L'Asie du Sud-Est, le filon prodigieux d'ATR

Décidément, le patron de Lion Group ne fait vraiment jamais les choses à moitié. Adepte des méga-commandes (230 Boeing 737 puis 235 Airbus A320), Rusdi Kirana a annoncé cette fois-ci une commande plus modeste mais qui porte sur 40 ATR-600 pour 1 milliard de dollars.
Wings, l'une des filiales du Lion Group, vole déjà avec des turbopropulseurs régionaux ATR

Pour ATR, l'Asie du Sud-Est est un eldorado, dont le filon ne se tarit pas. Avec la nouvelle et très belle commande de la compagnie indonésienne Lion Air (40 ATR 72-600 pour un montant de 800 millions d'euros) annoncée ce jeudi à Rome en présence du Premier ministre italien Matteo Renzi, le constructeur franco-italien de turbopropulseurs, détenu à parité par Airbus Group et l'italien Finmeccanica, confirme sa place de leader en Asie du Sud-Est. L'avionneur y détient une part de marché de plus de 90 % en termes de prises de commandes ces cinq dernières années.

Un fait résume à lui seul l'incroyable "success story" d'ATR en Asie du Sud-Est. Cette région est depuis cet été, celle qui a le plus d'appareils d'ATR en service. Y compris devant l'Europe, pourtant berceau d'ATR. Plus de 300 appareils de l'avionneur basé à Toulouse, sont actuellement en exploitation en Asie du Sud-Est. Sur les 155 commandes réalisées en 2014, l'Asie du Sud-Est a représenté un peu plus de la moitié des ventes d'ATR, qui détient encore dans son carnet une centaine d'appareils en commande.

Pourquoi un tel succès en Asie du Sud-Est ? Lion Group mais aussi Bangkok Airways et Myanmar Airways se sont offerts cette année des appareils "parfaitement adaptés au marché des vols court-courriers en Asie du Sud-Est et aux pistes courtes de certains aéroports" de la région, a analysé le président exécutif d'ATR, Patrick de Castelbajac. La région Asie-Pacifique représente effectivement près de 40 % des ventes d'appareils de la série ATR-600.

Lion Air, le client le plus important d'ATR

Avec cette nouvelle commande signée en mars dernier mais officialisée finalement que jeudi, Lion Air, qui a reçu son premier ATR en janvier 2010, est redevenu le plus gros client du constructeur franco-italien. En peu de temps, la compagnie de l'emblématique Rusdi Kirana, toujours interdite de voler en Europe, a acheté 100 ATR de dernière génération. "Un tournant dans l'histoire du constructeur", a même estimé le patron d'ATR dans un communiqué publié ce jeudi. Trois compagnies aérienne filiales de Lion Group exploitent actuellement 43 ATR : Wings Air en Indonésie (32 appareils), Malindo Air en Malaisie (10) et Thai Lion Air en Thaïlande avec 1 appareil. ATR a donc encore dans son carnet de commandes 57 appareils pour Lion Group.

Destinés à répondre aux prévisions de croissance de leurs réseaux pour les cinq prochaines années, ces 40 nouveaux ATR 72-600 permettront également de développer de nouvelles opportunités en Asie et sur les marchés émergents de la planète. Les livraisons de ces modèles commenceront en 2017 et se prolongeront jusqu'en 2019. "Ces appareils modernes et économes en carburant permettront de répondre à la croissance des compagnies aériennes de Lion Group, s'est réjoui le président de Lion Group, Rusdi Kirana. Fort d'une productivité unique en service, l'ATR 72-600 garantit des performances économiques remarquables".

Record battu ?

A un mois de la fin d'année, ATR va-t-il battre le record de 157 appareils en 2011 ? Cela parait largement dans ses cordes. D'autant que Patrick de Castelbajac dispose déjà de 155 commandes fermes. "Notre objectif est de battre le record de commandes de 157 appareils vendus en 2011", avait-il affirmé en septembre dans une interview accordée à La Tribune. Au salon de Farnborough en juillet, ATR avait déjà 144 appareils comptabilisés, dont la commande de Lion Group.

L'avionneur ne flirtera pas avec la barre mythique des 200 appareils commandés en 2014. "Il faut prendre conscience que nous signons beaucoup plus de contrats d'un ou deux avions que des contrats de 25 avions, avait-il expliqué en septembre dernier. Pour passer de 144 à 200, il faudrait obtenir plusieurs grosses commandes. Je ne pense pas que nous y arriverons. Ce n'est pas non plus un objectif pour nous. Nous souhaitons avant tout continuer à répondre à la demande et à y répondre bien. Nous ne sommes pas dans une course aux records. Nous ne vendrons pas à tout prix".

En 2014, le chiffre d'affaires d'ATR devrait s'élever à 1,8 milliard de dollars. "Les livraisons vont augmenter et mécaniquement le chiffre d'affaires aussi. Nous espérons atteindre 1,8 milliard de dollars. Nous sommes raisonnablement confiants pour atteindre l'objectif de 2 milliards en 2015".

Sur le 20 ans à venir, ATR pourrait vendre 1.700 avions

Sur une période de 20 ans, ATR espère vendre 1.700 appareils sur un marché estimé à 5.000 avions régionaux (jets et turbopropulseurs). "Toutefois, le succès d'ATR dépendra de sa faculté à prendre les bonnes décisions sur les prochaines évolutions technologiques dans les dix ans à venir", avait prévenu Patrick de Castelbajac. ATR détient une part de marché sur les avions régionaux comprise autour de 40 %. Sur le segment des turbopropulseurs, l'avionneur franco-italien a aujourd'hui plus à 80 % de parts de marché. "Cela me paraît élevé et je ne doute pas que le jeu de l'offre et la demande entraînera un léger rééquilibrage", avait-il affirmé.

Du coup, ATR, qui prépare plusieurs projets dont des ATR NEO, n'entend donc pas se reposer sur ses lauriers. Alors que la série -600 a été certifiée il y a trois ans à peine, elle évolue déjà. Après le lancement d'une nouvelle version de son moteur en juin dernier, le PW127N (4,5 % plus puissant que le PW127M), il a récemment annoncé la certification d'une nouvelle avionique.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 4
à écrit le 28/11/2014 à 22:16
Signaler
Une très bonne nouvelle. Cela fait du bien par les temps qui courent.

à écrit le 28/11/2014 à 14:26
Signaler
ATR , une très belle réussite franco-italienne :)

à écrit le 28/11/2014 à 14:14
Signaler
Un article sur le Rafale ou les drones? des dizaines de commentaires. Un article sur le succès d'ATR? aucun... :-p

à écrit le 28/11/2014 à 14:09
Signaler
Le court courrier en Asie a de l'avenir, car pour faire un trajet de 400km, il faut souvent 10 bonnes heures par la route. Construire des autoroutes y coute très cher, car bien souvent c'est surpeuplé ou bien avec beaucoup de reliefs (ex du Vietnam, ...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.