MBDA : une année commerciale record en 2014 sous le signe de l'Union Jack

MBDA va-t-il à nouveau battre son record de commandes en 2014 ? C'est possible car le missilier, tout comme en 2013, a réalisé 4 milliards d'euros de prises de commandes, dont une majeure en Arabie Saoudite (contrat Meteor).
Michel Cabirol
Premier contrat export pour le missile air-air Meteor développé par le missilier MBDA en Arabie Saoudite en 2014

Bis repetita pour MBDA au niveau commercial. Après avoir réussi une belle année en 2013 (4 milliards d'euros, dont 2,2 milliards à l'export), le missilier européen a réédité l'année dernière sa performance commerciale. Et ce en dépit de quelques déceptions de prises de commandes attendues en 2014. Selon plusieurs sources concordantes, MBDA a toutefois réussi à engranger environ 4 milliards d'euros de commandes, dont un peu plus de 2 milliards à l'export. Des commandes qui concernent essentiellement des missiles de fabrication britannique.

En tout cas, cette performance va à nouveau ravir le PDG de MBDA, Antoine Bouvier, qui avait fixé pour 2013 un objectif à ses troupes commerciales d'avoir un ratio chiffre d'affaires, prises de commandes (le fameux book to bill) supérieur à 1. Et bingo, le groupe y parvient deux années consécutives alors que le carnet de commandes déclinait inexorablement depuis 2009. Il était même passé en 2012 pour la première fois depuis la création de MBDA en 2001 sous la barre symbolique des 10 milliards d'euros (9,8 milliards). En 2009, le carnet s'élevait à 12 milliards, déjà en net retrait par rapport à 2003 (14,8 milliards).

Seule ombre au tableau, le chiffre d'affaires de MBDA devrait être à la baisse en raison des efforts consentis (réduction des livraisons négociée avec la direction générale de l'armement) par Antoine Bouvier en vue de préserver l'avenir avec le développement de nouveaux programmes : Missile terrestre de nouvelle génération (MMP), Anti Navire Léger (ANL), CAMM, un missile britannique qui répondra aux besoins futurs des marines, forces terrestres et forces aériennes en matière de défense anti-aérienne.

Arabie saoudite : un contrat Meteor qui fait du bien

Longtemps, les équipes du patron de l'export Jean-Luc Lamothe se sont rongées les ongles, attendant la mise en vigueur d'un contrat qui fait passer l'année du bon côté ou pas. Ce ne donc sera ni T-Loramids (Air Defence en Turquie), estimé à 3 à 4 milliards d'euros, ni le programme polonais Wisla (environ 4 milliards), ni un contrat export Rafale avec la panoplie de missiles MBDA, ni bien sûr SRSAM (Air Defence en Inde), un programme en perdition... Selon des sources concordantes, la bonne surprise est venue en fin d'année d'Arabie Saoudite, qui a équipé ses Eurofighter fournis par BAE Systems de missiles air-air Meteor, un contrat estimé à un plus de 1 milliard d'euros. C'est d'ailleurs le premier contrat export du Meteor.

Une nouvelle fois l'Arabie Saoudite est venue sauver l'année commerciale de MBDA. En 2013, le missilier y avait gagné cinq contrats, selon nos informations. Notamment BAE Systems avait choisi le missilier européen pour fournir à l'armée de l'air saoudienne le missile air-sol britannique le Dual-Mode Brimstone. En outre, il équipera l'armée de l'air saoudienne un lot supplémentaire de missiles de croisière Storm Shadow. Soit environ une commande évaluée pour MBDA à 500 millions d'euros.

Enfin un contrat en Inde

Outre l'Arabie saoudite, MBDA a enfin obtenu en Inde en début d'année un contrat attendu pendant très longtemps. New Delhi a mis en vigueur un contrat estimé à 428 millions de dollars en vue d'équiper les vieux Jaguar de l'armée de l'air indienne de missiles britanniques air-air de courte portée Asraam. Outre le SR-SAM (Short Range Surface to Air Missile), un missile sol-air de nouvelle génération co-développé et coproduit en Inde avec Bharat Dynamics Limited, le missilier a plus d'une trentaine de campagnes en cours actuellement en Inde dont celles concernant MMRCA (Scalp, Meteor...).

Enfin, MBDA a obtenu plusieurs autres contrats de taille plus modeste. Notamment deux  nouvelles commandes pour le missile britannique surface-air Sea Ceptor à la marine brésilienne et néo-zélandaise après la Grande-Bretagne. MBDA a également vendu ses installations de tir (50 millions d'euros environ) sur les quatre corvettes vendues par DCNS à l'Égypte. Enfin, le Chili et le Maroc ont passé des petites commandes en vue de compléter leurs armements.

Deux déceptions commerciales

Au rang des déceptions commerciales, il y a bien sûr le programme SR-SAM en Inde, qui semble en mauvaise posture pour MBDA alors que cela fait trois ans que les négociations sont pourtant terminées, depuis décembre 2011. Mais le nouveau gouvernement indien pourrait annuler le programme SRSAM (Short Range Surface to Air Missile) faute de trouver un financement. Ce missile sol-air de nouvelle génération devait être co-développé avec la DRDO (Defence Research and Development Organisation) et coproduit en Inde avec Bharat Dynamics Limited.

Par ailleurs, le missilier comptait beaucoup en France sur le programme AT4 CS, un programme de lance-roquette, destinés à la Marine et aux armées de Terre et de l'Air. Un matériel qui venait parfaitement compléter la trame missile-roquette de MBDA, selon la stratégie définie par Antoine Bouvier. Mais finalement, après avoir beaucoup pataugé, le missilier, associé à l'espagnol Instalaza a perdu face au suédois Saab, associé à Nexter. La première commande s'élève à 32 millions d'euros, mais le contrat, toutes options comprises jusqu'à 2024, pourrait monter jusqu'à 220 millions d'euros. En outre, Antoine Bouvier voulait avec ce contrat faire entrer l'Espagne dans la galaxie MBDA à travers Instalaza. Echec et mat...

Des commandes domestiques en demi-teinte

S'agissant des commandes nationales, MBDA a obtenu fin mars 2014 après quelques péripéties la signature de la phase de développement et de production du programme de missile FASGW(H)/ANL (Future Anti Surface Guided Weapon (Heavy)/Anti Navire Léger). Ce contrat d'un montant d'environ 600 millions d'euros est financé conjointement par la France et le Royaume-Uni. Cette nouvelle phase de travaux vient poursuivre les étapes de faisabilité et de conception financées conjointement par les deux nations depuis 2009.

En outre, le missilier a signé un contrat d'étude de près 50 millions d'euros (36 millions de livres) avec le ministère de la Défense britannique pour adapter le système CAMM à l'environnement terrestre. MBDA propose à l'armée de terre une variante, appelée Future Local Area Air Defence System (FLAADS Land). Enfin, le missilier a signé de très nombreux contrat de supports et de maintien en condition opérationnel avec les armées françaises, britanniques, italiennes et allemandes.

Michel Cabirol

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Commentaires 2
à écrit le 03/02/2015 à 12:43
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bravo JLL chapeau bas ha ha

à écrit le 03/02/2015 à 9:22
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A croire que vous n'étiez pas bien réveillé quand vous l'avez posté!

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