Aéronautique : la grande soufflerie S1 de Modane bientôt sauvée d'un effondrement

Le ministère de la Défense devrait très rapidement dégager des ressources financières d'urgence pour lancer le plan de rénovation destiné à la grande soufflerie S1 de Modane, qui menace de s'effondrer.
Michel Cabirol
"L'affaissement de la soufflerie S1 de Modane-Avrieux impliquerait une remise en état estimée à 300 millions d'euros ; s'il venait à s'effondrer, sa valeur à reconstruction est estimée à 700 millions d'euros", selon la députée PS de l'Indre, Isabelle Bruneau,

C'est une très bonne nouvelle pour l'aéronautique civile et militaire française. Une fois les modalités pratiques réglées notamment le montant précis de la facture, le ministère de la Défense se dit prêt à prendre très rapidement les mesures financières pour lancer un plan d'urgence de rénovation qui mettra à l'abri d'un effondrement la grande soufflerie S1 de Modane-Avrieux (S1MA) de l'ONERA, assure-t-on dans l'entourage du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian. Le président du centre de recherche aérospatiale français (ONERA), Bruno Sainjon, a d'ailleurs été reçu la semaine dernière au ministère. Des assurances lui ont été données en ce sens, selon la même source.

Il était temps car si le sol s'affaissait de cinq petits millimètres de plus sous la soufflerie S1, où sont apparues de nombreuses fissures inquiétantes, la France perdait un de ses bijoux technologiques, qui fait envie au monde entier. Selon la députée PS de l'Indre, Isabelle Bruneau, "l'affaissement du bâtiment impliquerait une remise en état estimée à 300 millions d'euros ; s'il venait à s'effondrer, sa valeur à reconstruction est estimée à 700 millions d'euros". Si le ministère a pris son temps avant de réagir, c'est qu'il voulait impliquer les industriels de l'aéronautique et la DGAC (direction générale de l'aviation civile), utilisateurs des souffleries. Mais ils se sont tour à tour défilés au grand dam de l'hôtel de Brienne.

Le 21 octobre dernier, interrogé par Isabelle Bruneau à l'Assemblée nationale sur les difficultés de la soufflerie S1, Jean-Yves Le Drian avait répondu qu'il était "très sensible au sort de l'ONERA, et notamment aux questions qui touchent à la soufflerie de Modane, dont je suis directement informé". Le 27 octobre, il s'est montré un peu plus précis en expliquant que "le ministère de la défense ne laissera pas tomber l'ONERA".

Environ 20 millions d'euros de travaux

Le montant des travaux de renforcement du sous-sol est estimé... à 20 millions d'euros. Le plan de rénovation élaboré par l'industriel Spie Fondations est déjà prêt. Pour éviter toute catastrophe, il faudrait que le chantier commence en mars ou avril. L'ONERA a déjà autofinancé 2 millions d'euros pour des travaux exploratoires et de premier renforcement, mais faute d'argent, l'ONERA ne peut pas payer ces travaux. D'autant que le centre de recherche devrait afficher en 2015 une perte inférieure à 4 millions d'euros, autour de 3,7 millions (contre 16 millions en 2014).

Cette aide d'urgence dédiée à la grande soufflerie S1MA n'exemptera pas pour autant l'ONERA de faire un gros travail de structuration de son fonctionnement et de sa stratégie. La nouvelle direction y travaille, notamment sur le contrat d'objectifs et de performance (COP), exigé par l'État. Il sera prêt en mars ou avril. Le plan stratégique scientifique (PSS) devrait être quant à lui prêt fin janvier. Une fois tout ce travail accompli, le ministère de la Défense prendra les décisions sur le rôle et les missions de l'ONERA à l'avenir. Ce travail de structuration permettra également d'engager le plan de soutien pour huit grandes souffleries (plan ATP) élaboré par la direction, dont le montant s'élève à 218 millions d'euros sur onze ans.

Michel Cabirol

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Commentaires 16
à écrit le 02/02/2016 à 10:05
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Avis aux commentateurs peu renseignés: les personnes qui travaillent à l'ONERA ne sont absolument pas fonctionnaires (c'est devenu un gros mot visiblement) mais des personnes qui ont un contrat de droit privé classique (CDI, CDD). L'ONERA touche en r...

à écrit le 20/01/2016 à 7:34
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Bertrand. Bah, non, Cher Bertrand, une soufflerie permet en reel sur un modele reduit a une echelle determinee de calculer les vrais parametres a la construction, considerant les effets sur des materiaux nouveaux, composites entre autre, aux contrai...

à écrit le 20/01/2016 à 5:54
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encore des millions qui ne serviront à rien : cela ne nous empêche pas de vendre des avions par milliers : alors en dehors que gaver les fonctionnaires, A QUOI CELA SERT-IL ???????????

le 20/01/2016 à 12:22
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"qui ne serviront à rien" Etes-vous certain de cette ânerie? Les souffleries françaises sont utiles à la France et à L'UE. Test moteurs Snecma, GE + Snecma (CFM, LEAP), Ariane, Airbus, Missiles MBDA, Chasseurs, certainement aussi le missile straté...

à écrit le 19/01/2016 à 20:07
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QUESTION: pourquoi doit ton attendre que le batiment soit presque une ruine, pour envisager des tabeaux???? il n'y a pas au ministére de la defence des spécialites de l'entretiens des batiments? le service du génis n'existe plus, ou le personnel est ...

le 20/01/2016 à 11:59
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Je pense par manque de moyens! Et peut-être une communication déplorable, il était pourtant simple d'annoncer: pas de panique, on surveille le problème, on ne laissera pas tomber cette perle unique en Europe, on financera les travaux au plus tard à t...

à écrit le 19/01/2016 à 18:29
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C'est un ENORME soulagement. Naturellement une déception, et honte, et affront, que l'Industrie qui en bénéficie, n'y contribue pas.

le 20/01/2016 à 5:55
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peut-être l'industrie n'en a-t-elle plus besoin ????

à écrit le 19/01/2016 à 14:02
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Le Ministère a fini par vous écouter Mr Cabirol donc bravo! On est content de trouver l'Etat pour prendre ses responsabilités. Le fait qu'un chantier de 20M$ de travaux spéciaux soit quasi attribué sans appel d'offres sent un peu le pâté (je n'ai pe...

le 19/01/2016 à 16:35
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Vous n'avez pas tout suivi en effet puisque des compagnies aériennes il n'en existe pas des dizaines en France. Sinon je pense que Dassault et les dizaine de milliards qu'il a couté à l'Etat se serait fait piquer la place par d'autres bien plus c...

à écrit le 19/01/2016 à 13:35
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C'est une bonne chose que le sujet soit pris en main. C'était bien tenté de vouloir impliquer les acteurs qui utilisent ces souffleries, dommage qu'ils n'aient pas jugé pertinent d'y prendre part. La DGAC aura donc beau jeu de continuer à critiquer l...

le 20/01/2016 à 5:57
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et quel intérêt pour les industriels ???????????

à écrit le 19/01/2016 à 13:33
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"les industriels de l'aéronautique et la DGAC (direction générale de l'aviation civile), utilisateurs des souffleries. Mais ils se sont tour à tour défilés au grand dam de l'hôtel de Brienne" Socialisation des pertes et individualisation des prof...

le 19/01/2016 à 14:34
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100% d'accord avec vous....

le 20/01/2016 à 6:03
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je crois comprendre que les souffleries de cet endroit sont obsolètes et les moyens informatiques y font face !!! je ne suis pas un spécialiste de ce type de matériel mais je suis convaincu que les industriels qui doivent d'abord regarder leurs com...

le 20/01/2016 à 9:25
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" il y a sûrement des raisons" Pourriez vous être plus pécis je vous prie ou bien dédouanez vous machinalement la responsabilité des tenants de l'économie sur la seule et unique déclaration de leur bonne foi ? Bonne foi qui comme on le consta...

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