En attendant la lune de miel, Paris et Londres se fiancent dans l'aviation de combat

Paris et Londres ont donné le coup d'envoi à des études industrielles pour un futur drone aérien de combat franco-britannique à l'horizon 2030. Dassault Aviation et BAE Systems vont coopérer sur ce projet qualifié "d'historique".
Michel Cabirol
Images de synthèse du concept SCAF (Système de Combat Aérien Futur).

Pour une fois, ne boudons pas le plaisir d'une coopération européenne dans le domaine de la défense a fortiori franco-britannique. De voir la France et la Grande-Bretagne, et plus précisément BAE Systems et Dassault Aviation, travailler ensemble sur ce que pourra être l'aviation de combat du futur a été qualifié "d'historique" par plusieurs hauts responsables franco-britanniques à l'occasion mercredi d'une cérémonie célébrant la remise du contrat aux deux avionneurs dans le cadre des traités militaires de Lancaster House, conclus entre les deux pays en 2010.

"Nous sommes dans une situation qu'on aurait qualifiée de quasi-miraculeuse il y a quelques années : on a réuni six immenses industriels français et britanniques autour d'un même projet", a rappelé le Délégué général pour l'armement (DGA) Laurent Collet-Billon, qui a beaucoup mouillé sa chemise pour la réussite de cette coopération. Outre BAE Systems et Dassault Aviation, font partie de l'équipe historique les deux motoristes Snecma et Rolls-Royce, et les deux électroniciens Thales et Selex UK. "Aujourd'hui, la France et la Grande-Bretagne décident de préparer ensemble l'avenir de leur aéronautique de combat", a assuré le PDG de Dassault Aviation, Eric Trappier. Ce contrat représente "une étape importante pour les deux pays et pour les deux industriels",  a confirmé le patron de BAE Systems, Ian King.

Mais il convient de rester mesuré. Car ce contrat de 150 millions d'euros portant sur une étude conjointe de faisabilité du Système de combat aérien futur (SCAF) ne court que sur deux ans. Après, advienne ce qui pourra... D'ailleurs, le patron de l'armement du ministère britannique de la Défense, Bernard Gray, a fait preuve d'honnêteté en expliquant que "nous devons comprendre où va nous emmener cette coopération et les technologies qui vont émerger. Nous allons évaluer la situation au fur et à mesure".

 Deux ans, c'est court !

Deux ans, c'est à la fois long et court pour les deux seuls avionneurs européens à avoir gardé des compétences dans la maîtrise d'œuvre d'un avion de combat, même si BAE Systems doit aussi se reposer aujourd'hui sur certaines expertises américaines. Ce qui n'est pas encore le cas pour Dassault Aviation qui développe et fabrique le Rafale en franco-français. Les six industriels ont deux ans pour apprendre à travailler ensemble et pourquoi pas réaliser un démonstrateur opérationnel d'un drone de combat qui pourrait être prêt début 2017. C'est donc très court. Car comme l'a rappelé Laurent Collet-Billon, "le programme est chargé". Mais, a assuré le patron de BAE Systems, Ian King, "nous relevons le défi".

Cette étude portera "plus particulièrement sur les architectures de drones de combat, sur certaines technologies clés et sur la définition des moyens de simulation destinés à valider les choix techniques et les concepts d'emplois", selon la direction générale de l'armement (DGA). Plus précisément des technologies clés en termes de furtivité, d'aérodynamique, de liaisons de données sécurisées ou d'emport d'armement en soute. "Nous allons développer des compétences et des technologies innovantes de premier plan que peu de pays maîtrisent aujourd'hui", a assuré le Délégué général.

Prochaine étape, un démonstrateur ?

A l'issue de cette étude, "des travaux pourraient débuter pour développer un démonstrateur technologique d'UCAS (Unmanned Combat Air System, drone de combat aérien, ndlr) à même de répondre aux futurs besoins militaires des deux nations", a indiqué pour sa part Dassault Aviation. Pour faire simple, ce projet de démonstrateur préfigure de ce que sera l'aviation du combat européenne en terme de capacité et sur le plan industriel après le Rafale et l'Eurofighter. Soit après 2030/2035. En tout cas, Paris considère que cette coopération est "stratégique et doit s'inscrire sur le long terme", assure Laurent Collet-Billon.

Ce projet d'UCAS doit déjà faire l'objet d'un "nouveau round de négociations" entre BAE Systems et Dassault Aviation, a rappelé Eric Trappier. Car "cette phase de faisabilité, cette première pierre, n'a de sens que si elle la première étape d'un processus qui doit nous conduire au lancement d'un programme". Soit ce fameux démonstrateur d'UCAS commun franco-britannique. Un programme qui sera peut-être le début de la dépendance mutuelle entre la France et la Grande-Bretagne en matière d'aviation de combat. Ce qui serait un changement de doctrine pour la France. Pour l'heure, les deux pays ont toutefois convenu d'investir séparément 50 millions d'euros chacun sur ce projet.

Quid du Neuron et du Taranis ?

Dassault et BAE Systems ont déjà développé séparément un démonstrateur de drone de combat, Neuron et Taranis. Le Neuron est un démonstrateur servant à tester et développer des technologies qui pourraient servir un jour à un avion de combat sans pilote qui équiperait les forces aériennes européennes à l'horizon 2030. Le programme Neuron associe la France, l'Italie, la Suède, l'Espagne, la Grèce et la Suisse. Sous la maîtrise d'œuvre de Dassault Aviation, le programme a été construit "pour fédérer les compétences et les savoir-faire" d'Alenia Aermacchi (Italie), Saab (Suède), EADS-Casa (Espagne), HAI (Grèce), Ruag (Suisse) et Thales (France). De son côté, BAE Systems a développé le Taranis, avec Rolls Royce, GE Aviation et QinetiQ.

Quid des partenariats noués avec des industriels européens dans le cadre de ces programmes ? Neuron a une vie "parallèle", explique Laurent Collet-Billon. Le contrat tel qu'il a été signé entre la France et la Grande-Bretagne concerne Dassault Aviation et BAE Systems et leurs principaux fournisseurs. Pas plus. "C'est une autre aventure", précise-t-il. Mais la suite de l'histoire "reste à déterminer" et est "ouverte aux partenariats". "Nous industriels, si les États se mettent d'accord sur des partenariats, on sait faire", a estimé Eric Trappier. La preuve, le Neuron !

Michel Cabirol

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Commentaires 33
à écrit le 17/11/2014 à 14:41
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et un future coups de poignard de anglo saxon sur .

à écrit le 14/11/2014 à 18:47
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Faire confiance aux sinistres rosbifs,il faut oser avec le royaume désuni prêt à toutes les bassesses et trahisons pour parvenir à ses fins,il faut être réaliste et pas naïf,malheureusement...........

à écrit le 08/11/2014 à 13:27
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Les Allemand, via le SPD, mettent en péril certains contrats franco-allemands en refusant des licences d'exportation pour la France afin de caresser dans le sens du poil les verts, gauchistes qui militent pour une Allemagne sans amles...

à écrit le 08/11/2014 à 12:54
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Et les Allemands , comme d' habitude ils brillent par leur absence . Peut être viendront ils une fois le projet abouti et Merkel demandera ses 40% de parts .

à écrit le 08/11/2014 à 11:12
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Il a existé une cooperation aéronautique entre la France et la l'Angleterre .Ce fut le Juguar avion d'appuie tactique au sol pour l'armée de terre et qui eu une belle carriere

le 08/11/2014 à 11:51
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Jusqu'à ce que les perfides d'Albion ont tiré le tapis pour les français et ont acheté l'Eurofighter au détriment du Rafale.

à écrit le 08/11/2014 à 8:12
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une fois le développement bien avancé il retireront leur billes comme les sous marins ou le porte avion le tout pour voler les brevets et les donnes au us

le 08/11/2014 à 9:14
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C'est aussi mon avis, d'ailleurs dans ce genre de coopération il y a toujours un renard et un pigeon, je vous laisse deviner qui est qui.

à écrit le 07/11/2014 à 17:36
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Pour mieux comprendre la cohérence journalistique de La Tribune, je vous suggère de lire cet article ici : www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/20141027tribc00a8093f/defense-quand-la-grande-bretagne-sacrifie-presque-tou...

le 07/11/2014 à 18:35
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Il est utile de rappeler le "presque toujours" dans le titre. La coopération a toujours était de mise entre les Etats Européens, pour faire face aux autres pays, qui eux ont des budgets plus conséquents. Ou qu'ils ne réduisent pas...

le 07/11/2014 à 19:02
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… n'importe quoi.

le 09/11/2014 à 8:12
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Pour mieux comprendre la cohérence de "l'un des Dupond", je lui suggère d'apprendre à mieux lire et non à survoler. L'article sur drones de combat reste très prudent sur la suite de cette coopération à l'issue des deux ans...

à écrit le 07/11/2014 à 14:25
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Attention de ne pas être encore le dindon de cette histoire, la GB est est un pays spécialiste de ce type d'aventure communes.....

le 07/11/2014 à 14:37
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La GB reste la perfide Albion de toujours, faut-il encore le rappeler ?

à écrit le 07/11/2014 à 14:21
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Super il va falloir se créer à nouveau des ennemies que l'on bombardera ou titillera , ensuite on dira "le monde libre est menacé" et on les appellera terroristes pour leurs faire la guerre un peu comme au Mali (Quand on favorise une population plu...

à écrit le 07/11/2014 à 14:18
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La belle-mère de la voisine d'un collègue de travail a déclaré que le Congrès des Etats-Unis a une nouvelle fois appelé l'OTAN à racheter les Mistral assemblés pour la Russie ou à les prendre en bail. Si les imbéciles de l'OTAN réussissent à forcer...

le 07/11/2014 à 16:12
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Merci pour la bonne nouvelle, Alain, alors je vous en redonne le retour (en scoop) : l'OTAN vient de faire une superbe offre à l'Elysée pour l'achat des deux BPC qui devraient être livrés à la Russie !

le 07/11/2014 à 18:09
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@ chich ≠ et ça s'élève à combien ?

à écrit le 07/11/2014 à 13:09
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bis....

à écrit le 07/11/2014 à 12:08
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Les british, euh pardon, les anglo-saxons sont en train de leurrer les français encore une fois.

à écrit le 07/11/2014 à 11:29
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Enfin on admet la possibilité d'avoir des drones armés dans notre panoplie. Si les réticences de l'état major français n'avait pas "pollué" le développement de ce matériel, on aurait depuis longtemps pu mettre en oeuvre ces drones qui in fine nous fe...

à écrit le 07/11/2014 à 11:23
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Vous êtes dans le négativisme permanent. On a fait dans le passé de grandes choses avec nos voisins anglais. Faut continuer !

le 07/11/2014 à 11:59
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Ce n est pas sur l intérêt de l association qu il y a un doute, c est les modalités qu ont dus négocier nos génies qui inquiète.

le 07/11/2014 à 12:38
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Lesquelles???

le 08/11/2014 à 6:46
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Le concorde, le jaguar...avec les anglais le milan, le HOT, l'alphajet, le transall avec les allemands... Pour définir des projets et les tenir industriellement 2 c'est mieux qu'à 6 ou 8...

le 08/11/2014 à 17:22
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Bonjour Pour répondre à votre question : l'hélicoptère Lynx Cordialement

à écrit le 07/11/2014 à 11:08
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On aurait pu le développer seuls (le drone) mais on n'a plus d'argent. Par contre il ne faut jamais oublier que les anglais cèdent souvent aux sirènes d'outre atlantique et là ce n'est pas gagné. Souvenons nous de l'argent dépensé en pure perte pour ...

à écrit le 07/11/2014 à 10:52
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Le drone substitue des chasseurs !A l'heure actuelle le drone accomplit des taches de surveillance d'espionnage et d'attaque comme le ferraient les chasseurs .A la difference prêt que l'heure de vol d'un drone est nettement moins chere que l'heure d...

à écrit le 07/11/2014 à 9:51
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Les anglais...faire des choses avec eux...on est maso ?

le 07/11/2014 à 11:02
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pa maso non! on est comme tjs en train de croire que tout est bien dans le meilleur des monde! On rêve quoi. C'est ça la France, tjs en train de croire au pere noel

à écrit le 07/11/2014 à 9:33
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Une association avec les anglais, ont va s'en mordre les doigts..... comme d'habitude

à écrit le 07/11/2014 à 9:08
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Il faudrait se souvenir avant de faire cocorico de la mésaventure du porte avion Franco anglais, initié par Chirac. Les besoins des anglais était un pont d'envol dont le bout de piste devait être relevé pour les futurs JSF 35 a décollage vertical con...

le 07/11/2014 à 9:51
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On peut aussi parler de l'eurofighter vs. rafale. Les alliances ont du sens lorsque les partenaires ont un but commun, par ex. les alliances avec l'Italie marchent bien. Mais il n'y a rien à faire: notre "élite" veut faire des partenariats avec l...

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