Leclec devient allemand et le sera à 100%. Mais il faut dire qu'il ne sert plus à grand chose avec l'avancée des drônes. L'idée est de vendre des chars massivement aux pays moins évolués pendant qu'ils en veulent encore. Par ailleurs les alle...

à écrit le 02/07/2014 à 8:57
Signaler
il était étonnant de ne pas avoir eu droit à des déclarations fracassantes de notre ministre montebourg pour le succès de cette création d'un "airbus" de l'armement terrestre. En fait il s'agit d'une privatisation : on comprend mieux le silence gêné...

à écrit le 02/07/2014 à 8:55
Signaler
enfin une bonne nouvelle à priori. Les nations d'Europe doivent unir leurs moyens pour créer des champions de la défense et peser face aux USA, comme elles ont su le faire dans le passé avec Ariane et Airbus, avant que ces deux bijoux ne deviennent é...

le 02/07/2014 à 9:06
Signaler
Comme je ne laisserai pas un barbier me raser si nous sommes fâchés, je n'abandonnerai pas mes industries stratégiques à l'étranger ou au secteur privé, assurant ainsi mon indépendance en toute circonstance...

à écrit le 02/07/2014 à 8:25
Signaler
Ne vendons pas la peau de l'ours, avant de l'avoir abattu. C'est en fait c'est une mission de recherche. Etant la nature très différente des 2 groupes, il n'est guère certain qu'un regroupement se fasse vraiment.

à écrit le 02/07/2014 à 2:09
Signaler
Et une entreprise française en moins, une !

le 02/07/2014 à 14:15
Signaler
A une entreprise française peu rentable et de taille trop modeste, je préfère une entreprise européenne plus compétitive. D'autant que l'accord capitalistique préserve les intérêts de l'Etat français

le 02/07/2014 à 21:51
Signaler
Mais bien sur, c'est vrai qu'il n'y avait pas d'autre société en France comme RTD/Panhard pour assurer une consolidation efficace du secteur avant d'attaquer efficacement le marché européen, une taille critique et une vraie complémentarité des gammes...

à écrit le 02/07/2014 à 0:50
Signaler
Donc le prochain char de bataille sera franco-allemand.

à écrit le 02/07/2014 à 0:09
Signaler
Enfin quelqu'un là-haut a fini par comprendre. Espérons qu'il y aura des suites. Aussi pour info l'Europe c'est pas seulement l'Allemagne. Il y a aujourd'hui 28 pays dans l'EU où nous pouvons trouver des partenaires pour nos entreprises.

à écrit le 01/07/2014 à 19:54
Signaler
Quand l'Allemagne fait nos affaires alors elle devient un pays frère, bienveillante sur la construction européenne et patati patata. Il ne suffit de demander pour qu'on serre la ceinture et elle devient notre ennemie publique No. 1. Quand on arrêtera...

à écrit le 01/07/2014 à 19:23
Signaler
Excellente nouvelle si elle se concrétise ! Mais après avoir consolidé son industrie de défense, il faudrait que l'Europe se demande si c'est très intelligent d'entretenir 28 armées, avec 28 administrations et 28 acheteurs, qui toutes prises indivi...

à écrit le 01/07/2014 à 19:15
Signaler
voilà une bonne nouvelle dans le cadre d'une Industrie européenne on peut par contre être remonté de voir une nouvelle fois un siège positionné en Hollande, un pays qui accueille de la matière financière sans débourser un euro. La fiscalité hollandai...

le 01/07/2014 à 19:59
Signaler
Au sujet des Pays-Bas et de leur régime fiscal : Tout cela peut changer très vite. Auriez vous cru il y a 10 ans que les pays de l'OCDE allaient forcer la main des paradis fiscaux pour leur faire abandonner le secret bancaire ?

à écrit le 01/07/2014 à 19:13
Signaler
Il faudrait quantités de constitutions de Groupes de ce Type en Europe, pour etre fort sur tous les marchés du monde, mutualiser et décupler les budgets de recherches dispersés, produire mieux et moins cher gràce à de grandes séries.

le 01/07/2014 à 22:48
Signaler
Je ne pense pas qu'on puisse aller beaucoup plus vite que ce qui a etait fait en 70 ans. Surtout en cette periode de scepticisme. Chaque chose en son temps.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.