Ariane 6 sera-t-il le nouveau projet de lanceur consensuel de l'Europe ?

L'Agence spatiale européenne et les industriels de la filière spatiale sont parvenus à trouver une convergence sur la définition du futur lanceur européen. Aux États maintenant de décider ce que sera le futur lanceur de l'Europe.
Michel Cabirol
L'Agence spatiale européenne et les industriels ont convergé vers une nouvelle Ariane 6

La nouvelle Ariane 6 est maintenant entre les mains des ministres de la Recherche. Très clairement entre les mains des politiques. Mercredi, une réunion préparatoire à l'Agence spatiale européenne (ESA) a permis d'établir un document sur le futur lanceur européen qui sera présenté aux ministres européens membres de l'ESA lors d'un conseil ministériel le 2 décembre à Luxembourg. Une réunion informelle des ministres de l'ESA se tiendra le 23 septembre pour préparer ce conseil.

Le projet d'Ariane 6, un lanceur qui pourrait être décliné au moins en trois version, "est un lanceur extrêmement simple avec un caractère modulaire, un peu comme l'était Ariane 4", conçu au début des années 1980, a décrit ce jeudi le président du CNES, Jean-Yves Le Gall, lors d'une conférence de presse sur les projets du CNES. "Ce sera un lanceur avec beaucoup de simplicité et une capacité d'emport de grande dynamique, en gros entre 5 tonnes et 10 tonnes", a-t-il expliqué. Une proposition, a-t-il précisé, sensiblement différente et surtout plus économique que celle adressée le 18 juin à l'ESA par Airbus Space Systems et Safran.

Tenir dans l'enveloppe de 8 milliards d'euros

Car selon Jean-Yves Le Gall, "Il faudra entrer dans une enveloppe budgétaire de l'ordre de 8 milliards d'euros pour les lanceurs sur les dix ans qui viennent". Dont 4 milliards pour le développement du futur lanceur. "Ce qui fera la différence, ce sera le budget disponible. Aujourd'hui, on a toujours tendance à vouloir tout faire mais on n'en a pas forcément les moyens", a-t-il estimé. Cette enveloppe financière de 8 milliards implique forcément des choix. Faut-il ou pas développer Ariane 5 ME, un lanceur intermédiaire ? A l'évidence, la France ne le souhaite pas contrairement à l'Allemagne. "L'avenir de l'Ariane 5ME n'est pas tranché. Ce dossier est en train d'être instruit par les états membres, a toutefois précisé Jean-Yves Le Gall. Il y aura des compromis à faire. In fine, la décision reviendra aux ministres".

"Si on devait aller vers une évolution intermédiaire, dite Ariane 5ME, cela ne doit pas retarder la mise en œuvre d'Ariane 6", a considéré de son côté le patron d'Arianespace. Pour Stéphane Israël, tout dépendra en fait de l'arrivée d'Ariane 64, la version la plus lourde, sur le marché commercial. Si effectivement, ce lanceur arrive en 2020 ou 2021, l'Europe n'a pas besoin d'Ariane 5 ME. Après cette période, Arianespace aura besoin de cette solution transitoire pour assurer la soudure entre Ariane 5 ECA et Ariane 6.

Un premier lancement en 2020

"Nous visons un premier lancement d'Ariane 6 en 2020", a confirmé Jean-Yves Le Gall. Il faut que l'Europe spatiale "se décide très vite", selon lui, en raison de la très vive compétition de l'Américain SpaceX, qui pourrait concurrencer à terme Arianespace sur le lancement des satellites les plus lourds avec le développement de Facon Heavy. Enfin, condition sine qua non pour les industriels, le développement d'Ariane 6 doit coïncider avec une réforme profonde de la gouvernance de la filière lanceur. Sans cette restructuration, l'industrie ne lâchera pas Ariane 5 ME.

"L'organisation industrielle et institutionnelle sera simplifiée, l'objectif étant de réduire les coûts", a assuré Jean-Yves Le Gall. Une rationalisation industrielle qui permettra de réduire le coût de lancement. "Nous sommes sur une version d'Ariane 6 avec deux boosters, autour de 65 millions d'euros le lancement, et une version avec 4 boosters plutôt vers 85 millions d'euros", a-t-il souligné. Soit un lancement pour un opérateur de l'ordre de 60 millions de dollars. "Le coût au kilo emporté se situera aux alentours de 10.000 euros, à peu près deux fois moins qu'Ariane 5 aujourd'hui", a précisé le président du CNES. La précédente version d'Ariane 6 présentée par le CNES et retoquée ne permettait qu'une économie de 30 %. Cette réduction répond à la demande des opérateurs satellitaires, comme Eutelsat, qui s'est déjà porté candidat pour le premier vol d'Ariane 6.

Michel Cabirol

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 2
à écrit le 20/09/2014 à 7:27
Signaler
il est surtout urgent que l'Europe soit totalement indépendante et que les programmes ne soient pas à la merci des aléas de la politique étrangère.

à écrit le 19/09/2014 à 10:16
Signaler
Ariane 6 n'est elle pas un lanceur trop puissant a l'heure ou le poids des satellites est en forte baisse avec l'adoption de la propulsion électrique. Ne vaut il pas mieux créer un lanceur intermédiaire pour combler le trou entre le lanceur Véga e...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.